Pour un couple de nouveaux mariés, rien, ou presque, n’égale l’exaltation de planifier un premier nid. Mais si le duo en question est composé de deux âmes créatives, qui œuvrent dans les domaines de l’architecture et du design d’intérieur, le processus se fait-il en symbiose? Cause-t-il plutôt des flammèches? D’après Mary Burgers, designer d’intérieur et passionnée d’art, il y a sans doute un peu des deux. Elle en sait quelque chose puisqu’elle a peaufiné chaque détail d’un véritable havre de paix en harmonie avec son mari, Cedric Burgers, architecte principal de la firme Burgers.

«Peu après notre mariage et l’arrivée de notre premier enfant, Cedric et moi souhaitions nous installer près de notre bureau, à West Vancouver, à deux pas d’une bonne école et d’espaces où il ferait bon se promener ou faire du vélo», se rappelle Mary.

Le duo jette son dévolu sur Haywood House, une maison des années 1930 au toit à pignon à Ambleside, sur ce qui était alors un verger. Même s’ils reconnaissent d’emblée son potentiel — la maison de deux étages possède une immense cour intime —, le couple est conscient qu’elle ne communique pas avec le jardin, que ses fenêtres ne sont pas étanches et ne laissent filtrer que bien peu de lumière. Quant à l’intérieur, il est divisé en une série de petites pièces défraîchies et sombres. «Il y avait beaucoup de travaux à faire», commente Cedric.

Ainsi, Mary et Cedric se sont séparé les tâches de design en fonction de leurs champs d’expertise respectifs. Cedric veille donc aux détails architecturaux, comme l’agrandissement de 92 m2 à la structure existante de 232 m2, la rallonge de 6 mètres de large d’espace habitable et la conception du plafond de plus de 3 m dans la cuisine. De son côté, Mary s’occupe du design d’intérieur, du choix des œuvres d’art et du décor. «Nous présentions nos idées à l’autre de manière professionnelle, en alternant les rôles de créatif et de client selon le contexte. J’admets toutefois qu’il m’est arrivé de transgresser les limites, reconnaît-elle, et d’avoir présenté des idées non pas en tant que Mary, la designer d’intérieur, mais bien Mary, l’épouse.» En fin de compte, le couple travaille très bien ensemble, notamment en raison de leurs «goûts similaires et de principes de design communs». Cedric ajoute: «Nous avons joué avec les éléments avec imagination, sans nous butter à ce que nous ne pouvions pas réaliser.»

Un des importants changements qu’ils ont faits a été de remonter le niveau du sol de la cour pour permettre une transition fluide entre l’intérieur et l’extérieur. Pour y parvenir, ils ont fait déverser le contenu de 100 camions à benne remplis de sable et de gravier pour créer un spacieux jardin de près de 600 m2 doté d’un bar et d’un barbecue. Ils ont également remplacé toutes les vieilles fenêtres par des panneaux continus de verre à double vitrage pour faire entrer la lumière, éliminer les courants d’air et lier l’intérieur immaculé à son environnement verdoyant.

L’intérieur est une galerie d’art: les murs blancs forment une parfaite toile de fond aux œuvres que collectionne le couple. Qui plus est, la vue des fenêtres qui s’élèvent du plancher au plafond ajoute de la couleur au volume, «à l’instar d’une installation vivante qui se transforme au gré des saisons, à mesure que l’extérieur passe du vert au tons d’or et de rouille, puis encore au vert.»

En concevant la maison, Mary et Cedric Burgers, animés par leur souci de l’environnement, ont fait un effort considérable pour diminuer le gaspillage et adopter des solutions écologiques. «Nous avons conservé la maison telle quelle, à l’exclusion des fenêtres, et aucun élément ne s’est retrouvé au dépotoir. Nous avons recouru à une mousse isolante à pulvériser pour réduire les coûts de chauffage et, par conséquent, la facture d’électricité. De surcroît, nous avons aménagé avec soin un potager et créé une maison authentique, dotée d’éléments ancrés dans des principes de design durable et enveloppée par la nature », indique le duo.

La maison Haywood sera toujours bien plus qu’une demeure aux yeux de Mary et de Cedric. D’y avoir fondé leur famille confère à l’endroit un cachet sentimental unique. «Nos deux filles sont nées quand nous habitions ici. Eva est arrivée juste avant le début des rénovations et Antonia, tout juste après les travaux terminés», révèle Mary. On ne peut s’étonner que ce havre de paix conserve autant de valeur pour le couple. burgersarchitecture.com