En juillet dernier, deux navettes – l’une de l’entreprise Virgin Galactic et l’autre de Blue Origin – ont quitté notre atmosphère durant quelques minutes. À bord de leurs vaisseaux respectifs, les milliardaires Richard Branson et Jeff Bezos, qui désirent faire du tourisme spatial une réalité. L’espace sera-t-il bientôt la destination de choix d’une jet-set en quête de nouveauté, la même jet-set qui s’envole aujourd’hui pour Gstaad ou Saint-Barth?

Une saison tournée vers l’avenir

Pour l’automne-hiver 2021-2022, les marques ont imaginé un vestiaire intergalactique au sommet des tendances, de Balmain et ses tenues métallisées à Maximilian et ses clins d’œil à la mode futuriste des années 1960. Quant au créateur Nicolas Ghesquière, il a exprimé son besoin d’inventer un «voyage extraordinaire» à travers des capes protectrices et des parkas qui semblent doublés d’une couverture de survie et qu’on verrait aisément portés par les premiers touristes en orbite. Mais c’est sans doute chez Balenciaga que cette conquête de l’espace est la plus frappante: son créateur, Demna Gvasalia, a collaboré avec la NASA pour mettre au point, entre autres, un manteau qui ravira les cosmonautes en herbe (et les modeuses avides d’atteindre le firmament du style).

Retour vers le futur

Ce n’est pas chose nouvelle: l’univers fascine la mode depuis des années-lumières… ou, du moins, depuis les années 1960. En pleine guerre froide, les États-Unis et l’URSS se livrent une lutte technologique sur fond de course à l’espace, jusqu’à ce que la fusée américaine Apollo 11 réussisse à se poser sur la Lune, le 21 juillet 1969. Les designers de l’époque s’enthousiasment de cette exploration spatiale et s’amusent à imaginer un vestiaire futuriste teinté d’optimisme, d’une excentricité joyeuse aux possibilités infinies.

Figure de proue de cette mode Space Age, André Courrèges, ancien ingénieur en génie civil, conçoit des combinaisons spatiales et des vêtements en PVC, tandis que Pierre Cardin privilégie les minijupes en vinyle, les casques en Plexiglas et les cuissardes métallisées. Dans la même veine, Paco Rabanne présente en 1966 sa collection «12 robes importables en matériaux contemporains»: «importables», car elles peuvent peser jusqu’à 20 livres. Le couturier fait de ces tenues en plaques de métal ou en pastilles de Rhodoïd sa marque de fabrique, et il en habille ses muses, comme Françoise Hardy, Audrey Hepburn et Jane Fonda. Quant à l’Italien Giancarlo Zannata, il dessine les premières Moon Boots en 1969, des chaussures d’hiver au style ovni inspirées des bottes des astronautes de la mission Apollo 11, qui seront plus tard reprises par Jeremy Scott, Fendi et Dior.

Au fil des décennies, les créateurs – comme Thierry Mugler dans les années 1980 et Alexander McQueen dans les années 1990 – continuent de sonder l’espace pour y trouver leur inspiration. Est-ce poussés par l’envie de connaître le futur, de s’y préparer… ou d’explorer un univers où l’imagination n’a ni règles ni limites? Quand, pour l’automne 2017, Chanel fait décoller une fusée (presque) grandeur nature sous la verrière du Grand Palais, on ne peut en tout cas qu’être émerveillées.

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