Vous avez dit «milléniaux»?

Ceux qu’on surnomme aussi les «Y» ou les «membres de la génération Y» sont nés, si l’on en croit la grande majorité des chercheurs, entre les années 1980 et 2000. À eux seuls, ils composent 25 % de la population québécoise et 30 % de la population mondiale, selon l’Institut de la statistique du Québec. Créatifs, curieux et ambitieux, ils maîtrisent le web 2.0, sont accros aux réseaux sociaux et jouent de leur pouvoir d’achat de façon très singulière. «La génération Y consomme différemment des générations précédentes, affirme Jean-François Ouellet, Ph. D. et professeur agrégé en marketing à HEC Montréal. En effet, elle déteste perdre temps et énergie à magasiner ses produits et services courants (épicerie, articles de toilette, équipements technologiques), pour lesquels elle se tourne d’emblée vers le web. En revanche, c’est une génération qui carbure aux expériences: ce qu’elle n’achète pas en ligne, elle veut se le procurer dans un environnement d’achat qui lui fait ressentir une émotion, qui l’incite à se brancher avec des gens qui lui ressemblent, ou qui lui permet d’apprendre quelque chose de nouveau. C’est la plus importante cohorte générationnelle depuis celle des baby-boomers, poursuit l’expert. Par conséquent, c’est celle qui devient la plus importante aux yeux de certaines grandes marques.»

Cela dit, les milléniaux n’achètent pas n’importe quoi pour autant, surtout lorsqu’il est question de mode et de beauté. «Chaque génération mise sur son apparence, et les Y n’y font pas exception, fait valoir Jean-François Ouellet. Cependant, leur conception de la beauté est différente de celle de leurs parents; cette génération n’emprunte pas les mêmes codes qu’eux. Le maquillage et la mode vestimentaire se font plus discrets, ce qui représente un défi de taille pour les marques de luxe qui voudraient bien les voir oser davantage. Certes, les milléniaux dépensent beaucoup pour les choses qu’ils jugent importantes — un parfum, des lunettes de soleil, un t-shirt ou LA crème BB en vogue —, mais ils ne gaspillent pas leur argent pour se procurer des produits qu’ils jugent superflus, comme une voiture, des meubles dernier cri ou même une maison.» Difficile, donc, de les séduire. Pour y arriver, bon nombre de labels beauté, tels Clarins, Lierac, Lancôme, L’Oréal Paris, Clinique et Nuxe, ont eu la bonne idée de formuler des cosmétiques adaptés à leurs besoins ciblés et dotés d’une séduisante sensorialité.

Un mode de vie effréné

Quelles sont les principales préoccupations des milléniaux? «La génération Y est constamment stimulée et sollicitée, que ce soit au boulot, dans l’intimité ou sur les réseaux sociaux. D’ailleurs, la frontière qui sépare les sphères professionnelles et sociales des milléniaux est de plus en plus mince, estime la Dre Stéphanie Léonard, psychologue. Les femmes de cette génération ont beaucoup de difficulté à s’arrêter. Elles se sentent mal à l’aise dès qu’elles prennent du temps pour elles, que ce soit pour dresser un bilan ou pour réfléchir à ce qu’elles veulent. Dans la foulée, elles se mettent à souffrir d’anxiété et prennent des décisions spontanées, pas toujours heureuses. Par exemple, précise la psychologue, bon nombre quittent leur emploi après une altercation avec leur supérieur ou laissent leur chum dès la première embûche.»

C’est aussi pendant la trentaine que les femmes sont les plus ambitieuses au boulot, qu’elles cherchent à se mettre en couple pour de bon, qu’elles tombent enceintes et qu’elles consolident leurs amitiés. Ouf! Et comme si ce n’était pas assez, elles doivent aussi rembourser leurs prêts étudiants, payer leur premier condo et apprendre à gérer leurs budgets. Bref, elles croulent sous de lourdes responsabilités et une grosse pression économique, et vivent des niveaux de stress très élevés, qui se traduisent le plus souvent par un manque chronique de sommeil, un grand sentiment de fatigue et d’anxiété et, au fil du temps, une sensation de vieillissement prématuré (teint froissé, peau flasque, cernes et poches).

Une peau stressée et fatiguée

«Parce que les jeunes femmes d’aujourd’hui ont tendance à être à la fois actives, productives, impliquées socialement et touche-à-tout, elles relèguent souvent au second plan le sommeil et la détente, affirme le Dr Jean-François Tremblay, dermatologue et directeur médical de la clinique MédIME, à Montréal. Or, elles désirent quand même prévenir le vieillissement de leur peau. La protection solaire et les soins de beauté à base d’antioxydants, de peptides et de vitamines, ainsi qu’une saine alimentation et un corps en santé, priment à leurs yeux. À l’occasion, elles font même appel aux injections et aux traitements au laser afin de corriger les premiers signes de l’âge et de prévenir les dégâts.»

Quels sont donc ces «dégâts» qui préoccupent autant les femmes de la génération Y? Parmi les problèmes cutanés qui affligent le plus les milléniaux, notons l’acné adulte, la surproduction séborrhéique, les pores dilatés, les ridules, la rosacée, les taches de soleil et le teint brouillé. Et comment expliquer le fait que certaines Y conservent plus longtemps une peau de bébé, alors que d’autres accusent plus brutalement et rapidement le poids des années, bien qu’elles soient dans la fleur de l’âge? «Le vieillissement de la peau est dû à 80 % à des facteurs extrinsèques (soleil, stress, tabagisme, malbouffe, manque de sommeil et d’exercice physique) et à 20 % à des facteurs intrinsèques (biologie humaine), explique le Dr Jean-François Tremblay. Quand il est question de qualité de l’épiderme, il est aussi vrai d’affirmer que la génétique joue pour beaucoup. Mais le style de vie a une incidence tout aussi déterminante. Pour prévenir le vieillissement cutané, il est primordial de se protéger des rayons UV, de s’accorder des moments de repos, de bien manger et de s’entraîner à intervalles réguliers.»

4 problèmes cutanés et les réflexes à adopter pour secourir notre peau

Problème #1: «Le stress me joue des tours…»

L’ennemi n°1 des milléniaux est la source d’importants problèmes récurrents comme l’acné, la rosacée, l’eczéma et le psoriasis, de même que le vieillissement cutané prématuré (qui rend la mine fatiguée et le teint terne, et qui creuse rides et pattes d’oie). D’autres bobos de la peau dont le stress est la cause première? Les rougeurs, les comédons et les ridules de déshydratation.

Le remède facile? 

Pour soigner la sécheresse, la sensibilité accrue et le teint brouillé des peaux stressées, on mise sur des composants hydratants (acide hyaluronique, glycérine) qui «repulpent» la peau, sur des actifs tout-puissants (peptides) qui protègent le film hydrolipidique et sur des ingrédients antioxydants (vitamine C, thé vert, resvératrol) qui servent de bouclier contre les agressions du quotidien.

La bonne astuce?

«Pour un effet rafraîchissant et liftant immédiat, on range notre soin contour des yeux au réfrigérateur. Puis, en appliquant le produit matin et soir, on effectue des pressions délicates de trois à cinq secondes tout autour des yeux, avec la pulpe des doigts. Ce geste tout simple stimule la circulation sanguine et lymphatique, de façon à réduire l’apparence et la récurrence des poches tout comme celle des cernes», explique Régine Perron, directrice du développement des spas chez Clarins.

Problème #2: «Je manque cruellement de temps…»

Notre rythme de vie effréné nous laisse peu de temps à consacrer à nos soins cutanés et à notre mise en beauté? Et c’est davantage en compagnie d’un thé vert et non d’un masque hydratant qu’on a envie de passer notre seul moment de détente lors des matins pressés? Pas de panique! On a la solution.

Le remède facile?

À nous les produits pensés pour accélérer le rituel beauté (petits pots tout-en-un, fluides perfecteurs, crèmes à absorption rapide et soins qui s’appliquent en un clin d’œil)! On dit aussi oui aux formules qui «boostent» l’éclat du teint et qui favorisent l’oxygénation cellulaire.

La bonne astuce?

«Deux façons futées d’incorporer exfoliation et hydratation à notre routine beauté, même si on a peu de temps à lui consacrer: 1) Pendant qu’on laisse notre revitalisant capillaire agir, on exfolie notre visage sous la douche à l’aide d’un gommage doux à usage quotidien; 2) Deux à trois fois par semaine, on se tartine de masque hydratant avant d’aller se coucher, puis on essuie les résidus de produit une fois le matin venu», suggère Régine Perron.

Problème #3: «Mes hormones s’emballent encore…»

On croit souvent l’acné réservée aux adolescents. Or, bien des femmes voient leur acné juvénile perdurer jusqu’à leurs 40 printemps, tandis que d’autres voient soudainement leur mâchoire, leur menton et leurs joues parsemées de boutons à 25, 30 ou même 35 ans. Le profil le plus à risque? Celui des filles qui ont naturellement la peau grasse et qui connaissent des fluctuations hormonales (la faute, entre autres, aux grossesses et à certaines médications, comme les anovulants).

Le remède facile?

Pour traiter l’acné adulte, il est recommandé de se laver le visage deux fois par jour avec un nettoyant doux, et d’utiliser d’une à deux fois par semaine seulement (il faut à tout prix éviter de stimuler la production de sébum) un exfoliant désincrustant afin de nettoyer les pores en profondeur et d’affiner le grain de peau. Finalement, on n’oublie pas d’hydrater notre visage au quotidien avec une crème enrichie d’ingrédients décongestionnants, comme de la vitamine A, de l’acide salicylique, du charbon et du thé blanc.

La bonne astuce?

«Chez la femme adulte, contrairement à l’adolescente, l’acné est rarement causée par les bactéries, mais plutôt par une inflammation. Et puisque cette dernière surgit à la suite d’une agression, on doit être douce avec sa peau et la nettoyer de préférence au moyen d’un produit sans rinçage plutôt aqueux que laiteux, ou alors composé de probiotiques qui préservent l’écosystème cutané et stimulent ses défenses naturelles, explique Janie Lelièvre, experte chez Lierac. Et attention aux idées reçues: beaucoup de femmes à la peau acnéique hésitent à hydrater leur épiderme. Or, une peau déshydratée produit un surplus sébum. Pas du tout l’effet souhaité!»

Problème #4: «J’ai les pores de plus en plus dilatés…»

Ce problème est attribuable à deux causes: l’hyperséborrhée et la parakératose. Dans le premier cas, les pores se dilatent sous l’effet d’un trop-plein de sébum. Et ce sont surtout les peaux jeunes qui en font les frais. Dans le second scénario, le renouvellement cellulaire ralentissant avec l’âge, des cellules mortes s’agglutinent à la surface de la peau et se rigidifient contre la paroi des pores. Conséquences: les pores se déforment, se creusent et s’agrandissent.

Le remède facile?

On adopte des produits flouteurs (les fameux «blurs»), des lotions astringentes, des masques désincrustants à l’argile et des crèmes qui minimisent l’apparence des pores tout en étant dotées d’une protection solaire élevée (FPS 30 et plus). Pourquoi? Parce que les rayons UV, combinés aux radicaux libres, affaiblissent le collagène et l’élastine, dont le mandat est de soutenir la peau. S’ensuivent un relâchement cutané et un élargissement visible des pores. L’emploi d’un écran solaire, même à l’automne et à l’hiver, est donc essentiel.

La bonne astuce?

«Les pores dilatés sont principalement dus à une fatigue cutanée. Pour y remédier, on évite les carences en mangeant de façon équilibrée, suggère Janie Lelièvre. On fait aussi le plein d’oxygène en pratiquant des sports de plein air et on tente de dormir suffisamment (un minimum de 7 heures quotidiennement)».

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