Votre peau tiraille, vous cause des démangeaisons ou une sensation de brûlure? Selon une étude internationale réalisée en 2019, de 60 à 70 % des femmes et de 50 à 60 % des hommes estiment avoir un épiderme sensible. Bien que répandu, cet état se manifeste de façon particulière chez chaque personne qui le vit. De l’avis de la Dre Renée Beach, dermatologue et fondatrice de la clinique DermAtelier on Avenue, à Toronto, la peau sensible ne répond pas à une définition unique, mais couvre un large spectre de symptômes internes et externes. «Parfois, c’est très clair – on peut voir de la rougeur, de l’enflure, de la desquamation ou, dans des cas plus graves, des ampoules apparaître sur la peau. Les choses se compliquent cependant lorsque les personnes ressentent des symptômes qui ne sont pas visibles, comme des picotements ou une sensation de brûlure», dit l’experte. Que la réaction cutanée soit visible ou non, il est crucial d’en déterminer la cause afin d’éviter qu’elle ne se reproduise.

Le microbiome, vous connaissez?

Essentiel au bon fonctionnement de l’épiderme, le microbiome est un écosystème invisible de «bonnes» et de «mauvaises» bactéries, naturellement présent à la surface de la peau. «Une peau sensible est synonyme de barrière cutanée endommagée, dit Fabiola de la Mora, formatrice régionale dans l’Ouest canadien pour Eau Thermale Avène. C’est un peu comme un mur de briques dans lequel se seraient formés des interstices: ce sont eux qui sont les plus exposés aux intempéries. Il faut donc les colmater. C’est la même chose pour la peau: en reconstituant les lipides et les céramides, qui construisent le ciment intercellulaire, on obtient une meilleure protection et donc une peau moins réactive.» Avoir une peau altérée et ne pas prendre soin de la réparer et de la protéger peut accentuer un problème inesthétique ou irritant, et mettre davantage en péril notre microbiome cutané. «Le microbiome est composé de trillions de bactéries, et ce sont surtout les bactéries saines qui nous protègent», explique Fabiola de la Mora. Les affections cutanées comme la rosacée ou la dermatite atopique (eczéma), dont souffrent de 15 à 20 % des Canadiens, sont souvent associées à un déséquilibre du microbiome. «Les dermatologues en apprennent de plus en plus sur cet écosystème, en particulier avec les patients [qui souffrent] de dermatite atopique, où une brèche s’est ouverte dans la barrière cutanée et agit comme le déclencheur d’une poussée inflammatoire», précise la Dre Beach. Mais selon Fabiola de la Mora, le microbiome de n’importe quelle personne peut être compromis, et lorsque des bactéries saines sont détruites, le système immunitaire de la peau – et donc sa capacité à se défendre et à se protéger – en est affecté.

Sur la piste

Pour localiser la source d’une réaction, il faut tenir compte de plusieurs éléments. «Les causes peuvent être multiples: le produit lui-même, des facteurs situationnels et des facteurs personnels peuvent contribuer à l’irritation de la peau», dit la Dre Beach. Une réaction peut se produire si une formule ne nous convient pas, mais aussi si on en fait usage dans de mauvaises conditions. «Il peut s’agir d’un parfum qu’on a utilisé sans problème par le passé, mais qui cause une réaction surprise aujourd’hui, parce qu’on transpire beaucoup ou qu’on porte un chandail dont le tissu, qui ne respire pas, devient un vecteur, précise la dermatologue. Utiliser un produit trop souvent ou en trop grande quantité, gratter notre peau après l’avoir appliqué ou ne pas le rincer adéquatement peut aussi contribuer à causer de l’irritation.»

Faire table rase

Pour aider les gens à trouver les déclencheurs de sensibilité de leur peau, Fabiola de la Mora commence toujours par leur demander quelles sont leurs habitudes. «Avec quoi nettoyez-vous votre visage? Qu’est-ce que vous utilisez sous la douche? Tout produit qui contient du savon va détruire le film hydrolipidique de la peau – un élément nécessaire à sa protection –, et il faut environ huit heures à notre corps pour le reconstituer.» En fait, l’impact des agents nettoyants est depuis longtemps un sujet d’intérêt en dermatologie. «En 2015, un groupe de microbiologistes a mené une étude dans laquelle ils ont demandé à deux volontaires de ne pas se laver et de ne pas appliquer de soins sur leur corps pendant trois jours. Après avoir prélevé plus de 400 échantillons, ils ont noté que l’ingrédient le plus souvent présent sur l’épiderme des volontaires était un reste de détergent», explique Sherna Bharucha, spécialiste torontoise de la visite médicale à Uriage Canada. On reste donc à l’affût de certains ingrédients comme les détergents agressants, les parfums naturels, certains extraits botaniques et les agents de conservation à base de formaldéhyde, qui «peuvent pénétrer la barrière cutanée, perturber le microbiome, et ainsi rendre la peau plus sensible, plus fragile et causer des rougeurs», ajoute la pro. Si notre épiderme présente l’un de ces symptômes, on devrait mettre de côté notre nettoyant pour le visage, notre gel douche, notre shampooing ou notre détergent à lessive habituels. C’est une première piste à explorer pour soulager notre peau.

«Le stress est absolument nocif pour nos cellules et nos organes... et la peau est le plus grand et le plus important organe du corps.»

Mieux vaut prévenir que guérir

Comprendre quels sont les ingrédients à proscrire peut également contribuer à réduire l’inflammation et les désagréments d’une peau sensible. En tête de liste? Les parfums, proscrits par tous les experts. Sherna Bharucha suggère également d’éviter les détergents et les acides trop puissants, et Fabiola de la Mora recommande de se tenir à l’écart des nettoyants et des exfoliants qui contiennent de l’alcool ou du savon. «Si votre épiderme est excessivement capricieux, vous pouvez choisir une formule sans rinçage, car certains minéraux présents dans l’eau du robinet peuvent, eux aussi, irriter la peau», rappelle-t-elle.

Dans sa pratique, la Dre Beach constate aussi que certains extraits botaniques populaires souvent recommandés pour les peaux capricieuses, comme le calendula et l’hamamélis, sont une source fréquente de réactions cutanées. «Il y a une demande indéniable de la part des patients pour des produits contenant des ingrédients naturels, mais ce terme («naturel») peut être interprété de bien des façons. Parfois, je dois aller à l’encontre de leurs désirs – mon objectif est de déterminer la meilleure formule pour leur peau d’un point de vue médical.» Si on a un doute sur la façon dont notre épiderme réagira à un nouveau produit, on ne prend pas de risque et on effectue un test épicutané à l’intérieur de notre bras avant de se lancer.

Le facteur stress

Le stress – qu’on a éprouvé plus que jamais dans la dernière année et demie – peut également jouer un rôle important dans la sensibilité de notre peau. «Le stress est absolument nocif pour nos cellules et nos organes… et la peau est le plus grand et le plus important organe du corps», dit Fabiola de la Mora. Tout au long de la pandémie, elle a noté une augmentation du nombre de gens qui ressentaient un inconfort cutané. «De nombreuses personnes m’ont jointe pour me dire que leur peau avait changé, qu’elle présentait des rougeurs, qu’ils éprouvaient une sensation de brûlure, des picotements et des tiraillements», explique-t-elle. Même son de cloche chez Sherna Bharucha: «La pandémie a exposé notre peau à des conditions jamais vues auparavant. Cette situation, doublée du port du masque, a créé les conditions idéales pour que les épidermes traditionnellement normaux soient perturbés et entraînent une augmentation du «maskné» [contraction des mots anglais mask et acne], et une sensibilité cutanée accrue en général.» La dermatologue Renée Beach rappelle toujours certains principes biologiques de base lorsqu’elle traite des patients aux prises avec une peau réactive: «Dans des circonstances moins qu’idéales, n’importe qui peut développer une irritation ou une plus grande sensibilité. La réalité, c’est que notre peau change. Elle évolue aussi selon les saisons et au cours du processus de vieillissement, et ça peut parfois être difficile à accepter.»

L’examen de routine

La meilleure façon de traiter les peaux sensibles? Adopter l’approche less is more. «En privilégiant des produits qui contiennent moins d’ingrédients, on sait d’emblée quels sont les actifs puissants dans les formules. C’est l’idéal!» reconnaît la Dre Beach. «Je conseille de choisir un nettoyant qui contient de 10 à 20 ingrédients, et pour les hydratants, je réduirais la liste à 12 ingrédients et moins. Quand on utilise des formules dont la liste d’ingrédients comprend 30 ou 40 ingrédients, on augmente le risque qu’elles renferment des agents irritants et produisent des réactions croisées.» Lorsque vient le temps de renforcer la barrière cutanée et d’augmenter notre degré d’hydratation, elle conseille de privilégier les petits pots qui contiennent de la glycérine, un produit humectant de choix, de l’hyaluronate de sodium, une petite molécule dérivée de l’acide hyaluronique, du beurre de karité et des céramides. «Ces derniers aident à calmer et à assouplir la peau, tout en emprisonnant l’humidité.»

On n’arrête pas le progrès

Depuis la récente expansion des gammes ciblant les besoins des peaux délicates et sensibles, les ingrédients biotiques – qui favorisent un microbiome sain – mènent le bal en matière d’innovation. La nouvelle gamme Bariéderm-Cica Daily, d’Uriage, associe l’inuline, un prébiotique extrait de la racine de chicorée et de l’agave, à la Centella asiatica, une plante réparatrice de confiance, également appelée cica. «Riche en antioxydants, la Centella asiatica, ou herbe du tigre, est mélangée à de l’eau thermale, à de l’acide hyaluronique et à de la vitamine B5 pour aider à renforcer la barrière cutanée sur les plans physique, inflammatoire et microbiologique», dit Sherna Bharucha. Du côté d’Eau Thermale Avène, c’est le D-Sensinose, un postbiotique issu du microbiote de l’eau thermale apaisante de la marque, qui vole la vedette dans la nouvelle gamme Tolérance Control. «Il a la capacité de bloquer la transmission des signaux de douleur et d’inflammation par le cerveau, et son effet apaisant sur les picotements et les brûlures des peaux hyperréactives se fait sentir en 30 secondes seulement, que vous soyez né avec une peau de ce type ou que votre sensibilité se soit accrue au cours des 18 derniers mois», précise Fabiola de la Mora. 

À l’aise

Avec tout ce savoir en poche, il reste un élément à prendre en considération pour traiter notre peau sensible de la plus douce des façons: la patience. Bien qu’une réaction puisse survenir en un instant, l’épiderme a besoin de temps pour se réparer. C’est en le soutenant à son rythme qu’on s’assure d’être bien dans sa peau à long terme.

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