Tout a sérieusement commencé en 1985, avec la révolution des liposomes: grâce à l’encapsulation, les principes actifs des cosmétiques sont mieux protégés et libérés plus lentement, d’où une meilleure pénétration dans l’épiderme. À partir de 1990, on fait le plein de vitamines (A, E, C) et d’antioxydants, pendant que les AHA nous font de l’œil. Aujourd’hui, les ingrédients-vedettes sont biomimétiques (leur structure s’apparentant à celle des molécules du tissu cutané): ils visent non seulement à pallier nos manques, mais aussi à aider la peau à relancer d’elle-même ses propres mécanismes de régénération. Petit tour d’horizon des éléments actifs de pointe.

LES VITAMINES
Elles hydratent et adoucissent (vitamine E, provitamine B5), améliorent l’éclat du teint (vitamine C active ou L-ascorbique, la seule assimilable par la peau), stimulent le renouvellement cellulaire et la production de collagène (vitamine A pure, également appelée rétinol) et luttent de manière générale contre les radicaux libres. La nouveauté? On parvient désormais à mélanger des molécules a priori incompatibles, comme le rétinol et la vitamine C.

Où les trouver? Dans Reti-C, de Vichy, Active C, de La Roche-Posay, Rétinol A-C-E, de RoC, et Ystheal , d’Avène.

LES AHA (acides alpha-hydroxy)
Ces acides apparus il y a 15 ans provoquent une exfoliation naturelle atténuant les taches brunes et stimulant la production du collagène. Efficaces, ils peuvent toutefois s’avérer irritants en raison de leur vitesse de pénétration. Il existe plusieurs sortes de AHA, les plus connus étant les acides de fruits (issus notamment de la pomme, du raisin et des agrumes), l’acide lactique (dérivé du lait) et l’acide glycolique (provenant de la canne à sucre).

Où les trouver? Dans les produits NeoStrata et Reversa, et dans ceux de la gamme Pore Refining, de Neutrogena.

LES BHA (dont l’acide salicylique)
Moins irritants que les AHA, ils procurent le même effet et redonnent de l’éclat aux teints ternes (avec une concentration minimale de 0,5 %). Ils sont souvent employés pour contrer les imperfections sur les peaux grasses ou à tendance acnéique.

Où les trouver? Dans Total Turnaround, de Clinique.

LES CÉRAMIDES
Il s’agit de corps gras qui font écran, permettant ainsi à la peau de conserver ses lipides et son taux d’hydratation. On les utilise encore couramment. Sur le marché, les céramides les plus récents sont les céramides 6.

Où les trouver? Dans Ceramide, d’Elizabeth Arden, et Céramide confort, de G.M. Collin.

LES POLYPHÉNOLS
Ces puissants antioxydants constituent de véritables antimissiles pour lutter contre les attaques des radicaux libres. Après l’engouement du thé vert servi à toutes les sauces, la mode s’est tournée vers le thé blanc, plus rare, le cacao et les polyphénols de raisin. Le dernier en lice, le resvératrol (issu des sarments de vigne), est encore plus puissant… et plus coûteux aussi!

Où les trouver? Dans les produits Origins (thé blanc), dans Phytochoc, de Nuxe (cacao), Hydra-City, de Lise Watier, et les produits Caudalie (polyphénols de raisin).

LE LYCOPÈNE
Provenant du pamplemousse rose, des tomates, de la pastèque ou de la peau des raisins noirs, c’est un antioxydant qui agit notamment contre les effets du soleil sur la peau.

Où le trouver? Dans Impactive, de Lancôme

Photo: André Doyon

 

LA COENZYME Q10 (ubiquinone)
Un antioxydant réputé pour revitaliser l’épiderme et relancer efficacement le processus de régénération cutanée.

Où la trouver? Dans Q10 Avancé, de Nivea Visage.

LES ISOFLAVONES (ou phytohormones)
C’est le must des trois dernières années, à la faveur des baby-boomers qui font exploser le marché de la ménopause. Ces molécules végétales (de soja, d’iris, d’igname sauvage) possèdent une activité similaire à celles d’hormones naturelles dont le taux chute avec l’âge (dès la préménopause). Les isoflavones permettent de relancer le métabolisme cellulaire quand les tissus sont privés de cette impulsion hormonale.

Où les trouver? Dans Novadiol, de Vichy, Substantific Issima, de Guerlain, Vitaroma Lift total, de Decléor, et Absolue, de Lancôme.

LES EAUX
Elles sont riches en minéraux et en oligoéléments, et elles demeurent très attrayantes. À côté de sources thermales réputées depuis longtemps pour leurs produits de soins, de nouveaux crus dans ce domaine (comme Evian) font de belles percées, tandis que d’autres jaillissent d’endroits aussi inusités que les volcans.

Où les trouver? Dans les produits Avène, La Roche-Posay, Vichy, Evian, et ceux de la gamme Revolcanic, de Lancaster.

LES ALGUES
Le monde sous-marin est un gigantesque réservoir d’ingrédients actifs inexplorés. Les algues des océans produisent d’ailleurs 50 % de l’oxygène de la planète! Certaines marques les utilisent en priorité depuis longtemps…

Où les trouver? Dans les produits Phytomer, Biotherm (avec plancton thermal), dans Supra Sérum haute exigence, de Clarins, et Future Solution, de Shiseido.

LES EAUX CELLULAIRES
Ces eaux, qui recréent le liquide intercellulaire dans lequel baignent nos cellules cutanées forment une catégorie à part. La molécule d’eau cellulaire, déjà présente dans le ventre de la mère, est un principe actif qui contribue à l’élaboration des premières cellules de l’embryon.

Où les trouver?
Dans Aqua Fusion, de Lancôme, et Eau cellulaire, d’Esthederm.

LA DHEA(déhydroépiandrostérone)
Si la fameuse «hormone qui aide à mieux vieillir» est interdite en cosmétologie, ses principes actifs – dont la structure est analogue – sont autorisés, puisqu’ils peuvent stimuler sans pour autant entraîner de transformation hormonale.

Où trouver ses principes actifs? Dans la crème Age Expert, d’Yves Saint Laurent.

Photo: André DoyonLE BONHEUR EST DANS LE POT!
Qui n’a jamais observé l’éclat d’une femme bien dans sa peau ou le rayonnement d’une future maman? Le plus puissant des «embellisseurs» serait donc le bien-être intérieur… et la neurodermatologie tend à le démontrer.

En effet, la peau, tout comme le cerveau, peut secréter des endorphines qui se répandent dans le corps et luttent contre les premiers signes de vieillissement. D’où l’idée de Guerlain de formuler des pro-endorphines pour accélérer la formation des endorphines dans l’épiderme.

Ce n’est pas un hasard si depuis 10 ans les laboratoires misent beaucoup sur la polysensorialité de leurs produits. Ainsi, le parfum de certaines crèmes entraînerait un relâchement qui optimise l’efficacité du soin. Chez Shiseido et Decléor, l’odorat est même mis à contribution pour stimuler le déstockage des graisses! Posséderons-nous un jour des eaux de toilette antirides? Tous les espoirs sont permis!ET LES CRÈMES DU FUTUR?
«On peut avoir l’impression qu’il existe de plus en plus d’ingrédients actifs, alors qu’en fait leur éventail se rétrécit tant l’approche toxicologique est lourde pour faire approuver une molécule. J’étudie 50 dossiers par an pour n’en retenir qu’un ou deux», explique Patrice André, directeur Ingrédients actifs et Ethnobotanique chez Christian Dior. Chose certaine, les vitamines resteront des piliers, et le monde végétal a encore beaucoup à offrir. L’engouement pour les oméga-3 s’emparera-t-il aussi de nos crèmes? «C’est fort probable, mais il ne faut pas oublier que les oméga-6 sont tout aussi importants sinon plus, car ils possèdent en outre des propriétés d’hydratation», ajoute-t-il.

Autres substances à ne pas négliger: les minéraux, notamment les pierres semi-précieuses qu’on commence à exploiter en cosmétologie. Par ailleurs, on avalera des compléments nutritionnels aux vertus antirides (L’Oréal et Nestlé se sont lancés dans l’aventure avec Innéov Fermeté), tout en buvant un grand verre d’eau d’Avène (on songe à embouteiller l’eau thermale). Notre capital génétique, lui, sera plus que jamais sur la sellette: ARN (acide ribonucléique) et tyrosinase (précurseur de bronzage) sont des termes qui nouschatouilleront les oreilles. Les organismes dits «natifs» ou «primitifs» (c’est-à-dire préservés dans leur état originel) deviendront un must, qu’ils viennent du fond des mers ou des étendues arctiques (l’Islande semble être un terrain de chasse très convoité). Notre système immunitaire fera l’objet de toutes les attentions et il se pourrait bien que la sève d’érable made in Canada soit de plus en plus appelée à notre rescousse…