Fashion week printemps-été 2022. Dans la rue, les photographes se bousculent en espérant attraper au passage les célébrités venues assister au défilé de la collection Haute Joaillerie Messika by Kate Moss. L’événement, une première pour la griffe, qui célèbre le lancement d’une collection capsule réalisée en collaboration avec la Brindille, a lieu dans les jardins du Ritz Paris, un îlot de verdure loin des clameurs de la ville. Cardi B est déjà là, assise juste devant moi. J’essaie d’apercevoir parmi la foule Kate Moss, dont je suis fan depuis toujours, mais c’est Valérie Messika qui retient mon attention. Tout sourire, elle accueille ses invités – un joyeux mélange de stars, de fashionistas, de journalistes et d’acheteurs mode, dont Anna Wintour, Tina Kunakey, Evan Mock, Christian Louboutin, Camille Charrière et Camila Coelho – avec une grâce et une facilité qui charment. Elle a grandi dans un milieu d’affaires, et c’est peut-être ce qui lui a donné cette assurance lui permettant de venir à la rencontre de l’autre. Elle a d’ailleurs cette drive – je m’en apercevrai lorsque je lui parlerai de vive voix par Zoom – de ceux qui veulent «que ça marche» et qui font tout pour y arriver. Rencontre avec une femme inspirante aux multiples facettes, comme les diamants qu’elle met à l’honneur au gré de ses collections depuis le lancement de sa marque, en 2005.

Messika

Quelle leçon retenez-vous de votre père, André Messika, qui était, lui aussi, entrepreneur et diamantaire?

Mon papa m’a appris qu’aimer ce que l’on fait et croire en ses rêves donnent l’énergie d’avancer et de foncer. Lui-même a commencé comme coursier dans une entreprise de diamants et a réussi à grimper les échelons jusqu’à devenir vendeur-acheteur, puis il a fondé son propre groupe de négociants en diamants. Il m’a aussi appris que ce sont les humains qui forment une entreprise, qu’ils sont tous les maillons d’une chaîne et que, sans les employés, l’entreprise n’est rien. C’est un leader chic, qui a toujours agi dans le respect des individus. Quant à moi, je souhaite donner de l’impulsion à ceux qui m’entourent.

À l’inverse, que ne souhaitez-vous pas répéter?

Ne pas toujours mettre le boulot en premier. J’essaie d’aménager ma vie en ce sens. Par exemple, lorsque je pars en voyage d’affaires, j’emmène mes filles, lorsque c’est possible. Elles m’ont notamment accompagnée pour l’ouverture des boutiques Messika au Moyen-Orient et à Los Angeles.

Pourquoi avez-vous créé une autre entreprise de joaillerie, distincte de celle de votre père?

L’industrie du diamant est un univers lourd, solennel et ancré dans les traditions. Je voulais faire descendre cette pierre précieuse de son piédestal et la démocratiser! Les femmes de mon entourage ne parlaient de diamants que pour mentionner leur bague de fiançailles, mais j’avais justement envie qu’elles s’affranchissent de cette vision. Je souhaitais faire de la gemme un élément mode que l’on porte comme un accessoire et que, surtout, on s’achète pour soi. Les créations de Messika sont au service de notre féminité et de notre style. Je veux que les femmes se sentent pleines d’assurance en les portant et qu’elles affirment leur beauté à travers nos bijoux, ce qui est à l’opposé de l’idée que l’on se fait du diamant, qui indique encore trop souvent le pouvoir ou le statut d’une personne.

Messika

Qu’est-ce qui distingue Messika, selon vous?

Nos créations sont pensées pour mettre en valeur le diamant, qui doit être le plus possible en contact avec la peau, un peu comme un tatouage, car il n’y a rien de plus beau. Elles ne s’imposent pas comme un logo; elles font plutôt partie du style. Ce sont des bijoux qu’on peut mettre avec un jean et un t-shirt blanc, qu’on ait 15 ans ou 70 ans, comme ma mère, qui les porte merveilleusement bien. 

Comment est née votre collaboration avec Kate Moss?

Ça s’est fait spontanément. Elle était déjà l’égérie de la marque. On mangeait une galette des Rois au Ritz Paris, car c’est toujours là que Kate demeure quand elle vient ici, et elle a commencé à me poser des questions très pointues sur mes créations pour savoir comment on avait conçu telle ou telle pièce. Je lui ai demandé pourquoi elle s’y intéressait autant, et elle m’a répondu qu’elle était une vraie amoureuse de la joaillerie, et qu’elle collectionnait les bijoux, dénichés à chacun de ses voyages ou reçus en cadeau. Je lui ai donc demandé si elle aimerait concevoir une collection avec moi, et elle a tout de suite accepté.

Par la suite, je suis allée chez elle, à Londres, et on a ouvert sa boîte à bijoux pour s’inspirer de sa collection et de ses goûts. Elle a beaucoup de créations vintage, de style bohème ou Art déco, de même que des pièces du Rajasthan. Les gens voient en Kate Moss une icône rock, mais, en fait, elle a un côté très doux, romantique et vulnérable. On a d’ailleurs voulu transcrire cette polyvalence dans le défilé, qui rendait aussi hommage à son style.

Bracelet Move

Bracelet Move

On ne peut pas choisir son enfant préféré, mais si j’avais une seule pièce Messika à m’offrir, quelle serait-elle?

C’est une question trop difficile… mais le bracelet de la collection Move ne me quitte jamais. Et comme j’ai un faible pour les boucles d’oreilles, je porte celles de la collection My Twin. Le diamant taille poire peut être enlevé, donc on peut facilement déconstruire le look.

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