L’exposition McQueen Savage Beauty explore l’univers spectaculaire du créateur qui mêlait romantisme et post-modernisme au fil de ses collections, reflétant les forces de la société contemporaine. Entre art et mode, McQueen défiait les règles du bon goût et les standards de beauté pour créer des pièces fortes, peu portables ou pratiques (c’était le dernier de ses soucis), parfois érotiques ou grotesques, qui provoquaient à tous les coups des réactions vives.

Ses présentations, aussi importantes que les pièces elles-mêmes, étaient elles aussi théâtrales et conceptuelles et relevaient plutôt de la performance que du défilé. « McQueen commençait toujours ses collections avec un concept de défilé, puis suivait la collection, » explique Andrew Bolton, commissaire de l’exposition. « Je voulais que cet aspect soit présent. »

À VOIR: L’UNIVERS D’ALEXANDRE MCQUEEN EN PHOTOS

L’exposition, mise en scène par Sam Gainsbury et Joseph Bennett, les directeurs des défilés de McQueen, illustre l’imaginaire sauvage du créateur avec un décor tantôt brut, tantôt baroque. Les murs de bois contrastent avec le béton. Des moulures dorées encadrent des murs sombres. Des éclairages contrastés illuminent des robes brodées, perlées, déchirées, bouffantes. Une bise siffle, comme dans un conte d’Edgar Allen Poe. Une robe de plumes noires gonfle les bras et les hanches, menaçante comme un corbeau d’Hitchcock; des sangles de métal-fétiches sur une tenue moulante de cuir évoquent des fantasmes sadomasochistes. Ces pièces, en particulier les vestes coupées en origami, les kimonos et les robes asymétriques, témoignent du talent de construction de McQueen, qui a amorcé sa carrière chez les tailleurs de Saville Row avant d’assister Roméo Gigli à Milan. Quelques pièces de ses collections pour Givenchy démontrent aussi son sens du panache et du luxe, toutefois ponctuées de notes morbides ou provocatrices.

À VOIR: L’UNIVERS D’ALEXANDRE MCQUEEN EN PHOTOS

Les contrastes sont au cœur du travail de McQueen. Beauté, monstruosité. Amour, mort. Structure, destruction. Violence, douceur. Pour le créateur, la mode n’était pas une affaire de gloire, de flatteries et de tendances éphémères. Elle était son mode d’expression le plus pur. Il projetait sur le corps des femmes ses émotions les plus profondes, les plus noires, sans censure.

« Le plus remarquable chez McQueen, à part son talent d’artisan, c’est qu’il exprimait des idées très complexes sur l’identité, la race, la classe, le sexe, » explique Bolton. « Ses collections reflétaient nos peurs, nos insécurités en tant que société. Il y avait toujours une émotion crue dans son travail et c’est peut-être pour ça qu’on le critiquait autant. » La collection Highland Rape (Hiver 1995-96), sa plus importante, avec ses dentelles grossières déchirées, ses tartans ravagés et ses coupes outrageusement révélatrices, une allusion aux massacres sauvages des Anglais dans son Écosse natale.

Un parti pris qui résonnera longtemps et qui fait réfléchir au rôle de la mode dans la société. « McQueen a défié les normes établies de la mode, » explique Bolton. « Pour lui, la mode n’était pas uniquement faite pour être portée, mais pour exprimer des idées complexes. McQueen voyait la beauté dans la différence, dans le grotesque. Sa mode provoquait une certaine tension entre beauté et grotesque. »

Exposition McQueen Savage Beauty au Musée métropolitain de New York, jusqu’au 31 juillet 2011.

 

À VOIR: L’UNIVERS D’ALEXANDRE MCQUEEN EN PHOTOS