Vous en avez peut-être vu apparaître sur les rayons de votre pharmacie: des comprimés fortifiants pour les cheveux et les ongles, des pilules pour nous aider à obtenir un teint éclatant ou encore des gélules pour la préparation et l’entretien du bronzage. Eh oui! Après les crèmes hydratantes et les soins antiâges, on dispose dorénavant de compléments alimentaires pour soigner notre image. Leur nom: nutricosmétiques ou cosmetofood. Leur promesse: nourrir notre peau, nos cheveux et nos ongles «de l’intérieur» grâce à des ingrédients issus de l’alimentation (vitamines, antioxydants, acides gras…) et de la cosmétologie (collagène, acide hyaluronique, coenzyme Q10…).

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Une tendance mondiale

La nutricosmétique, qui en est encore à ses balbutiements chez nous, est un courant en plein essor. Elle provient d’Asie et elle jouit d’une très grande popularité au Japon où, en plus des compléments, on trouve une foule d’aliments beauté, comme les jus aux enzymes, les bonbons au collagène, et les boissons enrichies à la vitamine E et aux polyphénols.

Plus récente en Europe, la nutricosmétique n’en représente pas moins un marché important, lucratif et en forte croissance. «C’est un secteur plein d’avenir, car la population vieillit, et les gens veulent vieillir en santé et en beauté», dit à ce propos Sophie de Reynal, de l’agence NutriMarketing, spécialisée dans les tendances en nutrition.

Depuis les années 2000, cette tendance connaît aussi un certain succès aux États-Unis, notamment avec la marque du Dr Nicholas Perricone. Ce dermatologue a conclu à la suite de ses recherches que l’inflammation cellulaire (le phénomène par lequel les radicaux libres attaquent les cellules humaines et les dégradent au fil du temps) était la cause sous-jacente du vieillissement cutané. Depuis, il prétend que, pour ralentir l’apparition des rides, il faut combattre l’inflammation chaque jour en adoptant un régime sain, en avalant des vitamines et des antioxydants, et en enduisant notre épiderme… avec ses produits. En plus de créer sa marque éponyme, ce dermatologue désormais milliardaire a rédigé plusieurs ouvrages qui expliquent et soutiennent sa thèse, comme Forever Young ou encore 7 Secrets to Beauty, Health and Longevity.

 

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De l’assiette à la peau

Au Canada, l’idée voulant que «nous soyons ce que nous mangeons» gagne doucement du terrain. À n’en pas douter, ce qu’on mange sert à la fois la santé et la beauté. Des exemples? «Il est prouvé que les vitamines A et B favorisent la régénération de la peau et des follicules pileux», explique la Dre Geneviève Blackburn, urgentologue à l’Hôpital de Verdun et propriétaire d’une clinique de médecine esthétique dans le Vieux-Montréal. «Les antioxydants de la vitamine C assurent une meilleure structure cutanée et la vitamine E limite légèrement la chute des cheveux. Il y a aussi le thé vert qui, à long terme, aiderait à préserver l’émail des dents en faisant la lutte aux bactéries destructrices.»

Le Dr Manish Khanna, dermatologue affilié à l’Hôpital général juif de Montréal, fait aussi le lien entre une alimentation équilibrée et notre apparence: «Quand une patiente souffre d’un manque de cuivre, de zinc ou de protéines, ça se voit tout de suite. Sa peau est plus terne et moins pulpeuse, ses ongles sont cassants, et ses cheveux, mal en point.»


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«Les oméga-3 restent à ce jour les ingrédients les plus prometteurs», poursuit-il quand on l’interroge sur les éléments plus spécifiques liés à l’éclat de notre épiderme. «Certaines études ont clairement prouvé qu’ils aidaient à réduire l’inflammation due à l’acné et au psoriasis.» Le dermatologue parle aussi des vitamines C et E, de la coenzyme Q10 et du thé vert en des termes élogieux. «Différentes études médicales ont scientifiquement démontré qu’une alimentation qui contient ces substances aide à réduire la toxicité des rayons UV et, par conséquent, préserve la santé cutanée. Sans oublier la biotine, qui obtient depuis longtemps l’aval de la communauté médicale, parce qu’elle régénère les ongles mous et les cheveux affaiblis.»

Une potion magique?

Les compléments beauté seraient-ils donc la solution pour entretenir notre beauté de l’intérieur? Selon Nathalie Pelletier, nutritionniste et formatrice aux laboratoires québécois Functionalab, spécialisés dans le domaine, la nutricosmétique prolonge les effets de la routine beauté et d’une alimentation saine: «C’est une excellente solution d’appoint. Elle améliore les choses, mais à elle seule, elle ne renverse pas la vapeur.»

Le professeur en pharmacie Walid Rachidi, responsable de la licence en nutricosmétique et cosmétologie de l’Université Joseph Fourier, à Grenoble, est beaucoup moins certain de l’efficacité de ce type de cure: «Il y a très peu d’études qui évaluent l’efficacité de ces compléments en ce qui concerne la peau. En fait, ce genre d’études est extrêmement difficile à réaliser car chaque individu absorbe et métabolise les compléments alimentaires d’une façon différente, et surtout, chacun a un régime alimentaire particulier, donc des besoins distincts, ou pas de besoins du tout.»

De plus, ces compléments peuvent n’avoir aucun effet chez certaines personnes car, «sans qu’on sache trop pourquoi, leur génétique est réfractaire à ces produits», précise la Dre Geneviève Blackburn.

Le dermatologue Manish Khanna se montre lui aussi plutôt critique à l’endroit des nutricosmétiques. «Comme peu de recherches rigoureuses sont parvenues à mesurer leur efficacité réelle, ils demeurent des solutions aléatoires. Par ailleurs, ils se vendent plus souvent qu’autrement à prix d’or. À ce compte-là, le simple fait de manger de façon équilibrée peut faire tout autant pour la beauté que n’importe quel complément.»

 

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Des risques à évaluer

La Dre Geneviève Blackburn, qui a été pharmacienne avant de devenir omnipraticienne, abonde dans ce sens. «Si notre régime est sain, varié et équilibré, inutile de s’imposer la prise de compléments de toutes sortes. Car à trop vouloir « booster » notre organisme, on court certains risques. Par exemple, un trop-plein de vitamine C peut finir par cristalliser dans les reins, et une surdose de coenzyme Q10 peut mettre à mal le muscle cardiaque. D’où l’importance de demander l’avis d’un pharmacien avant de se prescrire soi-même toutes sortes de compléments nutritionnels en vente libre. Personnellement, je considère que seule la vitamine D vaut la peine d’être prise en complément, à la ménopause, car, en raison de notre climat peu ensoleillé, notre organisme ne peut synthétiser adéquatement cette vitamine.»

Pour la nutritionniste Nathalie Pelletier, «ce sont des solutions intéressantes quand, par exemple, on désire profiter des qualités émollientes des oméga-3, mais que nos goûts ou nos allergies alimentaires nous empêchent de consommer du poisson».

 

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«Dans des cas comme ceux-là, il est vrai que les compléments nutritionnels peuvent être intéressants», admet la Dre Geneviève Blackburn. «Mais la mise en marché d’un grand nombre d’entre eux reste un immense coup de marketing. Je pense entre autres au sélénium, dont on vante les mérites tonifiants et antiradicalaires. Dans la réalité, les gens n’ont besoin que d’une infime dose! Inutile de se gaver de cachets: il suffit de manger du thon, des oeufs ou des céréales, et c’est gagné.» Et quand on croit que notre régime a besoin d’un coup de main, la Dre Blackburn est plutôt encline à prescrire les bonnes vieilles multivitamines. «Leurs bienfaits s’adaptent aux besoins de chaque tranche d’âge, elles agissent sur l’organisme tout entier (peau et chevelure y compris) et leur dosage est sécuritaire.»

Pour le professeur Walid Rachidi, même ces formules multivitaminées sont à éviter sans bilan biologique, car dit-il: «on peut manquer d’une vitamine ou d’un oligoélément particulier, mais avoir un taux suffisant d’un autre élément. Or, si la prise de certains compléments n’a pas d’effet sur le corps quand on en a déjà suffisamment grâce à son alimentation, d’autres sont toxiques. C’est le cas du sélénium ou de la bêtacarotène (un antioxydant très populaire) qui, en surdose, a des effets secondaires qui peuvent aller jusqu’au cancer de la peau.» On nous aura prévenues.

 

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Mode d’emploi des nutricosmétiques

Pour tirer pleinement profit des compléments alimentaires à des fins esthétiques, Nathalie Pelletier, formatrice chez Functionalab, rappelle les règles à suivre:

  • Il faut respecter la posologie et, pour mieux les tolérer, les avaler aux repas.
  • Les femmes enceintes ou qui allaitent doivent s’abstenir d’en prendre.
  • Les personnes présentant un mauvais bilan de santé doivent consulter leur médecin avant d’intégrer ces compléments à leur routine beauté.
  • Il faut s’armer de patience, car les résultats ne sont pas immédiats: les cures durent en moyenne trois mois. Et ce n’est qu’au bout de trois ou quatre semaines de prise quotidienne qu’on voit poindre les premiers résultats cosmétiques.

 

Je mange donc je suis… belle!

Interrogée sur les nutricosmétiques, la nutritionniste Geneviève O’Gleman, chroniqueuse et auteure de plusieurs livres sur la cuisine santé, est catégorique. «Il n’y a rien de mieux que les aliments pour avoir une belle peau! Non seulement manger santé est plus efficace – on bénéficie d’un grand nombre de vitamines et de composants dans le même aliment -, mais ça coûte moins cher et ça procure du plaisir.» Voici quelques-unes de ses recommandations:

De l’eau pour venir à bout des cernes
Une légère déshydratation est suffisante pour accentuer les cernes sous les yeux, dessécher les lèvres et rendre la peau plus tendue. Alors dormez bien, hydratez-vous, et vous aurez bonne mine!

De la vitamine C pour une peau ferme
La vitamine C, qu’on trouve en grande quantité dans les agrumes, les kiwis, le brocoli et les poivrons, joue un rôle important dans la formation du collagène, une protéine qui donne à la peau sa fermeté et son élasticité. Une carence en vitamine C provoque un affaiblissement des tissus et la formation de petites vascularisations à la surface de la peau. La vitamine C aide aussi la peau à cicatriser plus rapidement.

Des protéines pour de beaux cheveux
La peau, les cheveux et les ongles contiennent de la kératine, une protéine qui protège des agressions extérieures comme le froid, le maquillage, le savon et les blessures. Pour favoriser la production de kératine, chaque repas devrait contenir des protéines (viande, volaille, poisson, oeufs, produits laitiers, tofu, noix, légumineuses, arachides).

Du fer et de la vitamine C pour les ongles
La vitamine C favorise la formation du collagène, essentiel si on veut éviter que nos ongles soient trop minces ou cassants. Le fer (viande rouge, abats, grains entiers et légumineuses) contribue aussi à renforcer les ongles.

Des oméga-3 pour une belle peau
Les acides gras essentiels comme les oméga-3 jouent un rôle important dans l’entretien et le renouvellement des cellules de la peau. Ils limitent aussi la perte en eau, donc la sècheresse cutanée. Les poissons gras (saumon, thon, sardine, maquereau, hareng), les graines de lin et les noix de Grenoble sont de bonnes sources d’oméga-3.

 

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