1. En amour, vous êtes séduit par… À mon âge, l’amour est réservé à la femme qui a le courage de partager ma vie!

2. Le designer que vous admirez est… Rei Kawakubo; Azzedine Alaïa et Jean-Paul Gaultier bien sûr, qui sont aussi des amis. Récemment, j’ai rencontré un jeune designer, encore mystérieux pour moi mais intéressant, Jacquemus. Et puis John Galliano, qui est à part, étonnant! C’est un personnage fantasque, au même titre qu’Anna Piaggi ou de gens en marge de la mode comme Bill Cunningham, qui observait les mouvements sociaux liés aux vêtements. Mais je dois dire que plus que le vêtement, c’est le dessin de mode, la virtuosité du trait qui m’a longtemps intéressé, d’où mon admiration pour les illustrateurs.

3. Le défaut que vous ne pardonnez pas est… Oh je pardonne tout, mais celui que je déteste le plus, c’est probablement ce que je déteste le plus en moi aussi: l’égocentrisme. Et en même temps, je le comprends, ce besoin d’amour. Lorsqu’on est égocentrique et qu’on réussit, ça va, mais si ce n’est pas le cas, ça peut se transformer en amertume et jouer de mauvais tours.

4. Vous ne quittez jamais la maison sans… Mais je ne quitte jamais la maison! Je déteste bouger. Ça c’est un truc de vieux, je le sais. Quand je suis en déplacement, je dirais les pilules que je dois prendre tous les jours depuis que j’ai été malade; ainsi qu’un miroir, pour voir ma barbe et ma peau de près.

5. Votre restaurant favori se nomme… À Paris, je dirais Le Duc, à Montparnasse, où je vais depuis des années. Sinon, la Méditerranée, place de l’Odéon, mais moins pour sa cuisine que pour des raisons sentimentales. C’était le QG des gens de la mode dans les années 50, ceux qui m’ont fait rêver. Alors quand j’y vais, j’ai l’impression de voir leurs fantômes.

6. Votre devise est… La même depuis que j’ai fait les scouts: «À cœur vaillant rien d’impossible.»

7. La pièce que vous préférez dans votre garde-robe est… Ce pantalon (noir, léger, taille haute, un peu ample, longueur trois-quarts). En tant que dessinateur qui s’intéresse au corps humain, j’ai rapidement fait le constat de ma propre morphologie. Comme tous les copains, j’ai bien essayé le jean mais avec mes petites jambes, on aurait dit un nain. Et puis j’ai vu ces pantalons de l’armée américaine, ceux qu’on portait pour nettoyer le pont des bateaux, pas très beaux au demeurant mais que j’ai commencé à rouler au niveau de la taille et que je portais haut. Ça a tout changé!

8. En ce moment, vous rêveriez d’être… Nulle part ailleurs. Je suis très bien où je suis.

9. La première chose que vous faites le matin, c’est… Regarder ma vieille tête et essayer de me donner du courage pour la journée!

10. Vos amis diraient de vous que vous êtes… Gentil, j’espère.

11. Votre plaisir coupable musical est… Je n’en ai pas honte mais je revendique l’originalité de la valse viennoise parce que je veux en faire autre chose. J’ai une passion pour les trois temps, qui change de la rythmique binaire qu’on entend tous les jours… J’ai des idées, notamment pour un défilé qui approche, j’espère que ça plaira aux gens à qui je le propose.

12. Vous ne porteriez jamais la tendance… Du jean, pour les raisons évoquées.

13. Le film qui vous a le plus marqué est… Les films musicaux des années 1950 mais s’il faut choisir, je dirais The Bandwagon et Guys and Dolls.

14. Votre juron favori est… Putain. Mais c’est même pas un juron, c’est comme une virgule qui ponctue la conversation.

15. Les gens seraient surpris d’apprendre que… je n’ai pas de mystère, je ne vois pas bien ce que j’aurais à cacher.

16. Ce qui vous rend beau, c’est… quand mes cheveux sont bien coiffés et que j’ai pris un peu de soleil.

17. Le conseil que vous auriez aimé recevoir jeune… On ne pouvait pas me conseiller. J’étais un vrai petit con et je n’écoutais rien. Mon père a bien essayé mais je crois que mon égo est tellement fort que même un conseil bien intentionné, j’ai tendance à le rejeter d’emblée. Je veux trouver les solutions tout seul.

18. Si vous n’exerciez pas votre métier, vous seriez… c’est une bonne question, je suis incapable d’y répondre! J’ai été élevé dans l’idée qu’il faut exploiter les talents ou les aptitudes qu’on possède naturellement alors dans mon cas, je ne vois pas ce que j’aurais pu faire d’autre.

19. Pour décrocher… Je décroche trop, je dors 10h par jour, donc je préfère accrocher que décrocher, mais pour me détendre, je fume un pétard. Depuis mon cancer, j’ai constaté que ça m’aidait à soulager mes nausées et mes douleurs. C’est resté une habitude, mais je ne fume pas du matin au soir, ça c’est débile et ça ruine la santé. Par contre, un petit pétard, le soir, ça fait du bien.

20. À l’apéro, vous commandez… J’ai découvert le Campari. C’est très sucré. Ma maladie a grillé mes papilles et j’ai perdu le sens du goût mais ce mélange amer et sucré, je parviens encore à le gouter. Pareil pour les endives.

21. L’odeur qui vous émeut est… Le parfum Norell, de Norman Norell. J’ai eu une aventure, jeune, avec une fille qui le portait. Ce qui était invraisemblable, c’est qu’au-delà des notes fleuries, ça sentait vraiment le sexe. J’ai appris plus tard que c’est parce qu’il contenait de la civette, aujourd’hui interdite, qui est en fait une substance récupérée sur les testicules de chat musqué et concassée avec les fleurs. Je me suis débrouillé pour le faire porter à toutes mes compagnes!

22. Votre application favorite est… je sais passer des coups de fil sur mon téléphone et y regarder des vidéos, voilà.

23. Si on veut vous faire plaisir, on vous offre… Quelque chose qui corresponde à mes obsessions du moment et en ce moment, je rêve d’acheter la maison qui est à l’abandon dans mon jardin depuis 20 ans, sauf que son propriétaire refuse de la vendre et ça me rend dingue! Alors un beau cadeau serait qu’il cède.

24. Si vous pouviez inviter trois personnes décédées à diner, ce serait… Le danseur Nijinski, pour savoir ce qui lui est vraiment arrivé avant sa mort, Mohamed Ali – même si je ne suis pas sur qu’ils s’entendraient tous les deux – et La reine Min, dernière reine de Corée assassinée par les Japonais. Et Pina Bausch aussi. Sacrée table quand même!

Site web: Jean-Paul Goude