Les adeptes de soins de la peau ont vu le mot «biomimétisme» prendre d’assaut leurs crèmes et leurs petits pots ces derniers temps, mais qu’est-ce qu’il signifie exactement? «Le biomimétisme désigne des techniques et des produits qui sont développés en faisant appel à l’ingénierie, à la biologie et à la chimie afin de reproduire les processus biologiques naturels du corps», dit la Dre Renee A. Beach, dermatologue et fondatrice de DermAtelier on Avenue, à Toronto. La nature fait bien les choses — elle a dû résoudre un nombre incalculable de problèmes au cours des 3,8 milliards d’années d’évolution de la vie sur Terre. Pourquoi ne pas l’étudier et carrément la copier afin de trouver des solutions à nos problèmes cutanés?

Concrètement, ces molécules faites d’ingrédients naturels ou synthétiques ont une structure identique ou presque à celle des molécules produites par l’organisme, ce qui leur confère la même fonction biologique. «En copiant une molécule fabriquée naturellement par le corps ou en simulant la structure de la peau ou des cheveux, on garantit une certaine performance», dit le Dr Lionel Ripoll, professeur en cosmétologie au Département des sciences fondamentales de l’UQAC. L’acide hyaluronique, naturellement présent dans la peau, les cheveux et les ongles, est un bon exemple: ses propriétés humectantes sont couramment répliquées dans des molécules synthétiques ou tirées d’ingrédients marins considérés biomimétiques. «Dans les formulations biomimétiques, la concentration des ingrédients correspond à la composition de nos propres protéines et de nos propres acides naturels, dit la Dre Renee A. Beach. Ainsi, un sérum concentré à 1 ou à 2 % d’acide hyaluronique facilitera l’absorption de la molécule dans le derme, où elle s’intégrera à l’acide hyaluronique déjà présent afin d’hydrater davantage la peau.» 

S’inspirer du passé pour bâtir l’avenir

Léonard de Vinci a étudié le vol plané des oiseaux pour mettre au point des machines volantes; le Velcro a été inventé d’après les minuscules crochets des fruits de bardane, destinés à faciliter la dispersion des graines; les chercheurs analysent depuis toujours les mécanismes biologiques pour trouver leurs prochaines cibles thérapeutiques. Le biomimétisme n’est donc pas un concept nouveau; l’industrie des cosmétiques l’explore depuis longtemps. Dans les années 1980, les gammes Niosome, de Lancôme, et Capture, de Dior, exploitaient déjà cette technologie. «Elles ont été les premières sur le marché à commercialiser les phases lamellaires, des crèmes fabriquées à l’image de la structure de la peau pour permettre une plus grande compatibilité avec elle», explique le Dr Lionel Ripoll. Cette technologie a par la suite été appliquée aux soins capillaires, notamment l’actif biomimétique du ciment intercellulaire de René Furterer, lancé en 2017, qui maintient la cohésion de la fibre capillaire afin de prévenir la déshydratation. Mais c’est la marque K18 qui a véritablement mis le biomimétisme sur toutes les lèvres en 2020, quand elle a mis au point son fameux masque à réparation moléculaire. S’il est rapidement devenu viral sur TikTok et élevé au rang de «sauveur de vie» par de nombreuses célébrités et beautistas, c’est grâce à un peptide de taille et de structure similaire à la kératine naturelle qu’il contient, permettant de réparer les dommages causés à la fibre capillaire.

Depuis, le biomimétisme est davantage utilisé dans les campagnes marketing. Une stratégie ingénieuse, selon le Dr Ripoll, car cette innovation est bénéfique sur tous les plans en cosmétique: «Pour les scientifiques, ça garantit un certain taux de succès, car le pourcentage d’efficacité est plus élevé avec une molécule qui mime un mécanisme naturel qu’avec une molécule sélectionnée au hasard. Pour les fabricants, c’est une histoire séduisante qui contribue à la promotion de leurs produits. Pour le consommateur, c’est un concept facile à comprendre et un gage de qualité.» Les soins biomimétiques ont aussi le potentiel d’être plus durables que leurs équivalents traditionnels, notamment si on les fabrique entièrement avec des ingrédients synthétiques au lieu de devoir s’approvisionner en ressources naturelles non renouvelables et coûteuses en énergie. Comme toute chose, leur impact sur l’environnement doit comptabiliser toutes les étapes du processus de fabrication, des ingrédients à l’emballage.

Miser sur la multiexpertise

Pour Katia Ravard, responsable du biomimétisme au sein du groupe Pierre Fabre, cette technologie n’en est qu’à ses débuts: «L’innovation biomimétique peut toucher tous les domaines: les actifs, les ingrédients de la formulation, l’art de la galénique, les concepts scientifiques et les procédés mis en œuvre, entre autres.» La prochaine étape? S’allier à davantage d’expertises professionnelles qui étudient le biomimétisme afin d’échanger des trouvailles pouvant s’appliquer aux cosmétiques. «Scientifiques, ingénieurs, urbanistes, écologues, sociologues, organismes publics doivent travailler en collaboration. Comme le vivant nous le montre, il ne fonctionne jamais seul: tout est lié dans un équilibre bénéfique au fonctionnement des écosystèmes.» 

Sérum Antitache Intensif Skin-Unify Intensive, Filorga

 

Son peptide biomimétique partage les propriétés antioxydantes d’un polyphénol qui abonde dans le thé vert. En combinaison avec de la vitamine C et des extraits de racine de réglisse et d’algue, il neutralise les radicaux libres responsables de l’apparition des taches pigmentaires.

 

Prix: 98 $

 

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Crème Hydratante Tolerance Hydra-10, Avène

 

Cette crème entièrement fabriquée avec des ingrédients biomimétiques d’origine naturelle recrée la structure de la barrière cutanée, facilitant ainsi l’absorption de ses molécules hydratantes.

 

Prix: 38,50 $

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Masque Sans Rinçage À Réparation Moléculaire, K18

 

Au lieu de camoufler les dommages en les enduisant d’ingrédients nourrissants, le peptide K18 opère sa magie en réparant les fibres capillaires endommagées par la décoloration et la chaleur des outils coiffants.

 

Prix: 89 $ les 50 ml

 

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