Tendances
Anaïs Pouliot: une québécoise parmi les tops
La top québécoise Anaïs Pouliot a charmé les photographes les plus célèbres et survolé les passerelles des plus grands designers. Pour nous, elle s'est posée, le temps de se glisser dans de sublimes chemisiers.
par : Myriam Gagnon- 13 févr. 2012
Elle m’attend dans la loge du studio de Leda & St.Jacques, les cheveux enroulés sur des papillotes, en pleine préparation pour les photos du ELLE. «C’est une gentille», ont répondu les stylistes à la question que pose toute journaliste avant d’interviewer une top modèle: «Alors, elle est comment?» Partout où elle passe, Anaïs Pouliot suscite le même commentaire, des gens de Prada aussi bien que de ceux de Marc Jacobs. «Ils disent aimer travailler avec moi parce que je suis gentille, toujours souriante et pleine d’énergie», avoue-t-elle en riant.
À 20 ans à peine, Anaïs a déjà le monde de la mode à ses pieds. Il faut dire que ses débuts ne datent pas d’hier: née à Chicoutimi, élevée à Terrebonne, la jeune fille a poussé la porte de l’agence Folio (Montréal) à 13 ans seulement. Sept ans plus tard, aucune grande marque ne lui résiste. Après avoir posé pour la campagne automne-hiver 2011- 2012 de Louis Vuitton, elle a décroché, coup sur coup, des contrats pour les cosmétiques Yves Saint Laurent (elle sera le visage de la marque au printemps 2012) et pour le catalogue de Victoria’s Secret. Autant dire que l’étoile d’Anaïs n’a jamais brillé aussi fort.
Charmante, chaleureuse, d’une simplicité désarmante, elle reste malgré tout parfaitement lucide. À propos de la relation privilégiée qui existerait entre elle et Miuccia Prada, Anaïs s’empresse de remettre les pendules à l’heure: «Disons qu’elle me reconnaît quand elle me croise, et qu’elle me sourit. Vu comme ça, c’est peu. De sa part, c’est beaucoup.» Dans le monde implacable du mannequinat international, ce genre de petit détail ne trompe pas. Si la présidente d’une marque dont l’influence est planétaire vous salue, pas de doute, vous faites partie du club.
Attention, star en vue!
Pour Anaïs, les défilés de prêt-à-porter printemps-été 2012 ont pris l’allure d’un marathon. Pendant un mois, elle a arpenté des kilomètres de passerelles, à raison de trois défilés par jour, marchant pour le who’s who de la mode internationale: Balenciaga, Chanel, Christopher Kane, Dior, D&G, Viktor & Rolf, Yves Saint Laurent… «De longues journées de travail, mais qui en valaient la peine!» s’exclame-t-elle. Ses yeux noisette pétillent. C’est clair, la belle savoure sa réussite. Demandez-lui quel a été le moment le plus excitant de sa carrière, et la réponse fuse: «Quand je suis passée de presque rien à top. C’est comme si toutes ces années de travail, de patience, d’attente avaient été récompensées.»
Elle évoque son passé de mannequin «commerciale», parmi la foule de jeunes filles anonymes qui posent pour les catalogues de manufacturiers asiatiques: «On te considère comme un portemanteau, ni plus ni moins. Pas très valorisant comme boulot.» Elle se rappelle surtout son exil à Paris, où elle s’est envolée sitôt son secondaire terminé, dans l’espoir de percer: «Les mois s’écoulaient, rien ne bougeait, je perdais mon temps. Loin de ma famille, je déprimais, je me laissais aller, je ne faisais plus d’exercice…» Le véritable coup d’envoi de sa carrière, c’est justement la maison italienne Prada qui l’a donné. En juin 2010, Anaïs a été choisie parmi une poignée de tops triées sur le volet pour présenter les collections Croisière Miu Miu et Prada à New York. C’était SON grand moment. Celui où elle a attiré l’attention des rédactrices et des stylistes du monde entier. Elle avait 19 ans, un âge vénérable selon les critères de Miuccia, habituée aux égéries adolescentes. Qu’à cela ne tienne: son visage enfantin et sa bouche en coeur tenaient la dragée haute à Ondria Hardin et Hailee Steinfeld (13 et 14 ans à l’époque), les autres muses de la marque. Entretemps, Anaïs avait changé d’agence et s’était reprise en main: «Quand quelque chose cloche, je m’arrange pour rectifier le tir.»
À partir de là, tout va s’accélérer. Elle sera immortalisée par le gotha des photographes de mode, du tout-puissant Steven Meisel («Après la fashion week italienne en février 2011, il a demandé à voir mon portfolio. On ne se présente pas au studio de Meisel, c’est lui qui vous convoque.») au sulfureux Terry Richardson («La réputation qu’il a de coucher avec ses modèles ne tient plus. Il faut dire qu’il a cessé de boire, ça change la donne!»), en passant par la légendaire Annie Leibovitz. Ces derniers mois, elle a aligné les apparitions dans les magazines de mode qui comptent (Numéro, Dazed & Confused, les Vogue américain, anglais, allemand, italien, russe, japonais…), les défilés et les campagnes (Sonia Rykiel, Topshop, Nina Ricci…). Pour Anaïs Pouliot, l’ascension ne fait que commencer.
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