Ça y est, c’est terminé entre lui et vous. Vos prises de bec répétées vous ont lassée. Ou il vous a trompée. Ou la vie vous a simplement éloignés l’un de l’autre. Peu importe la raison, vous avez mal. Rien de plus normal. «Une relation amoureuse constitue un engagement profond. On n’y met pas un terme sans que ça provoque des remous», affirme Marcel Bernier, psychologue au Centre d’aide aux étudiants de l’Université Laval et coauteur de La rupture amoureuse.

Que la décision d’en finir ait été prise par lui, par vous ou d’un commun accord, vous devez maintenant faire le deuil de votre couple et de vos projets d’avenir. Gros contrat! Mince consolation: vous n’êtes pas seule dans cette situation. À peu près tout le monde a connu une séparation au cours de son existence!

Ironiquement, bien que la plupart des gens aient déjà traversé une telle épreuve, la souffrance d’une rupture est encore banalisée. «Un étudiant en peine d’amour, incapable de remettre un travail à temps, pourra difficilement négocier un délai avec son professeur, déplore Marcel Bernier. Celui-ci risque de sous-estimer sa détresse, même si elle peut être vive.»

Comment en guérir? Voici quelques prescriptions qui vous aideront à mettre un baume sur votre coeur.

1. Acceptez la douleur

Il y a quelques années, lorsque son chum l’a quittée après deux ans de vie commune, Émilie a pris une semaine de congé du travail. Elle n’a pas cherché à cacher la raison de son absence. «J’étais dévastée et je ne voulais pas faire semblant de ne pas l’être. Je suis restée à la maison et j’ai pleuré», raconte l’énergique jeune femme de 32 ans.

Selon Hubert Mansion, auteur de La voie du chagrin d’amour, Émilie a eu raison d’agir ainsi. «Les gens n’osent pas avouer leur peine d’amour, même lorsque celle-ci les habite complètement, explique-t-il. Mais pour guérir, vous devez accepter d’avoir mal. Dites-vous: « Je souffre en ce moment, mais ça ne durera pas toujours. »» Il recommande aussi de coucher vos sentiments sur le papier afin de bien les cerner. Éprouvez-vous de la colère, du désespoir, de la tristesse ou de la désillusion?

  2. Changez-vous les idées

Certes, souffrir est nécessaire, mais il faut aussi vous accorder du temps chaque jour pour vous divertir, selon Marcel Bernier. Occupez vos nouveaux moments libres en vous inscrivant à des cours ou en faisant du bénévolat. Plongezvous dans un roman, une télésérie ou un film captivant qui vous permettront de vous évader de votre réalité.

Ana, elle, a choisi le club sportif le plus chic en ville! Le 1er janvier 2011, cette Sud-Américaine installée à Montréal depuis neuf ans a célébré l’arrivée de la nouvelle année… avec une rupture. «Ça faisait deux ans que notre couple n’allait plus. On avait tout essayé», confie-t-elle. Comme elle était alors au chômage, elle s’est retrouvée avec beaucoup de temps à tuer, à un moment de l’année plutôt monotone.

«C’est ma mère qui a payé l’abonnement au club. C’était sa façon de prendre soin de moi à distance», poursuit-elle. Un cadeau des plus salutaires. Pendant les trois premiers mois de son nouveau célibat, alors que la douleur était vive, Ana a fréquenté ce centre sportif presque tous les jours. «C’était loin de chez moi; le transport, les séances d’exercice et les visites au sauna occupaient facilement trois ou quatre heures de ma journée.» Ana assure que cet exutoire, qui n’était lié d’aucune façon à son ancienne vie de couple, lui a fait le plus grand bien.

3. Réduisez les contacts avec votre ex

Couper les ponts avec votre ex peut se révéler ardu. Après tout, c’est vers lui que vous aviez l’habitude de vous tourner dans les moments difficiles. Continuer d’entretenir des liens avec lui risque toutefois d’empêcher vos blessures de se cicatriser.

Émilie, qui avoue d’emblée avoir du mal à mettre un terme à ses relations, en sait quelque chose: elle a étiré pendant une longue année sa rupture avec son ex. «On se parlait au téléphone plusieurs fois par semaine; on allait au resto ou au théâtre; on a même pris nos vacances ensemble à deux reprises, pour voir si une réconciliation était possible. Chaque fois, on a conclu par la négative. Mais comme ce n’est pas moi qui avais souhaité notre séparation, je continuais d’espérer.» C’est uniquement lorsque son ex a eu le coup de foudre qu’Émilie a vraiment compris la nécessité de couper les ponts. «Lorsqu’il m’a annoncé la nouvelle, je suis devenue hystérique, se rappelle Émilie. Mais au moins, il n’y avait plus d’ambigüité. Dès le lendemain, je me suis sentie mieux.» Après avoir passé un mois sans se donner de nouvelles, ces anciens amoureux ont renoué sur des bases amicales et ils sont aujourd’hui de bons copains.

Restreignez donc les contacts avec votre ex au maximum. Va pour les conversations logistiques – sur la garde des enfants ou le partage du patrimoine, par exemple -, mais évitez tout sujet d’ordre émotif. «Si deux personnes qui se sont séparées se consolent mutuellement, elles risquent de se causer davantage de peine. Un ex ne peut être le mal et le remède à la fois, croit Marcel Bernier. Il faut prendre le temps de se sevrer de l’autre.»

4. Réinterprétez le rejet

Si c’est lui qui est parti ou si vous l’avez quitté parce qu’il vous négligeait, le sentiment de rejet s’ajoute à celui de perte. «Lorsque quelqu’un à qui on a donné le meilleur de soi nous laisse, il est normal de se sentir rejeté, convient Marcel Bernier. C’est un des aspects les plus difficiles d’une rupture.»

Plutôt que de vous apitoyer sur votre sort, tentez de réinterpréter la situation. Selon Hubert Mansion, l’individu qui rompt ne rejette pas son partenaire, il part plutôt à la découverte d’autres aspects de lui-même. «Les relations nous permettent de faire une cartographie de notre intériorité et de découvrir des choses en nous grâce à notre partenaire, explique-t-il. La rupture survient quand une personne sent qu’elle a exploré tout un territoire et décide d’aller en découvrir d’autres.» Une différence d’interprétation subtile, mais salutaire pour la personne qui est quittée.

5. Sachez vous entourer

Vos proches vous écoutent et vous apportent du réconfort? Profitez-en! Si, par malheur, leurs bonnes intentions ratent la cible, dites-le clairement. «Par exemple, il n’y a rien de mal à exprimer que vous préférez être écoutée plutôt qu’inondée de conseils», assure Marcel Bernier.

Si vous avez plusieurs amis en commun avec votre ex, rien ne vous empêche de les partager. Après leur séparation, Ana et son ancien copain ont convenu d’accepter les invitations à tour de rôle. «Et si on devait être présents tous les deux, comme à un anniversaire, on se partageait la soirée: il assistait à la première moitié, et moi, à la deuxième. Nos amis trouvaient ça très étrange, mais ça nous convenait.»

Si le coeur vous en dit, n’hésitez pas à vous consoler dans les bras d’un amant. «Fréquenter quelqu’un pour se distraire et décrocher de son ex est tout à fait acceptable. Pourvu que vous soyez honnête avec cette personne sur le fait que vous ne voulez pas vous engager», affirme Alison James. Cette Américaine est l’auteure de La vie sans lui, c’est pas la fin du monde!, un guide pour survivre à une rupture amoureuse au ton mordant. Si au contraire, vous sentez qu’une aventure ne serait qu’un rappel cruel de la relation qui vous manque, passez votre tour.

6. Évitez la nostalgie

Il est facile d’oublier les petits et les grands irritants de votre couple, maintenant qu’il n’existe plus. Sauf que cette idéalisation ne donne rien de bon. La solution? Une bonne dose de réalisme. «Faites la liste des défauts que vous reprochiez à votre ancien partenaire et de toutes les frustrations que vous avez connues ensemble. Gardez celle-ci à portée de main et relisez-la quand la nostalgie vous prend», suggère Yvon Dallaire, psychologue et sexologue spécialisé dans la thérapie conjugale. Il ne sortait jamais les vidanges? Ne vous faisait pas confiance? C’est le moment de lui en vouloir!

Cet exercice est d’autant plus pertinent si c’est lui qui vous a quittée, croit Alison James. «Si vous avez peu de choses à lui reprocher, le simple fait qu’il soit parti suffit! Après tout, vous ne voulez pas partager votre existence avec quelqu’un qui n’est pas totalement engagé», poursuit-elle.

Mais attention: soyez magnanime et énumérez aussi vos propres torts. «Si vous insistez seulement sur les lacunes de l’autre, vous finirez par vous haïr d’avoir aimé un tel salaud», prévient Hubert Mansion. N’ayez crainte: lorsque vous serez remise de votre rupture, vous pourrez recommencer à chérir vos beaux souvenirs.

7. Trouvez l’équilibre

Oui, vous avez mal. Et, oui, vous devez vivre avec cette douleur. Mais gare à la glorification de votre peine. «Parfois, l’autre nous manque tellement qu’on finit par s’attacher à la souffrance née de son absence. Sauf qu’on ne peut pas guérir d’une blessure qu’on chérit», prévient Hubert Mansion.

«L’intensité de votre peine d’amour n’est pas une preuve de la qualité de votre relation passée», ajoute Alison James. Évitez donc de nourrir indûment la douleur. «Cessez d’écouter de la musique triste et rangez les photos, les souvenirs et tous les objets qui vous rappellent votre ex», conseille l’auteure.

Certes, l’équilibre est difficile à atteindre. Ana a travaillé fort pour y arriver. Pour ne pas s’enfoncer dans un marasme malsain, elle a sciemment évité toute pensée sombre au sujet de ce que l’avenir lui réservait. «J’ai 32 ans et j’aimerais fonder une famille. Je me demande évidemment si je vais rencontrer quelqu’un… Mais il est inutile de me tourmenter en me disant que je vais terminer mes jours seule parce que ma relation avec mon chum est finie!» Elle a si bien su éviter les débordements que certains de ses amis en ont déduit qu’elle était peu attachée à son ex. «Rien n’est plus faux: je n’avais jamais aimé personne autant que lui, confie-t-elle. Il me manquait, j’étais triste et je me sentais seule… Je me suis permis de vivre cette douleur, mais sans la nourrir et en évitant de tomber dans le drame.»