Après avoir utilisé des produits de remplissage dermique pendant des années, Sabrina Rinaldi, 44 ans, peinait à se reconnaître sous ses traits dénaturés et son teint décoloré. Passer sous le bistouri s’est avéré la seule façon pour elle de se sentir plus en harmonie avec son image. Ce n’est pas d’hier que cette artiste maquilleuse de Toronto voit en la chirurgie esthétique un moyen de raviver sa confiance en elle. Au cours de sa vie adulte, elle a subi une rhinoplastie, une liposuccion et une augmentation mammaire. «À mes yeux, la chirurgie esthétique n’est rien de plus qu’un prolongement du maquillage. Je peux redessiner mon visage avec du maquillage, tout comme je peux le faire avec la chirurgie. Les deux vont de pair», affirme-t-elle. En partageant son expérience, elle espère contribuer à normaliser et à déstigmatiser ce sujet autrefois tabou. «Ça demeure quelque chose dont on ne parle pas encore ouvertement», dit-elle.

Pour rajeunir son apparence, Sabrina s’est tournée vers les traitements injectables pendant la majeure partie de sa trentaine. Le Botox, pour corriger la symétrie de ses sourcils, et les agents de comblement à base d’acide hyaluronique, pour repulper ses lèvres, ses pommettes et les cernes creux sous ses yeux. Elle a été satisfaite du résultat… du moins pendant un certain temps. «Les produits de remplissage ont cependant contribué à l’affaissement de mon visage. Ils ont fini par se déplacer et par alourdir mes traits.» Outre son aspect bouffi et ses bajoues gonflées, Sabrina a aussi vu apparaître une teinte bleutée sous ses yeux, appelée «effet Tyndall», qui peut être une conséquence de ce type d’injection.

Après avoir tenté en vain de dissoudre ces agents de comblement à l’aide d’injections d’hyaluronidase (une enzyme qui décompose l’acide hyaluronique), Sabrina s’est mise à la recherche d’une autre solution. «Ça faisait tellement d’années que les agents de comblement s’accumulaient qu’une chirurgie s’imposait pour les éliminer.» Sa principale motivation était de se reconnecter avec elle-même. «Je me suis rendu compte que les injections dénaturaient mes traits. Je voulais que mon visage redevienne ce qu’il était – mais en version plus ferme.»

Selon le Dr Andrew Jacono, chirurgien plastique au New York Center for Facial Plastic Surgery, l’expérience de Sabrina s’apparente à une fatigue cutanée due aux produits de comblement (ou filler fatigue). «Quand un bon dermatologue cosmétique utilise des produits de remplissage en petites quantités et aux bons endroits, les résultats peuvent être positifs. Malheureusement, quand le visage en est saturé – comme on le voit trop souvent –, la peau commence à s’étirer», dit-il. Lorsqu’un dermatologue a la main trop lourde et essaie de compenser la perte de volume, qui fait partie du processus naturel de vieillissement, les traitements excessifs peuvent entraîner une déformation des traits. «Vient un temps où les agents de comblement ne donnent plus les mêmes résultats qu’avant.» On peut y remédier en procédant à un lifting pour éliminer les produits de remplissage et redonner au visage ses proportions naturelles et un teint plus uniforme.

En 2019, Sabrina a donc conclu qu’un remodelage était la meilleure solution pour répondre à ses objectifs esthétiques à long terme et elle a commencé à économiser. «La plupart des gens pensent qu’il faut attendre d’être dans la soixantaine et que notre visage se soit complètement affaissé avant de subir un lifting pour le redraper, dit-elle. Mais en le faisant faire au début de la quarantaine, je pourrai continuer à vieillir avec ce visage.»

Comme cette stratégie donne des résultats qui durent de 10 à 15 ans – voire 20 ans –, elle s’inscrit dans une tendance de plus en plus répandue. Dans le cabinet du Dr Jacono, l’âge moyen des patients qui subissent un lifting facial se situe de 47 à 53 ans. «Aujourd’hui plus que jamais, je vois des patients dans la quarantaine qui veulent retarder les effets du vieillissement et retrouver une apparence plus jeune avant que leur visage ne subisse trop de dommages», explique-t-il. La chirurgie faciale est également en hausse au centre ICLS Dermatology and Plastic Surgery, d’Oakville, en Ontario. La Dre Julie Khanna, chirurgienne plastique cosmétique et cofondatrice de ce centre, considère les médias sociaux et Zoom comme des facteurs d’influence. «Tout le monde s’examine, et on est très critiques envers nous-mêmes», dit-elle. Pour elle, les interventions au visage couvrent un large spectre, et il convient d’adapter les options offertes en fonction, entre autres, de la qualité de la peau, du résultat souhaité, de la génétique et de l’âge. «Le lifting peut être une bonne option pour un patient donné, dit la Dre Khanna, mais ce ne devrait pas être la seule. Je veux m’assurer que les gens font le choix qui leur convient parmi les interventions possibles.» Elle pratique des liftings faciaux visant à préserver le volume cutané, mais les mini-liftings du cou (qui sculptent et relèvent la mâchoire) sont devenus son intervention la plus populaire. Son protocole chirurgical comprend aussi toujours des traitements complémentaires, comme le resurfaçage par radiofréquence ou le peeling au laser, pour assurer une approche plus holistique. «La chirurgie agira sur la quantité de peau: vous en aurez moins. Mais la technologie en améliorera la qualité et lui redonnera de l’éclat», explique-t-elle.

Il est loin, le temps du lifting des années 1970 et 1980 qui misait seulement sur une traction du système musculoaponévrotique superficiel (SMAS) pour resserrer la peau du visage. «La chirurgie plastique d’aujourd’hui n’est plus celle d’antan – les techniques sont plus évoluées et la récupération est accélérée. En fait, le lifting d’aujourd’hui n’a plus du tout l’air d’un lifting», affirme le Dr Jacono, grand spécialiste du lifting facial profond. Ce traitement consiste à soulever les muscles et la peau en même temps, ce qui repositionne les coussinets graisseux et la musculature des joues. «Comme la peau n’est pas détachée de la structure profonde, le lifting s’effectue par en-dessous, et la surface paraît lisse plutôt que tendue», explique-t-il. Le travail du Dr Jacono a été salué par d’autres chirurgiens plastiques et par des célébrités comme le designer de mode Marc Jacobs. En juillet 2021, ce dernier a partagé un égoportrait postopératoire, la tête enveloppée de gaze et entourée de tubes de drainage, puis a documenté sa convalescence, qui comprenait une oxygénothérapie hyperbare, qui permet de récupérer plus vite.

On songe à se lancer? Analyser des photos avant-après est une étape certes fort divertissante, mais parler avec différents experts est une partie tout aussi essentielle du processus. «Consultez quelques chirurgiens certifiés. Ne vous fiez pas à une seule opinion», conseille la Dre Khanna. «Un chirurgien, c’est comme un chef. Si vous demandez à trois chefs de vous préparer un délicieux soufflé au fromage, il n’y en aura pas deux qui seront identiques. Vous devez choisir celui qui s’accorde le mieux à vos goûts.»

Sabrina s’est rendue à Los Angeles pour une consultation à 600 $ avec le Dr Chia Chi Kao, l’instigateur du «Ponytail Facelift» (une technique endoscopique requérant un minimum d’incisions et de perturbations des vaisseaux sanguins), qui lui a remis une estimation au-dessus de son budget. Une amie de l’industrie lui a alors suggéré le Dr Jacono. Quand elle l’a rencontré au début de 2020, elle a senti qu’il lui permettrait de respecter sa vision esthétique comme sa réalité financière. «Je savais que je pouvais lui dire de foncer. Et que le résultat serait naturel dans tous les cas.»

Sabrina conseille aux personnes qui envisagent de recourir à la chirurgie plastique de trouver le meilleur médecin qu’elles peuvent consulter. «C’est un gros engagement financier, mais après avoir investi bien du temps et de l’argent pour faire réparer une rhinoplastie bâclée, je peux affirmer que mettre le paquet en vaut amplement le coût», explique-t-elle en ajoutant qu’elle aimerait que les médecins soient plus transparents au sujet de leurs tarifs, question d’éviter les déceptions au moment de la consultation. Elle a passé une partie de l’année dernière à se remettre d’un lifting facial profond, d’un lifting des lèvres et d’un lifting des sourcils qui lui ont coûté près de 63 000 $. Elle est ensuite repassée sous le scalpel cinq mois plus tard pour faire retoucher en partie un de ses sourcils. «J’ai été traitée comme une célébrité, dit-elle. Le suivi a été formidable!» Elle en a aussi profité pour faire définitivement retirer le produit de remplissage sous ses yeux et réduire les coussins de graisse buccale de ses joues, en plus d’opter pour un lifting des paupières. «Je regrette de ne pas avoir tout fait en même temps.» D’après son expérience, s’associer à un professionnel en qui on a une confiance absolue peut aussi être rassurant quand vient le temps de traverser la période postopératoire. «C’est une véritable montagne russe émotionnelle. C’est normal de passer par l’incertitude, la colère et l’impatience. Mais après coup, on éprouve de la joie et on se demande ce qu’on pourrait bien faire ensuite.» La réponse devrait toujours venir de nous. «Si c’est quelque chose qu’on a envie de faire et qui nous permettra de nous sentir mieux dans notre peau, personne ne devait porter de jugement à ce sujet», conclut-elle. 

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