Entre le taux de divorce toujours à la hausse, les amours siliconées des bronzés des téléréalités, la soft porn de certains vidéoclips, les amants en série de Hollywood et les histoires désabusées des trentenaires qui remplissent la télé, j’ai parfois mal à l’amour. Je peine à croire que le romantisme, l’amour avec un grand A, à la vie à la mort, sans limites ni frontières, existe encore.

Et pourtant, pourtant, j’ai aussi l’impression de rencontrer tous les jours, dans le contexte de mon travail, les derniers grands romantiques. Les ultimes résistants, ceux qui portent à bout de bras les mots, les accords, les idées qui poussent à croire que l’amour fou existe encore. Nos artistes sont probablement les derniers des Mohicans, les dignes descendants des Cyrano de Bergerac, des Paul Éluard, des Gaston Miron ou des Serge Gainsbourg qui savaient raconter avec élégance les grands sentiments. En écoutant la grandiose poésie de Pierre Lapointe, les «chansons-dentelle» de Philippe B, les élans purs de Coeur de pirate et même les cris désespérés d’Éric Lapointe, on se remet à croire que l’amour porte le monde. Qu’être amoureux nous donne des ailes, nous transforme en géants, en magiciens, en avaleurs de montagnes, en décrocheurs de lune.

Quand je lis les histoires ultraromantiques de Mathieu Simard ou les mots «rock à l’eau de rose» de Marie Hélène Poitras, quand je cours écouter pour une énième fois les hurlements d’amour et le foisonnement de mots du spectacle Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent, quand je plonge tête première dans l’amour absolu du film Café de Flore, de Jean-Marc Vallée, j’ai envie de crier à tous les vents que notre amour n’est pas blasé. Je ressens l’urgence de croire qu’il prend peut-être son temps au mois de janvier, mais qu’il survivra à la désillusion ambiante, qu’il traversera les périodes creuses et les chutes. Qu’il se relèvera toujours.

 

Merci à vous, amis musiciens, auteurs, cinéastes, metteurs en scène, pour votre soif intarissable d’absolu, pour vos appétits amoureux voraces. Merci de nous faire croire encore et encore que…

«… même si j’ai fait de ma vie dans un plongeon / une sorte de marais, une espèce de rage noire / si je fus cabotin, concasseur de désespoir / j’ai quand même idée farouche / de t’aimer pour ta pureté / de t’aimer pour une tendresse que je n’ai pas connue / dans les giboulées d’étoiles de mon ciel» (Gaston Miron, La marche à l’amour)

Carnet amoureux

  • À lire L’amour fou, d’André Breton. Ce livre a marqué mes années d’étudiante. Entre récits de rêves, photos et poèmes, André Breton relate sa rencontre avec la femme de sa vie.
  • À voir La guerre est déclarée, de Valérie Donzelli. Un conte à la fois réaliste et fantaisiste, un récit dur, mais, avant tout, une formidable histoire d’amour.
  • À écouter La chanson Down by the Water, de The Drums. Une ballade d’amour adolescent, vaporeuse et mélancolique, qui donne envie d’aimer sans concession ni retenue. La pièce Ooh, Belle, des Barr Brothers. Une splendide lettre d’amour folk, d’une douceur infinie. L’amour est un fantôme, de Philippe B. Une métaphore lyrique sur l’amour par -30 degrés. Big Jet Plane, d’Angus & Julia Stone. Pour nous donner le goût de partir à l’aventure sur un coup de tête, à deux!

 

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