LES CRÉATEURS D’AUJOUD’HUI

Que pensez-vous des jeunes créateurs?
Ils ont bien du mérite! Car malheureusement pour exister, les créateurs de mode doivent travailler d’arrache-pied, saison après saison, dans un système de mondialisation qui les désavantage. Pour survivre aujourd’hui, ils doivent recourir à des structures et des moyens financiers énormes. Pas surprenant qu’ils s’associent à de grandes maisons pour faire leurs propres créations… Je pense entre autres à Marc Jacobs et la multinationale LVMH.

Et les créateurs québécois?
La mode québécoise a toujours été en ébullition. Nous avons des créateurs très talentueux -dont Denis Gagnon et Renata Morales… C’est dommage, mais la mode ne fait pas partie de nos traditions au Québec… On laisse nos créateurs végéter avec leurs petits moyens, sans savoir s’ils auront assez d’argent pour financer leur prochaine collection. Ni le gouvernement, ni les manufacturiers, ni les boutiques ne leur viennent en aide… En tant que magazine québécois, nous nous devons de les faire connaître et de parler d’eux le plus souvent possible.LE PROCESSUS DE CRÉATION D’UN REPORTAGE MODE

Comment choisit-on les thèmes des pages mode de Elle Québec?
On travaille six mois à l’avance. Deux fois par année, je parcours les défilés de Paris, Milan, New York, Toronto et Montréal pour y déceler les tendances de la saison à venir. À partir de là, je fais un planning de séances photo pour les quatre mois à venir. Selon le sujet du reportage mode, je sélectionne l’équipe qui traduira le mieux le sujet choisi: le bon photographe (d’extérieur ou de studio), la styliste en fonction de son approche (romantique, urbain, sport…) et bien sûr, le mannequin, toujours selon l’image que l’on veut projeter. Vient ensuite le repérage des lieux où l’on va faire les photos. Une fois l’équipe constituée, on part en reportage.

Combien de temps dure une session de photos?
Entre 8 et 12 heures (le plus souvent, c’est 12 heures pour de 6 à 8 photos!). Mais il y a toujours des imprévus: il fait un froid de canard, la caméra est gelée, la modèle est malade ou elle a manqué son avion, donc remplacement à la dernière minute. Ou bien les vêtements ne sont pas arrivés à temps, il pleut à boire debout ou alors il fait trop chaud et le maquillage ne tient pas, le vêtement se froisse… Je pourrais écrire un livre là-dessus! Après, c’est la sélection des photos! Tout doit être parfait: l’angle du modèle, la tombée du vêtement, la pose, l’éclairage… Les photographies choisies passeront aux mains des graphistes, du technicien en couleur et enfin de l’imprimeur. Et voilà!