Il y a quelque chose de magique au Domaine de la Rose, de Lancôme – ça se sent dès qu’on y met les pieds et que les bourdonnements des abeilles et des libellules emplissent l’air chargé du parfum des différentes variétés d’herbes et de fleurs qui peuplent les quatre hectares de la propriété. Ça se voit aussi, avec les papillons qui virevoltent parmi les champs et les fameuses roses Centifolia, dont le fuchsia des pétales et le doré des boutons se déploient sur un foisonnant feuillage d’un vert profond. Au loin, les immortelles créent un tapis duveteux d’un jaune radieux. Ici et là, des coquelicots sauvages piquent le sol d’un éclat pimpant. Un peu partout, des bigaradiers et des oliviers se dressent fièrement, comme de fiers gardiens du Domaine. Si on avait été là une semaine plus tôt, une mer d’iris bleu turquoise nous aurait aussi accueillis.

Ce rêve de créer un berceau de biodiversité qui servirait aussi de laboratoire à ciel ouvert pour la maison française, Françoise Lehmann, directrice générale internationale de Lancôme, le caressait depuis de nombreuses années, et c’est bien évidemment à Grasse, berceau mondial de la parfumerie, qu’il a pu se concrétiser. «On avait envie d’avoir quelque chose à nous, où on allait pouvoir s’exprimer et participer à la réflexion autour de la durabilité», explique-t-elle. C’est d’ailleurs la seule marque de luxe qui peut se targuer d’être à la fois productrice, propriétaire et parfumeuse. «Je n’avais pas envie qu’on fasse l’acquisition de ce terrain bio depuis des lustres et que les anciens propriétaires repassent deux ans plus tard pour constater qu’une immense bâtisse qui ne sert qu’à de la représentation y trône. Pour nous, la vocation du Domaine est agricole et c’est ce qui fait sa pérennité et sa légitimité», conclut Françoise.

«Il y a un brassage génétique, ce qui permet aux plantes de s’adapter à l’évolution du climat et du milieu.»

«On aurait pu cultiver seulement de la rose, puisqu’on est au Domaine de la Rose, mais pour des questions écologiques, on a voulu créer un lieu où la biodiversité prime, permettant ainsi aux plantes de vivre harmonieusement ensemble», explique Antoine Leclef, ingénieur paysagiste et horticulteur du Domaine de la Rose. On retrouve sur la propriété 15 plantes à parfums, mais c’est 163 sortes de différentes plantes au total qui permettent de créer un refuge pour la faune de la région. Aucun détail n’est mis de côté pour préserver cette richesse: «On travaille sur ce Domaine comme on travaillait au Moyen-Âge. Les gestes n’ont pas changé: les seules machines que nous avons sont de petits motoculteurs pour retourner la terre, mais le reste est fait à la main. On suit le cahier des charges de l’agriculture biologique, on n’utilise aucun produit phytosanitaire. On a plutôt recours à des plantes issues du Domaine, comme l’ortie et la consoude, qui possèdent la faculté de repousser certains insectes ou de nourrir les autres végétaux», détaille Antoine avec passion. De petits ponts sont aussi installés pour que les hérissons puissent se promener à leur guise sur le Domaine. Des nichoirs sont posés dans les arbres pour les oiseaux. Des murs en pierres sèches ont été préservés pour faire barrière aux maladies et aux champignons. Le Domaine n’est jamais éclairé la nuit, afin de permettre aux chauves-souris de s’orienter et de se nourrir adéquatement dans le noir. Une grande prairie, derrière les champs, n’est fauchée qu’une fois par année, afin de permettre la floraison et la multiplication des fleurs, en plus d’attirer les pollinisateurs. «Il y a un brassage génétique, ce qui permet aux plantes de s’adapter à l’évolution du climat et du milieu», continue l’ingénieur paysagiste natif de la région. C’est l’eau de source riche en minéraux de la rivière serpentant le Domaine qui est utilisée pour arroser les champs, dans l’optique de conserver et de développer la vie qui fourmille dans la terre. Toutes les branches issues des tailles sont broyées et transformées en mulch, afin de recouvrir les pieds des rosiers pour en garder l’humidité. Et, évidemment, une rotation des cultures est prévue afin de ne jamais appauvrir le sol.

Théo Dupuis-Carbonneau

C’est quelques tonnes de roses Centifolia qui ont été récoltées au Domaine de la Rose, en mai dernier. Dès que les premiers rayons du soleil viennent caresser les pétales, la fleur s’ouvre, et c’est quand elle est entièrement épanouie, de 9 h à 10 h, qu’elle est le plus odorante et propice à être cueillie. Les récoltes partent trois fois par jour vers la distillerie afin d’être extraites le plus tôt possible et de préserver leur qualité olfactive.

Les artisans derrière le Domaine de la Rose croient fermement que la philosophie insufflée tout au long de la production, résultant en des plantes en bonne santé qui donnent toujours le meilleur d’elles-mêmes, se reflète indéniablement dans la qualité des parfums créés avec ces dernières. Les roses du Domaine sont aujourd’hui utilisées dans deux fragrances signées Lancôme: Mille et Une Roses et La Vie Est Belle Domaine de la Rose. Une nouvelle ligne parfumée (encore confidentielle!), mettant en vedette la fameuse rose de mai, verra également le jour l’an prochain. En plus de la rose Centifolia, le site compte 17 autres sortes de roses, dont la fleur historique de Lancôme, la première rose créée par George Delbard pour Armand Petitjean, fondateur de la marque, en 1973. Lancôme a aussi un partenariat avec le Muséum national d’Histoire naturelle afin de protéger certaines roses, comme la Rosa gallica, une espèce primitive.

D’ici à ce que le Domaine de la Rose soit ouvert au public, un projet que Françoise Lehmann espère voir aboutir prochainement, on asperge notre cou et nos poignets d’un nuage de parfum pour s’envoler vers cette contrée où la nature est reine.

La fragrance iconique de Lancôme se réinvente afin d’inviter en son cœur la rose Centifolia, cultivée au Domaine de la Rose. Ravivé par des notes pétillantes de mandarine et de bergamote et réchauffé par un souffle exquis d’ambrette, ce jus confectionné à base de 97 % d’ingrédients naturels fait la part belle à une rose lumineuse et moderne.

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