Le soutien-gorge – et ses déclinaisons – s’est affiché sans complexe dans les défilés des semaines de mode printemps-été 2021, de Jacquemus à Céline, en passant par Christian Siriano, Etro et Versace. Autrefois dissimulée, la brassière ose aujourd’hui se démarquer. Retour sur l’histoire d’un bout de tissu qui fait sensation.

Les innovations

Dans l’Antiquité grecque, on utilisait des bandeaux pour compresser les seins, bien avant que le corset ne s’impose en force à partir du 16e siècle. En 1889, la féministe Herminie Cadolle a l’idée de couper en deux ce sous-vêtement, qui entrave les mouvements, pour apporter plus de confort. Cette invention lance la mode du corselet-gorge, qui prendra officiellement le nom de «soutien-gorge» en 1904. Il faut cependant attendre 1913 pour que la brassière moderne, constituée de deux coques, fasse son apparition. Cette innovation, on la doit à Mary Phelps Jacob: avant un bal, la New-Yorkaise improvise une pièce de lingerie à l’aide de deux mouchoirs en soie et de rubans pour remplacer son corset, trop visible sous sa robe au décolleté plongeant. La taille des bonnets, elle, est mise au point dans les années 1930 par l’entreprise S. H. Camp and Company. Dans la foulée, les nouveaux soutiens-gorge se dotent de bandes d’agrafes réglables, une invention de 1871 signée par l’écrivain – et précurseur! – Mark Twain. Et le fameux push-up, en vogue dans les années 2000? Cette création montréalaise de la marque WonderBra déploie ses charmes depuis 1963!

Les tendances

Durant l’âge d’or hollywoodien, les sex-symboles des fifties – Marilyn Monroe en tête – s’exhibent dans des pulls moulants, qui révèlent une poitrine généreuse. Le secret de cette silhouette aguicheuse? Le soutien-gorge «obus», dont la forme conique sera reprise dans les années 1980 par Jean-Paul Gaultier. Mais si, au départ, la brassière est là pour attiser le désir, elle devient, sous l’impulsion du designer, un symbole de libération féminine. C’est cette même volonté d’émancipation qui pousse les féministes des années 1960 et 1970 à accrocher leur soutien-gorge (voire à le brûler, selon le mythe) pour se réapproprier leur sexualité et s’affranchir de l’oppression patriarcale… avant que la lingerie sexy et le décolleté plongeant ne reviennent à la mode durant les nineties, encensés par des marques comme Victoria’s Secret.

Ce printemps, le soutien-gorge s’assume pleinement, sans arrière-pensée. Révélé sous une robe transparente au défilé Dior, il s’expose au grand jour chez Jacquemus et ose dérider le tailleur chic chez BOSS… à moins qu’on préfère privilégier le confort – une leçon apprise durant la dernière année – en ne portant rien (ou presque) sous nos vêtements.

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