Reformation fabrique certains de ses vêtements avec des tissus qui, sinon, finiraient dans un site d’enfouissement, et votre marque prévoit de remettre 500 000 vêtements en circulation d’ici 5 ans. Le suprarecyclage et l’économie circulaire sont-ils l’avenir de la mode?

Près de 90 % des articles sont jetés bien avant la fin de leur cycle de vie. Notre priorité principale est d’éliminer le concept de déchets et de remettre les tissus en circulation. On utilise 95 % de fibres biodégradables ou renou- velables, et on est 100 % neutres en carbone, en déchets et en eau depuis 2015. On accorde par ailleurs un crédit aux clients qui revendent leurs vêtements sur la plateforme d’occasion thredUP et on encourage le magasinage de pièces vintage dans certaines de nos boutiques qui offrent des vêtements usagés. Notre but est de changer la vision que le monde a de l’industrie de la mode, de sensibiliser les consommateurs à l’impact considérable qu’ils ont sur l’environnement et de rappeler à l’industrie elle-même qu’il est possible de fabriquer des vêtements de façon écoresponsable.

Quel est le plus gros défi auquel vous faites face lorsque vous concevez et produisez des vêtements écoresponsables?

L’industrie de la mode a sérieusement besoin de changements systémiques, même s’il y a eu énormément de progrès au cours des dernières années. À nos débuts, il y a 11 ans, on se sentait seuls. Les usines et les manufactures avec lesquelles on travaillait nous prenaient pour des fous. On a reçu pas mal de non et on s’est sou- vent retrouvés dans l’impasse, parce que ce qu’on demandait n’existait pas. Aujourd’hui, on collabore avec des marques qui partagent nos idées et on aide nos fournisseurs à mettre au point des solutions innovantes, comme des méthodes de teinture plus efficaces. On souhaite encourager un monde où les manufac- tures écoresponsables seront la norme et on travaille avec nos partenaires pour y arriver.

Reformation a fait de l’écoresponsabilité sa marque de fabrique, tout comme le respect des travailleurs. Les deux sont-ils liés?

Absolument. Pour Reformation, cette écoresponsabilité englobe les responsabilités environnementale et sociale. Les préjugés liés aux conditions de travail dans les usines sont encore répandus: des salaires bas, une absence d’avantages et un manque de con- sidération envers les employés. On est déterminés à réfuter ces idées fausses et à être un exemple d’usine de vêtements qui peut s’épanouir dans des conditions propices. Dans notre manufac- ture de Los Angeles, on s’attelle à créer un environnement positif où nos employés reçoivent un salaire décent, ainsi que des mas- sages, des cours d’anglais, une carte de transport annuelle, etc. Par ailleurs, on sait qui produit nos vêtements à toutes les étapes de la chaîne de production, ce qui nous permet de garantir que nos collections ont un impact environnemental et social positif.

Comment être plus écolo dans notre façon de magasiner?

Il faut toujours lire l’étiquette d’un vêtement neuf, éviter les étoffes synthétiques et opter pour des tissus écoresponsables, comme le lyocell TENCEL®, le lin, le coton biologique et les fibres recyclées. Recherchez des marques en lesquelles vous avez con- fiance et qui s’assurent que leurs articles sont produits de façon éthique et écologique. Et surtout, n’hésitez pas à poser des questions: si ces griffes sont sérieuses, elles connaîtront les réponses et prendront part à la conversation.

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