Comment êtes-vous devenue conceptrice de costumes?

À l’université, j’ai dû faire une production théâtrale. Je savais que je ne voulais pas être actrice, donc j’ai préféré travailler dans l’ombre. J’ai dessiné le décor, les accessoires et les costumes, j’ai appris le son, l’éclairage… Bref, j’ai touché à tout ce qui pouvais aider à raconter une histoire et j’ai adoré ça! L’année d’après, je m’inscrivais à l’Institut national d’art dramatique, à Sydney. Par la suite, Baz Luhrmann, avec qui j’avais déjà collaboré, m’a proposé de travailler avec lui sur Romeo + Juliet. Personne ne s’attendait à ce que le film marche, mais ça a été un succès à l’international. C’est à ce moment-là que je suis devenue conceptrice de costumes à part entière.

Vous travaillez autant sur des plateaux de cinéma qu’avec le Cirque du Soleil, pour les spectacles TOTEM et TORUK. Ces deux milieux sont-ils si différents?

J’œuvre surtout sur des films qui sont physiques et qui demandent beaucoup d’acrobaties. On utilise donc les mêmes technologiques et les mêmes équipements de sécurité que pour le Cirque du Soleil. J’adore imaginer des costumes intéressants, même une fois qu’ils sont en mouvement. Un bon design – que ce soit une chaise, un vêtement, une porte – doit être pensé en fonction de l’interaction humaine. On peut très bien imaginer une chaise magnifique, mais si personne ne s’assoit dessus parce qu’elle est inconfortable, le design n’a pas été bien pensé. C’est la même chose pour les costumes, qui doivent avoir l’air d’appartenir à la personne qui les porte. C’est sûr que les artistes du Cirque du Soleil ont des corps athlétiques tellement incroyables qu’il serait dommage de les dissimuler.

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Pourriez-vous être créatrice de mode?

En soit, ce n’est pas si différente que d’être conceptrice de costumes. Une collection de mode a un thème, saisonnier et culturel. Pour un film, c’est la même chose: on a une histoire – un script – et des personnages qui évoluent à une époque donnée. Mon boulot, c’est de donner à ces personnages une histoire à raconter. Je pense que la seule différence avec un défilé, c’est que personne ne s’attend à porter les vêtements aperçus au cinéma… du moins des films que je fais! (rires)

Quel est le film que vous avez le plus aimé faire?

Je les aime tous pour différentes raisons. Bien sûr, j’ai adoré travaillé avec Keanu [Reeves, pour Matrix], et puis Romeo + Juliet, qui a été mon premier film.

D’ailleurs, comment était-ce d’habiller Leonardo DiCaprio?

C’était mon premier film et ma première collaboration avec une maison de couture. Je me suis rendue chez Prada, à New York, et j’ai demandé à ce qu’on me prête un costume afin que Léo puisse le porter lors de la scène du mariage [avec Claire Danes]. Dolce&Gabbana nous ont aussi donné des vêtements pour habiller la famille Capulet. À l’époque, le milieu de la mode était beaucoup plus amical et facile d’accès. Aujourd’hui, ce serait bien plus difficile pour moi de réaliser ce genre de projets.
 

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Romeo + Juliet / Crédit: Getty Images

Avec quel réalisateur aimeriez-vous travailler?

Martin Scorsese et Francis Ford Coppola!

 

Avez-vous un mantra qui vous suit dans votre carrière?

«Ce n’est pas une opération du cerveau!» Je suis chanceuse d’avoir un métier qui me permet – je l’espère – de divertir les gens, mais j’essaye de ne pas prendre ça trop au sérieux.

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Si vous pouviez donner un conseil à quelqu’un qui débute dans le métier, quel serait-il?

Il faut travailler, travailler, travailler. Au début, je faisais des petits boulots qui ne payaient pas, et j’étais très pauvre, mais j’adorais ce que je faisais donc je me suis acharnée. Il ne faut surtout pas se décourager… Tout ne finit pas par marcher, mais une collaboration permet toujours de rencontrer des gens, ce qui peut ouvrir des portes!

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