Evan Biddel
Encore auréolé de son récent premier prix au concours Project Runway Canada, le Vancouvérois Evan Biddell a inauguré la 15ème édition de la Semaine de la mode L’Oréal avec sa très attendue première collection. Enveloppées dans de la soie écrue, des cotons biologiques et de la laine maillée, les modèles avaient des airs de guerrières évadées d’un film d’animation japonais. Fidèle à sa philosophie de produire une mode durable et équitable, Biddell a réussi le tour de force de réaliser une collection au design sexy, sans froisser l’environnement.

Bien que certains pourraient arguer que l’esthétique du designer n’a guère évolué depuis le concours Project Runway (plus précisément ses robes de cocktail à petits plis et à capuches), son talent reste palpable. Les détails étaient particulièrement réussis: ceintures d’inspiration obi en soie lumineuse dans des tons olive et fuchsia, sexy cols capuchons et manches cloches amples. À la fois osée et architecturale, la collection de Biddell fait dans le chic décontracté. Les jeunes fashionistas ont trouvé un nouveau favori.

 

 

Paul Hardy
Aucun doute: le designer de Calgary continue d’impressionner. Théâtrale, sa présentation était rythmée par des sonorités carnavalesques et «cabaresques» parfaitement appropriées. Si les tons chair rosissant et les noirs dominaient, les touches de couleur étaient savamment présentées dans l’échancrure de robes ou dans les plis d’un appliqué. Nos coups de coeur? Les bustiers – à rougir – et les jupes ornées de fleurs géantes. Les kimonos et les petites ceintures nouées apportaient une légère saveur orientale et élégante, tandis que les vestes de fourrure et de courtes capes en plumes donnaient un fini glam. Même les bonnets de bain rehaussés d’ornements en verre étaient chics. Les bavoirs en perles, par contre, étaient simplement, euh… étranges!

Pink Tartan
Pink ou Punk Tartan? Les deux noms auraient pu convenir pour cette collection placée sous le signe du Royaume-Uni. Doc Martins montantes, tartan écossais et jupes d’écolières plissées donnaient le ton à un défilé qui mariait punk et nouveau romantisme. Les gros boutons et les coupes sobres rappelaient toutefois les racines «preppy» de la marque. Les robes bulles ajoutaient de la fantaisie et les touches de cobalt électrifiaient les pièces noires. Alors que les chaînes tombaient des poches, les fermetures éclairs et les boutons militaires rehaussaient l’intérêt. Le fantôme d’Oscar Wilde planait également au-dessus de cette collection avec des pantalons parfois filiformes, parfois ultra larges, et des manteaux, des vestes et des cravates impeccablement taillés. En somme, une collection un brin osée, mais parfaitement portable, comme on les aime.


Joe Fresh Style
En posant ses talons sur la passerelle, la Torontoise et nouvelle icône de la mode, Coco Rocha, a injecté une bonne dose de glamour au défilé qui clôturait la Semaine de la mode L’Oréal. Joseph Mimran, et son chic mais très abordable label Joe Fresh Style, proposait une collection en partie équestre (jodhpur de serge, blouson étroit, chapeau équestre), en partie mod (manteaux tulipe, robes pull-over, bérets). Avec ses quelques séduisants accessoires (les gants en cuir vernis sont un must!), cette collection va faire courir les fashionistas jusque dans les supermarchés, cet automne.

 

 

 

 

 

 

 

Preloved
La principale boutique Preloved sur Queen West a peut-être brûlé, mais la fondatrice Julia Grieve et son designer chef Peter Friesen sont renés des cendres pour faire une apparition impromptue à la Semaine de la mode. Le nom de la collection? «Pas d’amour perdu», évidemment. Les modèles, qui arboraient des paupières charbonneuses et des lèvres rouge pompier, ont dévalé la passerelle dans des pièces funky, basées sur des pulls vintage et des complets savamment recyclés. Les lainages rétros faisaient penser à un après-ski sexy, avec une petite touche européenne. Et c’est au son de Burning Down The House que Grieve et Friesen ont été ovationnés par le public.

Lucian Matis
Le designer originaire de Roumanie Lucian Matis a apparemment des idées très noires, mais il s’est arrangé pour les rendre lumineuses dans cette collection. Ses manteaux structurés, ses robes coupées au laser, ses magnifiques superpositions et ses robes de sequins noirs étaient brillantissimes. En dépit de déclinaisons variées (parfois un brin confuses), la collection est restée très sombre, évoquant parfois un défilé funéraire d’excentriques aristocrates européens. Avec leurs détails intriqués les uns dans les autres (volants, plis et surpiqûres), plusieurs robes étaient véritablement à couper le souffle.

Andy Thê-Anh

Le Montréalais Andy Thê-Anh explore la dualité entre le doux et le dur, le fluide et le rigide avec sa dernière collection. Des robes de chiffon sophistiquées et des blouses bouillonnantes apportaient une touche chic, tandis que les vestes, les pantalons à taille haute et les ensembles dans des tons métal brillant tendaient vers la perfection. Des cols dramatiques, des tailles cintrées et des superpositions de voiles transparents célébraient le corps féminin d’une manière à la fois gracieuse et osée. La preuve – une fois de plus – que personne ne dessine des vêtements pour femmes comme Andy. Les fans torontoises du designer peuvent se réjouir. Ce dernier ouvre une boutique à Yorkville en mai.