Celle qui fût l’étudiante de Paul-Émile Borduas et de Jean-Paul Riopelle est pourtant peu connue à Montréal, sa ville natale. Pour voir l’œuvre de Dorothea Rockburne, il faut se rendre de l’autre côté de la frontière, à la fondation DIA:Beacon plus exactement, à une heure et demi environ de Manhattan. Au printemps, la route qui longe l’Hudson est bordée d’arbres en fleurs, dont les branches chargées de pétales semblent accueillir à bras ouverts les visiteurs dans ce coin paisible de l’État de New York. Depuis la création du DIA:Beacon en 2003, la bourgade de Beacon attire en effet de nombreux amateurs d’art venus du monde entier pour faire le pèlerinage jusqu’à la Mecque. Le musée, qui présente uniquement des collections des années 1960 et 1970, prend ses aises dans une ancienne usine reconvertie. Les salles, de fait, sont immenses: superficie nécessaire pour accueillir autant les énormes sculptures d’acier de Richard Serra que les installations en néons de Dan Flavin. Au milieu de ses contemporains, Dorothea Rockburne a droit à sa propre exposition, inaugurée ce mois-ci, et qui sera présentée pendant au moins deux ans. Pour comprendre au mieux son œuvre dévoilée ici, de la fin des années 1960 au début des années 1970, encore faut-il savoir que la Montréalaise a étudié en danse et en mathématiques, deux disciplines pas si éloignées quand on y pense, notamment parce qu’elles nécessitent toutes deux une minutieuse précision et une rigueur inébranlable, nécessaires à la poésie du corps ou à la bonne survie d’une équation. Il suffit d’admirer les grandes feuilles de papier aériennes qu’elle plie selon un procédé géométrique particulier, ou ces installations en carton qui exigent, pour être mises en place, une véritable souplesse physique.
Les créations de Dorothea Rockburne, présentées en 2013 au MoMa, le musée d’art moderne new-yorkais, avaient suscité à l’époque l’intérêt de Karin Gustafsson, directrice artistique de COS. Et puis ce printemps, la designer a choisi de s’inspirer de son travail pour imaginer une partie de la collection de la griffe, sans savoir que le DIA:Beacon prévoyait de l’exposer. Le hasard fait parfois bien les choses! Sur un certain nombre de vêtements et d’accessoires signés COS, la technique du pliage propre à la Montréalaise est réinterprétée, de façon discrète ou littéralement, c’est selon. L’hommage fait de même écho au support privilégié de Dorothea, soit une simple feuille de papier, qui détermine ici la forme d’une chemise pour homme – quasi rectangulaire – ou le froissé d’un sac à dos. «Depuis nos débuts, on s’intéresse à des artistes visionnaires qui, en un sens, nous renvoient à notre propre travail», explique Karin Gustafsson. Dans cette optique, la marque anglaise a choisi de s’associer à la fondation d’art DIA, lorsqu’elle a su qu’elle exposerait les créations de Dorothea Rockburne, comme elle a soutenu par le passé des galeries, des architectes ou encore des studios de design. Ce printemps, un certain nombre de morceaux signés COS prennent tout leur sens à la lumière du travail de l’artiste montréalaise, à admirer au musée DIA:Beacon… ou dans les boutiques de la griffe londonienne!

COS x DIA

COS x DIA / Crédit: COS

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COS x DIA / Crédit: COS

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COS x DIA / Crédit: COS

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COS x DIA / Crédit: COS

COS x DIA

COS x DIA / Crédit: COS

 

COS x DIA

COS x DIA / Crédit: COS