Dès la quarantaine plusieurs complications buccodentaires peuvent apparaître et avoir une incidence sur notre santé globale. Surprise? Moi aussi, je l’avoue. Comment un petit point noir peut-il affecter tout notre corps? «La bouche est en quelque sorte la gardienne de la porte d’entrée de l’organisme», explique le Dr Daniel Kandelman, directeur du Département de santé buccale de la Faculté de médecine dentaire de l’Université de Montréal.

Plusieurs études scientifiques récentes ont établi des liens entre une mauvaise santé buccodentaire et divers autres problèmes, notamment le diabète, les maladies cardiovasculaires, les infections respiratoires (principalement chez les personnes âgées), les naissances prématurées et les bébés de faible poids à la naissance. Les bactéries présentes dans la salive et le tissu gingival et osseux pourraient, s’il y a inflammation, se retrouver dans le système sanguin et ainsi causer des infections dans d’autres parties de l’organisme.

Plaquez-la!

Bien que les chercheurs aient encore beaucoup de choses à apprendre sur les liens entre la santé buccodentaire et la santé globale, il n’est pas surprenant qu’une inflammation chronique des gencives soit fréquemment associée aux maladies cardiovasculaires. «L’inflammation du tissu gingival peut causer des changements vasculaires qui prédisposent au développement de ce type de maladies», précise le Dr Kandelman.

L’ennemi numéro un de la santé buccodentaire? La plaque. Cette pellicule blanchâtre qui s’accroche à nos dents est constituée de débris d’aliments et de salive, et colonisée par les bactéries buccales. «Les microorganismes qui la composent sont d’ailleurs à l’origine de la formation de caries ainsi que des infections gingivales et parodontales», rappelle Johanne Côté, présidente de l’Ordre des hygiénistes dentaires du Québec. Si la formation de la plaque est quasi inévitable, c’est son accumulation qui pose problème. «Elle se solidifie au cours des 24 heures suivantes et fait place au tartre, qui ne peut être délogé que par un nettoyage professionnel», ajoute le Dr Jean-Pierre Parent, chirurgien-dentiste. Une bonne hygiène dentaire aide donc à prévenir l’accumulation de plaque et à limiter les caries, gingivites et autres soucis du même ordre.

Les maux de la bouche

Les experts interrogés sont unanimes: les maladies de gencives constituent de loin le problème dentaire le plus courant chez les adultes de plus de 40 ans et sont une des principales causes de la perte des dents. Jusqu’à la trentaine, les gencives sont en mesure de résister efficacement aux agressions quotidiennes, mais par la suite le tissu gingival devient plus vulnérable.

Les bouleversements hormonaux peuvent aussi avoir une dent contre nous. «Certaines périodes de la vie des femmes, comme la grossesse et la ménopause, exigent une surveillance accrue», confirme le Dr Kandelman. Ainsi, pendant la préménopause et la ménopause, nous sommes sujettes à la sècheresse buccale, condition qui nuit à l’équilibre de la bouche et augmente le risque d’inflammation des tissus gingivaux. «La perte de la masse osseuse causée par l’ostéoporose peut aussi affecter les os de la mâchoire – le support de nos dents, ne l’oublions pas – et entraîner la rétraction des tissus gingivaux», ajoute-t-il. Résultat: un risque accru de carie des racines des dents, qui ne sont plus recouvertes par les gencives.

Alors, ce n’est pas après 40 ans qu’on dira bye-bye au dentiste! Et puisque la meilleure solution est encore la prévention, voyons les points noirs à surveiller:

La carie dentaire
Bien que le nombre de caries diminue considérablement après 40 ans, il peut en apparaître autour de vieilles obturations ou à la racine des dents.

La gingivite
Elle débute par une accumulation de plaque sur les dents. Les bactéries qui y sont présentes se mêlent alors aux sucres des aliments consommés et forment des acides qui agressent la surface des gencives et provoquent de l’inflammation. Les symptômes sont souvent très discrets, pour ne pas dire invisibles. «D’où l’importance de consulter régulièrement son dentiste, car à ce stade l’affection peut être enrayée par un détartrage professionnel», rappelle le Dr Parent.

La parodontite
Comme la gingivite ne se résorbe pas d’elle-même, l’os et les tissus autour des dents finissent par être attaqués. Si la maladie n’est pas traitée, les dents perdent leur support et risquent de tomber. Des signes précurseurs à surveiller:
gencives rouges, brillantes et gonflées; saignement lors du brossage ou du passage de la soie dentaire; dents sensibles; mauvaise haleine persistante; gencives qui reculent.

De bons sites à consulter
Ordre des hygiénistes dentaires du Québec
Ordre des dentistes du Québec
Association dentaire canadienne

 

La version longue de cet article a été publié dans l’édition d’avril du magazine Vita.