À QUOI SERT LA TRANSPIRATION?

En plus d’être tout à fait normale, la transpiration est indispensable au bon fonctionnement de l’organisme. «Il s’agit d’un mécanisme protecteur qui permet de nous rafraîchir lorsque la température environnementale dépasse celle de notre corps», explique la Dre Sonya Abdulla, dermatologue à la clinique Dermatology on Bloor, située à Toronto. En clair, on sue pour empêcher notre corps de surchauffer. Mais le mercure qui grimpe n’est pas le seul déclencheur potentiel de la sueur: on peut aussi se mettre à transpirer à cause d’un stress émotionnel, ou suite à un effort physique soutenu, par exemple. Notre alimentation – boissons caféinées et mets épicés en tête – peut aussi en être la source.

Dans les faits, le corps humain possède deux types de glandes sudoripares: les eccrines (situées, entre autres, sur la plante des pieds, le front, les aisselles et la paume des mains) et les apocrines (localisées aux aisselles et dans l’entrejambe). On note aussi que la concentration de ces glandes varie d’une région corporelle à une autre, ce qui explique pourquoi les pieds et les mains suent plus abondamment que les bras, par exemple.

Mais qu’on se le tienne pour dit (et qu’on se rassure aussi): tout le monde transpire! Reste que dans les faits, certaines personnes suent beaucoup plus que d’autres, à un tel point que la situation peut parfois devenir gênante. «Au moins 3 % de la population souffre de transpiration excessive (que l’on appelle «hyperhidrose primaire»). Mais on ne trouve habituellement à ce phénomène aucune cause», précise le Dr Antranik Benohanian, dermatologue au CHUM. Dans d’autres cas, l’extrême sudation peut être conséquente à une maladie comme le diabète ou l’hyperthyroïdie.

MOITEUR… ET MAUVAISES ODEURS

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la sueur en elle-même est inodore. Alors pourquoi ne sent-on pas la rose après avoir eu chaud? «C’est lorsque la transpiration entre en contact avec les bactéries cutanées, surtout logées dans les régions pileuses, qu’elle émet une odeur nauséabonde», explique la Dre Abdulla.

Pour gérer la situation, on peut se tourner vers un déodorant ou un antisudorifique, qui aidera à masquer les odeurs ou à limiter la sudation. On fait aussi en sorte de maintenir une hygiène impeccable et de changer fréquemment de vêtements et de sous-vêtements. Autre piste de solution: la Dre Abdulla recommande de se laver les zones pileuses et la plante des pieds avec un nettoyant antibactérien. S’épiler est aussi une bonne idée, car cela empêche les bactéries de s’agglutiner autour des poils, bannissant du même coup les mauvaises odeurs. Quant à l’habillement, le port de vêtements en coton est fortement conseillé, «car les fibres synthétiques, en empêchant l’épiderme de respirer, créent un milieu propice à la transpiration», indique le Dr Benohanian. Attention aussi à ce qu’on ingère: les diètes riches en protéines, l’ail, les oignons, le café et le fromage tendent à stimuler les glandes sudoripares!

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ANTISUDORIFIQUES ET DÉODORANTS: MODE D’EMPLOI

Pour tirer le maximum de chaque solution, on lit d’abord l’étiquette du produit en question. De façon générale, «le déodorant peut s’appliquer le matin ou le soir», confirme le Dr Benohanian. Quant à l’antisudorifique, il est recommandé de l’appliquer sur une aisselle propre et sèche au coucher. Eh oui! C’est à ce moment de la journée que l’activité des glandes sudoripares est au plus bas, ce qui assure à la formule une meilleure pénétration. Pendant notre sommeil, elle dispose du temps nécessaire pour s’activer sans trop être diluée par la transpiration. Si on transpire énormément, on applique une formule clinique tous les jours.

ANTISUDORIFIQUE ET CANCER: MYTHE OU RÉALITÉ?

Qui n’a pas déjà entendu la rumeur associant antisudorifique et cancer du sein? Cette croyance populaire est apparue il y a une vingtaine d’an- nées, et s’est rapidement répandue. La supposition: les antisudorifiques, dont les sels d’aluminium sont les principaux ingrédients actifs, empêche- raient le corps d’éliminer les toxines en bloquant la transpiration de façon permanente. De plus, le fait que plusieurs cancers du sein apparaissent dans la partie supérieure et externe de la poitrine contribue à alimenter le lien de causalité.

Mais qu’on se rassure: selon la Société canadienne du cancer, de nombreuses études auraient démontré que l’utilisation des antisudorifiques ne fait pas partie des facteurs de risque. Parmi celles-ci, une étude auprès de 813 femmes atteintes d’un cancer du sein et de 793 femmes n’ayant pas contracté la maladie a été publiée en 2002 dans le Journal of the National Cancer Institute. La conclusion: il n’existe pas de lien de cause à effet entre l’utilisation des antisudorifiques et la maladie. Les professionnels de la santé partagent cet avis. «Les glandes sudoripares de l’aisselle jouent un rôle minime dans l’excrétion des toxines, assure la Dre Abdulla. Ce rôle est plu- tôt accompli par les reins et le foie.» Le fait de porter un antisudorifique n’empêcherait donc pas l’expulsion des toxines. L’emplacement commun du cancer du sein près de l’aisselle s’expliquerait, quant à lui, par le fait que cette partie du sein comporte un grand nombre de cellules mammaires.

Pour ce qui est de l’inquiétude engendrée par une surexposition aux sels d’aluminium, il est important de noter qu’une très faible quantité est absorbée par la peau. D’ailleurs, un rapport publié en 2010 par le gouvernement du Canada conclut que les sels d’aluminium auxquels nous sommes exposés (dans les produits désodorisants, mais aussi dans l’eau, dans l’alimentation et dans certains médicaments) «ne pénètrent pas l’organisme en quantité suffisante ou dans des conditions de nature à mettre en danger l’environnement ou la santé humaine.» À bon entendeur…