Oscar de la Renta, Marc Jacobs, Diane von Furstenberg, Narciso Rodriguez… Sessilee Lopez était de tous les défilés qui comptaient à la plus récente Semaine de la mode de New York. Au total, la belle Philadelphienne a aligné plus d’une vingtaine de défilés en une semaine! Et elle était loin d’être la seule mannequin noire en demande à New York. Jourdan Dunn, Ubah Hassan, Chanel Iman, Arlenis Sosa, Georgie Badiel, Alek Wek et plusieurs autres ont occupé des places plus qu’enviables sur les podiums de la Grosse pomme.

Même si la majorité des défilés ont encore et toujours été largement dominés par une armée de beautés blanches venues du froid, plusieurs observateurs ont noté une évolution. Pour une fois, les podiums new-yorkais ont été parcourus par une proportion de mannequins noires plus importante.

 

«Les designers sont moins réticents à faire défiler des Afro-américaines pour leurs présentations», confie Carl Navaro, l’agent de Sessilee Lopez. Enthousiaste, il ne cache pas non plus qu’il y a un «buzz» ce printemps autour des bombes noires. Un «buzz» qu’il lie notamment à la récente élection de Barack Obama. Eh oui! L’Obama-mania n’épargne personne, pas même les fashionistas.

Attention toutefois de ne pas se méprendre: l’effet est subtil et sagement mesuré, comme un tailleur de Ralph Lauren. Des exemples marquants? Jourdan Dunn a notamment ouvert et clos le défilé d’Oscar de la Renta en plus d’ouvrir celui de Jason Wu.

 

Mieux, l’influent New York Magazine qui a suivi pas à pas les défilés a désigné trois modèles à la peau foncée dans son top 10 des nouveaux visages sur lesquels il faudra compter: Sessilee Lopez, Arlenis Sosa et l’Indienne Lakshmi Menon. La Chinoise Lui Wen faisait également partie de ce casting très sélect, plus diversifié qu’à l’accoutumé.

 

Notant l’évolution, le rédacteur en chef mode d’ELLE Québec, Denis Desro, refuse toutefois de parler de révolution. Il faut dire qu’en bon vétéran de la Fashion Week new-yorkaise, Denis en a vu d’autres. «Il y en a peut-être un petit peu plus que d’habitude, admet-il. Dans le sens que d’habitude, il y a une mannequin noire par défilé, ou alors pas du tout… Cette fois, on va en voir une ou deux, mais ce n’est généralement pas plus que ça.» Selon lui, l’effet Obama est bien là, mais en version plus Obama-mini qu’Obama-maxi.

 

Et les palmes de la diversité vont à…

 

Quelques designers se sont quand même démarqués. Des noms? Ralph Lauren a choisi une mannequin canadienne d’origine somalienne pour sa campagne de printemps 2009. Depuis, le nom d’Ubah Hassan est sur toutes les lèvres. À la semaine de mode de New York, Marc Jacobs est ressorti du lot en intégrant quatre mannequins noirs (deux gars, deux filles) pour sa griffe principale et quatre filles noires pour sa griffe plus décontractée (Marc By Marc Jacobs).

 

Naturellement, Jason Wu a également fait la part belle aux beautés ébène, en recrutant les services de cinq d’entre elles. Mais ça, on s’y attendait quand même un peu depuis que Michelle Obama avait choisi une de ses robes pour l’assermentation de son mari.

 

La palme de la diversité revient en fait à Oscar de la Renta. La griffe, synonyme de tapis rouge et de glamour, a mobilisé pas moins de huit beautés blacks pour porter ses fastueux brocards et autres robes du soir. En présentant des pièces somptueuses, le designer d’origine dominicaine semble avoir doublement embrassé le message d’espoir d’Obama. En prônant, d’une part, la diversité, puis, en faisant ensuite un joli pied de nez – doré – à la crise. Bien joué, Monsieur de la Renta!