Avez-vous remarqué? Non seulement notre garde-robe contient sensiblement les mêmes morceaux que ceux de notre mère et de notre cousine de 15 ans, mais nous portons toutes des jeans et des t-shirts, des ballerines et des stilletos, des strings et des leggings.

Rien d’étonnant, selon Mariette Julien, professeure à l’École supérieure de mode de Montréal, à l’UQAM, et codirectrice du fort intéressant essai Éthique de la mode féminine (PUF). Des vêtements comme le jean ou le pantalon de jogging, qui nous semblent tout à fait communs, sont emblématiques de la mode contemporaine, une mode qui illustre la fascination de notre société pour la jeunesse en reprenant ses codes.

Parmi ces codes: la séduction. «Auparavant, les gens se casaient jeunes et il y avait peu de divorces. Aujourd’hui, puisqu’on croit moins à l’amour romantique et durable, et qu’on veut vivre heureux avant tout, la séduction nous suit toute notre vie, explique la spécialiste de la mode. Même si tout ça se fait sans qu’on en ait conscience, ce désir de plaire a une influence sur le paraître; on doit montrer qu’on est encore « fonctionnelles », comme à l’époque bénie de notre jeunesse où on était d’infatigables machines à sexe au sommet de leurs capacités reproductrices.»

Mais attention, s’habiller jeune ne signifie pas seulement porter des leggings, des Converse et un chandail à manches chauvesouris. Même le traditionnel combo jean-t-shirt, si banal à nos yeux, nous catapulte (souvent bien malgré nous) en mode jeunesse. «Ces deux vêtements sont des symboles de la révolte adolescente, affirme Mme Julien. Le t-shirt, qui était le maillot de corps des marins, a été le premier dessous de l’histoire à être porté dessus. Le jean était aussi un vêtement typique des travailleurs (ce sont les mineurs et les ouvriers agricoles qui l’ont porté les premiers). Les jeunes rockeurs des années 1945-1950 ont récupéré ces deux morceaux pour en faire, paradoxalement, le symbole de leur révolte contre l’emprise du travail. À cette époque, dès qu’un jeune était en âge de travailler, c’est ce qu’il était contraint de faire… Ces rebelles voulaient étaler à la face du monde leur envie de profiter de tous les plaisirs de la vie.»

Près de 60 ans plus tard, la recherche du plaisir domine encore, autant chez les bébé-boomeurs que chez les membres de la génération Passe-Partout. Et d’autres comportements adolescents se traduisent dans la mode: l’envie de provoquer et de jouer, le besoin de séduire et de dévoiler sa singularité…

 

DÉCOUVREZ 4 LOOKS D’ADOS DÉCRYPTÉS