L’année Gabrielle

On recourt souvent au surnom de Coco quand on évoque l’iconique créatrice de la griffe Chanel. Cependant, cette année, la maison réhabilite son prénom, Gabrielle, et lui rend hommage en baptisant ainsi deux créations exclusives: un sac à main lancé juste à temps pour la saison printemps-été 2017 et un parfum féminin, qui verra le jour en septembre prochain. Car des décennies après son décès, Mademoiselle Chanel continue d’intriguer et d’envoûter, voire de subjuguer…

Le it-bag

Révélé lors du défilé printemps-été 2017 de Chanel, le sac à main Gabrielle, conçu par Karl Lagerfeld, est arrivé en boutique en février. Son design? Une base rigide, un corps souple en cuir matelassé et une double chaîne métallisée, qui permet de le porter de multiples façons (sur l’avant-bras, à la main, sur l’épaule, en bandoulière, etc.). Ses ambassadeurs? Kristen Stewart, Cara Delevingne, Caroline de Maigret et Pharell Williams. Ses fans? Naomi Watts, Liu Wen, Irene Kim et Lily Allen. 

La fragrance

Gabrielle, c’est l’élégance, le caractère et la passion mis en bouteille. Parsemé de fleurs blanches (ylang-ylang, jasmin, fleur d’oranger, tubéreuse de Grasse), son bouquet est rehaussé de frais accords hespéridés (écorce de mandarine, zeste de pamplemousse, trace de cassis) et d’enveloppantes notes boisées (muscs blancs, bois de santal). Aussi inspiré qu’unique, ce nouvel effluve intemporel, mais résolument moderne, fait dans la douceur en incarnant la féminité dans ce qu’elle a de plus pur, de libre et d’absolu.

Gabrielle parfum Chanel

 

Gabrielle, de Chanel (183 $ les 100 ml d’eau de parfum).

Le parfumeur

Afin de percer le mystère Gabrielle, nous avons posé nos pénates dans la Grosse Pomme au printemps dernier, et sommes allées à la rencontre de son chef d’orchestre olfactif, Olivier Polge, nez surdoué et parfumeur maison chez Chanel depuis 2015.

Comment décririez-vous ce nouveau jus? Je dirais que c’est une composition florale, lumineuse, rayonnante et féminine.

Quel en a été le processus de création? J’ai eu beaucoup de chance: Chanel m’a laissé une grande liberté d’action, me donnant ainsi la possibilité de créer LE parfum que j’imaginais. Cela dit, j’ai tenu à respecter l’esprit de la maison en utilisant des fleurs comme matières premières et en les agençant de façon inédite.

Combien de temps vous a-t-il fallu pour mettre au point ce parfum? Plusieurs années! J’ai pris mon temps afin d’avoir toute la latitude nécessaire pour évaluer l’identité de la fragrance, sa diffusion, etc. Il est primordial d’avoir suffisamment de recul si on désire créer un effluve qui aura une durée de vie qu’on espère très longue! 

Est-il complexe d’«embouteiller» une personnalité telle que celle de Gabrielle Chanel? Je ne suis pas certain qu’il soit possible d’emprisonner dans un flacon l’essence d’une personne. Mais il est clair que je me suis inspiré des différentes facettes de sa personnalité pour fignoler cette fragrance. Il y a des choses importantes – et bien senties! – à dire sur cette femme fascinante. Notamment qu’avec elle, on n’est jamais dans la nostalgie, mais plutôt dans la modernité. On regarde toujours vers le futur. 

Jusqu’à quel point a-t-il été facile de transposer en notes le style iconique de Gabrielle Chanel? C’est plutôt simple, tout compte fait! Ce qui, en mode, est fait de matelassé, de chaînes métallisées et de camélias (les plus importants symboles de la griffe), a été traduit, en parfumerie, par le jasmin, l’ylang-ylang et une pointe d’iris (les notes vedettes du célèbre No 5). On a gardé ces notes mythiques, qu’on a simplement agencées différemment afin d’écrire une nouvelle mélodie.

Lorsque vous avez commencé à travailler au parfum Gabrielle, avez-vous senti que vous deviez innover ou, au contraire, vous inscrire dans la continuité des grands succès de la maison, No 5 en tête? Un mélange des deux, je dirais. C’est drôle: on me parle souvent du poids de l’histoire d’une maison comme Chanel. Or, cet héritage est plutôt un terrain fertile à l’éclosion d’une multitude de nouvelles idées!

Il s’agit du premier parfum féminin inédit de Chanel en quinze ans. Stressante mission ou défi emballant? Je parlerais plutôt d’une forme de pression positive! C’est certain qu’il s’agit d’un moment phare pour nous. Je travaille chez Chanel depuis près de trois ans maintenant, et j’ai commencé à plancher sur cet effluve dès mon entrée en poste! Il me tarde donc de voir la réaction que suscitera ce jus…

À quel type de femme Gabrielle s’adresse-t-elle? Je crois que ce parfum plaira surtout à celles qui aiment les fleurs blanches et qui ont un caractère affirmé ou qui sont plutôt extraverties.

Comment suggérez-vous de porter cette fragrance? Je pense que vous pouvez tout à fait vous «habiller» en Gabrielle à toute heure du jour et de la nuit, puisqu’il s’agit d’un parfum simple et complexe à la fois. Et pour citer Mademoiselle Chanel elle-même, j’ajouterais: «Parfumez-vous là où vous souhaitez être embrassée!»

Comment définissez-vous la signature des parfums Chanel? Florale, abstraite, assez opulente et très féminine.

Comment fait-on son chemin dans l’univers de la parfumerie après le passage d’un père aussi célèbre et prolifique que le vôtre? [Jacques Polge est également parfumeur maison
chez Chanel et a entre autres créé Coco, Coco Mademoiselle, Allure Homme, Chance et Bleu.] Ce lien de parenté m’a ouvert plus de portes qu’il ne m’en a fermées. C’est grâce à mon père que j’ai pu faire les bonnes rencontres afin d’apprendre l’abc de ce métier. Et nous avons réussi, l’un comme l’autre, à emprunter deux chemins de carrière complètement séparés… jusqu’à mon arrivée chez Chanel! 

La muse

Gabrielle Chanel était, avant toute chose, une femme libre. Une amoureuse, une passionnée, une insoumise, une créatrice hors-norme qui faisait fi des conventions et des obstacles qui se dressaient sur son chemin. Femme de tête, courageuse et avant-gardiste, elle a révolutionné le style vestimentaire et amené une nouvelle forme de féminité, incitant les femmes du monde entier à se libérer des codes imposés et à vivre par elles-mêmes, pour elles-mêmes. Toutes ces facettes de la personnalité plus grande que nature de Mademoiselle Chanel sont mises en relief dans ce nouveau parfum floral solaire, qui a tout pour plaire.

L’égérie

Surprise, surprise! C’est à l’actrice Kristen Stewart, qui a rejoint la maison Chanel à titre d’ambassadrice en 2013, que revient l’insigne honneur d’incarner cette nouvelle fragrance féminine, dans une campagne publicitaire réalisée par le cinéaste britannique Ringan Ledwige et le photographe français Karim Sadli.

Le flacon

En verre ultrafin et léger comme l’air, sa bouteille laisse rayonner pleinement le jus. Et la couleur du lamé mat du capot, à la frontière de l’or et de l’argent, est directement inspirée des tissus haute couture conservés au patrimoine de la maison Chanel. Chicissime, élégantissime… Chanelissime, quoi!