Ormuz… Pour les uns, c’est le nom d’un célèbre détroit, un boulevard d’eau des plus fréquentés puisque des pétroliers du monde entier y transitent. Pour les autres, notamment les Iraniens et une poignée de touristes internationaux, c’est aussi le nom d’une petite île volcanique au charme insolite, ancrée dans le golfe Persique.

Ce charme lui vient de ses sols riches en minerais, qui drapent ses formations rocheuses de rouge, de jaune et d’orangé flamboyants, et valent à la destination le surnom d’«île arc-en- ciel». Pour Mohamadreza Ghodousi, Fatemeh Rezaie, Golnaz Bahrami et Soroush Majidi, des architectes du studio ZAV Architects, établi à Téhéran, il n’en a pas fallu davantage pour imaginer Majara Residence, un spectaculaire hébergement touristique qui ne détonne en rien dans le décor.

«Notre rôle étant de repousser les limites de l’architecture, nous nous sommes laissé guider par la topographie et les couleurs de l’île pour révolutionner une forme traditionnelle, le dôme, avec laquelle les insulaires sont familiers», nous confie M. Ghodousi, le fondateur du studio.

Tahmineh Monzavi, Soroush Majidi, Payman Barkhordari

Entre mer et montagne, ces 200 dômes d’un genre nouveau semblent être sortis de terre spontanément. Ils sont regroupés en grappes, une grappe abritant soit l’une des 17 suites du développement, chacune comptant une ou deux chambres, un dressing, un séjour et une salle d’eau, soit des espaces communs, dont un restaurant, un café, un spa et une salle de prière. Ils sont construits en Superadobe, une technique qui minimise le recours à la climatisation même sous ces cieux souvent torrides, et majoritairement avec du sable importé afin de préserver les précieux sols locaux.

Majara Residence est la deuxième phase d’un vaste projet de revitalisation urbaine, Presence in Hormuz, initié par ZAV Architects et visant l’autonomisation des insulaires grâce au tourisme. Près du port de l’île, la construction d’un lieu de rencontre où les visiteurs viennent entendre des habitants gratter leur guitare, le soir, a servi à former les ouvriers locaux qui ont ensuite érigé Majara. La troisième phase comprend un centre de formation des ressources humaines en tourisme.

«Notre rêve était d’inclure les habitants, les touristes et l’environnement dans ce projet afin qu’il soit bénéfique à tous et à l’île, dit l’architecte, car pour nous, la notion de durabilité ne concerne pas que la nature: elle concerne aussi les humains.» 

Tahmineh Monzavi, Soroush Majidi, Payman Barkhordari

«Presence in Hormuz comprend une série de projets basés sur une approche ascendante et des observations sur le terrain. Notre but est de revitaliser l’économie locale et de permettre aux habitants de mieux vivre du tourisme. »

Tahmineh Monzavi, Soroush Majidi, Payman Barkhordari

Land Art en l’île

C’est à la faveur d’un happening d’art environnemental, soit la création, il y a 10 ans, d’un immense «tapis» entièrement composé des sols multicolores du cru, que l’île d’Ormuz s’est fait connaître du monde entier. En plus des splendeurs géologiques de la destination, de ses plages dorées et de ses vestiges historiques, on s’intéressera donc aussi au travail de la figure de proue iranienne du Land Art, Ahmad Nad’Alîyân, présenté au musée-atelier qui porte son nom. 

Majara Residence ou Presence in Hormuz 2 est le récipiendaire du prestigieux prix «Immeuble de l’année 2021», dans la catégorie Habitation, du blogue ArchDaily. 

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