Il est une star de la planète mode: rien qu’en une année, il vendrait de 600 000 à 700 000 paires de chaussures dans ses boutiques aux quatre coins du monde. Pourtant, Christian Louboutin n’aime pas le mot chaussure, qui «manque de poésie», comme il l’explique de sa voix juvénile au bout du fil, entre deux séances de travail dans son atelier parisien. Et quand il affirme avec ferveur qu’«un talon n’est jamais assez haut!», on est presque tentée de le croire. Normal d’acquiescer aux propos de ce fervent admirateur de la femme, dont il connaît les désirs par coeur, tout comme il sait fredonner les paroles de Louboutins, la chanson que J.Lo lui a consacrée.

Libre comme l’air, grand voyageur et fantasque, il aime créer dans le plaisir et la légèreté, signe de la vraie virtuosité. Il a beau être adulé des stars et des célébrités, il ne donne jamais ses créations ni ne paye qui que ce soit pour les porter: indépendance et désirabilité de sa marque obligent. À 50 ans, il se dit «heureux de n’appartenir à aucun grand groupe et de rester fidèle à ses proches collaborateurs, devenus des amis». Tout aussi loyal en amour, il partage sa vie et sa passion pour la nature depuis 17 ans avec Louis Benech, illustre paysagiste français.

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Pour le créateur aux origines bretonne et camerounaise, un soulier réussi accentue la nudité, allonge et sublime la ligne de la jambe. Pas étonnant que des célébrités telles que Nicole Kidman, Lady Gaga, Sarah Jessica Parker, Beyoncé, Jennifer Lopez, Rihanna, Christina Aguilera, Catherine Deneuve et Carla Bruni-Sarkozy vouent un culte absolu à ses escarpins! Parmi les plus accros, mentionnons que Blake Lively a déjà acheté 40 paires griffées d’un seul coup et que l’écrivaine américaine Danielle Steel en possède plus de… 6000.

 

Imprégné de l’univers clinquant des cabarets et de la vie nocturne parisienne depuis l’adolescence (à 24 ans, il fait même un stage aux Folies Bergère), Christian Louboutin a appris son métier de Charles Jourdan et de Roger Vivier, deux chausseurs réputés qui se disputent la paternité de l’invention du talon aiguille. Mais c’est le décès de sa mère, Irène, folle de lui et de ses dessins, qui le pousse à lancer sa propre marque à 27 ans. Sa première cliente, la princesse Caroline de Monaco, encense son travail. La presse répand la nouvelle, et Jean Paul Gaultier, Yves Saint Laurent et Givenchy s’arrachent aussitôt ses stilettos pour leurs défilés.

Mais d’où viennent les fameuses semelles rouges, si emblématiques des chaussures Louboutin? Elles apparaissent en 1993, lorsque le créateur a le trait de génie de badigeonner la semelle noire, qu’il juge trop austère, du vernis à ongles écarlate de son assistante. C’est la révélation! «The rest is history», susurrerait sans doute Victoria Beckham, une fan inconditionnelle de ses talons de 16 cm.

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Aujourd’hui, Christian Louboutin se définit d’abord comme «un artisan de la grande tradition d’excellence à la française». Chaque saison, il dessine à la main ses modèles dont il puise l’inspiration dans la nature, l’exotisme et l’univers du music-hall. Puis, il retouche les prototypes issus de la petite fabrique du Nord de l’Italie où sont ensuite produites ses collections. Confection artisanale et utilisation des matières les plus nobles expliquent en partie les prix vertigineux de ses chaussures, qui s’échelonnent cette saison de 625 $ à… 6295 $. Les «louboutinophiles» qui ne disposent pas d’un tel budget pourront quant à elles jeter leur dévolu sur la nouvelle collection de maquillage (lancement prévu l’automne prochain) conçue par le célèbre chausseur. À moins, d’ici là, d’aller boire ses paroles à la conférence C2MTL, un évènement qui se tiendra à Montréal du 27 au 29 mai. (c2mtl.com)

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