Vous êtes considérée comme une pionnière du mobilier transformable. D’où vous est venue l’idée?

En observant le comportement des gens. Pour toutes sortes de raisons, on vit dans de petits appartements. Et on se plaint de manquer de place, mais on achète quand même de gros canapés encombrants. Si un bébé arrive, ça y est, on déménage! Des intérieurs où on ne peut même pas accueillir un ami ou élever des enfants, ça n’a aucun sens. J’ai voulu apporter des solutions pour mieux utiliser l’espace tout en valorisant des notions qui me sont chères, comme le partage et l’hospitalité.

Il paraît que vous détestez les gros canapés.

L’ameublement trop moelleux nous pousse à végéter. Il me semble plus plaisant de rester actif. Ça doit venir de mon enfance dans un village champenois. Je suis née de parents agriculteurs et je trouve que la campagne est un formidable terrain de jeu, qui incite au mouvement et au développement de l’imagination. Ma vision du confort, c’est des petites structures qui permettent de modifier son habitat selon les activités du moment. Un peu comme on le faisait, ma sœur jumelle et moi, en se construisant des abris avec des ballots de paille.

Pourquoi utilisez-vous le mot «structure» au lieu de «meuble»?

Parce que les structures que je crée ne sont pas des objets finis: il appartient à chacun de leur donner un sens selon l’usage qu’il en fait. Par exemple, avec trois poufs empilés, on a une table à langer; avec six, on obtient un fauteuil; et avec huit, ça devient un lit. Au lieu de rester passif, on devrait s’impliquer dans notre façon d’habiter des lieux et participer à l’évolution de notre intérieur.

D’où vous vient ce goût pour les couleurs fluo?

Je les aime parce qu’elles injectent de la vie! Enfant, on dessine avec des couleurs vives. Et puis, en vieillissant, on commence à craindre les fautes de goût. Je trouve ça dommage, car s’interdire d’expérimenter les mélanges de couleurs, c’est se priver d’une vraie joie!

Que lisez-vous en ce moment?

Une brève histoire des lignes, de Tim Ingold. Tout ce qui concerne l’anthropologie, la sociologie, l’ethnologie et la philosophie m’intéresse.
  

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