Monsieur Simons, quel a été votre premier contact avec le milieu de la mode?
C’était au magasin Simons, à Québec, pendant mes études à l’université. Durant deux étés – et deux congés de Noël –, j’y ai été vendeur au rayon des sous-vêtements et des chaussettes pour hommes. Madame Girard, une employée très expérimentée et la chef de ce rayon, m’a enseigné les rouages du métier.

Votre formation vous conduisait-elle vers un autre domaine professionnel?
J’ai étudié les sciences politiques, la littérature et la philosophie, car je crois beaucoup à l’éducation générale et aux arts libéraux. Cela permet de mieux analyser le monde. Lorsque mon père m’a demandé si je voulais revenir travailler chez Simons, je terminais un bac en administration.

Après avoir mûrement réfléchi, j’ai accepté sa proposition. À 22 ans, j’ai commencé au service des achats de gants et de tricots pour dames, puis des robes et de la lingerie féminine. Par la suite, j’ai supervisé les achats de la collection Twik. Aujourd’hui, je suis président de l’entreprise.

Savoir flairer les tendances qui auront du succès est vital pour une chaîne de magasins comme la vôtre. Quel sont vos trucs pour les détecter?
Le flair des acheteurs est primordial. Notre équipe compte 45 personnes, qui doivent savoir analyser les réactions des clients. Elles parcourent les capitales de la mode – New York, Los Angeles, Las Vegas et Paris –, se rendent en Espagne, en Tunisie et en Italie, assistent aux défilés (Jean Paul Gaultier ou Dolce & Gabbana pour hommes, Costume National ou Paul Smith pour femmes) et rencontrent, comme moi, nos fournisseurs. De plus, nous possédons une agence d’achats à Florence et à Paris, et nous disposons aussi d’une dizaine de designers qui conçoivent des collections pour nous. Outre dans les défilés, comment repère-t-on les styles qui seront hip?
Il faut garder l’esprit ouvert. Tout peut influencer les tendances: par exemple, les rock stars et les jeunes dans la rue créent les courants. Les expositions dans les musées ont aussi un effet sur les designers. À preuve, il y a quelque temps dans une exposition en Irlande, j’ai découvert des bijoux provenant d’un village viking. Un an plus tard, Donna Karan a présenté des colliers qui leur ressemblaient beaucoup.

Admirez-vous un designer en particulier?
Oui, Paul Smith. Il est ouvert à toutes les influences. J’admire autant l’homme que le créateur.

Quels sont vos prochains projets?
D’ici l’automne 2008, nous aurons agrandi le magasin Simons de la Place Ste-Foy, à Québec. Sa superficie passera de 57 000 à 105 000 pieds carrés. Nous y ajouterons une section consacrée aux vêtements de sport pour hommes (incluant des maillots et des ensembles pour le vélo). Le confort des cabines d’essayage sera amélioré et 600 espaces de stationnement supplémentaires sont prévus. Et nous ouvrirons peut-être aussi une succursale en Ontario.