Fin octobre, MARKANTOINE a dévoilé son défilé printemps-été 2020 présenté à guichets fermés par Vidéotron et Huawei, un partenariat qui tombait à point pour célébrer la 10e collection du designer. On a profité de cette occasion pour rencontrer le designer québécois, à son atelier, quelques jours après l’événement.

À notre arrivée, Markantoine Lynch-Boisvert a l’air fatigué mais satisfait du travail accompli. Ses dernières créations sont triés par couleur, sur des portants. C’est ainsi qu’il aime regarder sa collection. Des piles de colis, d’échantillons et de retailles complètent le tableau et nous révèlent l’envers du décor.

Est-ce que tout s’est déroulé comme tu le souhaitais?
On a dû enlever 48 places assises… Ça a pris 5 heures pour faire le plan. C’était un cauchemar!

On se souvient de la fébrilité dans la salle. Bien que d’autres designers questionnent la
viabilité d’un défilé, ça semble être une formule qui te convient bien… 
Les défilés sont importants pour moi: c’est ma façon de m’exprimer […] et ça me permet de réunir du monde de la mode, des amis, ma famille… Si on n’a pas cet intérêt-là pour la mode, il n’y a rien qui va se créer et il n’y a pas de liens qui vont se tisser.

Tu cites l’architecte espagnol Antoni Gaudí comme source d’inspiration. En quoi a-t-il
influencé ta collection?
Il a dit: “L’originalité consiste toujours à revenir aux origines.”  Ça m’a vraiment marqué. J’ai un côté très nostalgique dans tout ce que j’entreprends. Enfant, je passais Noël en Floride avec mes grand-parents et je « trippais » sur les coquillages que je ramassais. Je les trouvais beau. Je me suis donc penché sur ma jeunesse, sur les premières choses qui m’ont allumé. J’ai un peu ce côté-là […] de créer comme un enfant, donc sans limite.

C’est en revisitant ses premières obsessions que lui est venue l’idée de produire un imprimé à partir d’illustrations d’Ernst Hæckel, un philosophe et biologiste marin qu’il a toujours adoré. Le thème du défilé, placé sous le signe de l’eau, s’est aussi retrouvé
dans ces accessoires – des masques façon cage à homard ornés de coquillages, des hameçons comme accrochés aux visages des mannequins ou encore des cordes nouées évoquant autant l’univers nautique que le bondage.

On a adoré l’agencement du pull à capuche en coton ouaté avec la jupe asymétrique. Quel est ton look préféré issu de cette collection?            Je dirais que c’était le bustier porté avec le pantalon et la chemise en dessous. Ma pièce préférée reste quand même la chemise [à motif marin]. C’était la première fois que je concevais un imprimé, et j’en suis vraiment satisfait.

Il y a aussi cette pièce en denim argenté. J’ai failli ne pas la créer. Je me disais: “Ça ne marchera pas! Ça va avoir l’air d’un costume d’astronaute ». Finalement, j’ai vraiment « trippé » dessus.

Si on regarde au-delà de la théâtralité de ton défilé, on voit plusieurs pièces facilement
portables.
Oui, je crois que c’est la collection la plus accessible que j’ai jamais faite. Tout le monde peut y trouver son compte.

Tout le monde… même ta grand-mère? Celle que tu surnommes affectueusement « Nanou » fait régulièrement une apparition sur ton compte Instagram. Porte-t-elle tes créations?
Nanou, c’est la femme de ma vie! Elle est bien fière des pièces qu’elle a achetées chez Simons [issues de la collection MARKANTOINE x Icône]. Elle a aussi des vestes en jeans et des t-shirts, et je pense qu’elle aimerait porter le tailleur bordeaux [issue de la
collection printemps-été 2020]. C’est sa couleur.

Le jeune créateur conclut l’entrevue d’un ton lucide: « Je vois le monde qui est là aux défilés, et sur cette foule de plus de 500 personnes, il y a probablement 2 personnes qui vont acheter un vêtement. » Cette 10e collection a été en tout cas une opportunité pour MARKANTOINE de renforcer les codes de sa marque tout en se tournant vers l’avenir. L’enjeu est désormais de garder le cap tout en préservant le subtil équilibre entre viabilité commerciale et créativité.

La collection MARKANTOINE x ICÔNE est disponible chez Simons.

markantoine.ca