1-Existe-t-il des cas de diabète dans notre famille?

Les données que la Clinique Mayo, de Rochester (Minnesota), a établies avec l’association Diabète Québec sont claires: si notre mère souffre d’un diabète de type 2, ou diabète adulte, le risque d’hériter de cette maladie est de 19 %. Si notre père en est aussi atteint, le risque est de 25 %. Si c’est plutôt notre frère ou notre sœur qui en souffre, ça se corse. Le risque grimpe alors à 75 %! N’oublions pas que si, pendant notre grossesse, nous avons été affectée par le diabète gestationnel, la probabilité que nous devenions diabétique augmente à coup sûr. «La maladie touche aujourd’hui de plus en plus de jeunes femmes. Or, comme celles-ci sont généralement en âge de procréer, il est important de faire un dépistage rapide afin de prévenir les complications pendant une future grossesse», explique Marc Aras, directeur des communications de l’association Diabète Québec. La sédentarité et l’obésité sont pointées du doigt. Environ 80 % des diabétiques affichent un surplus de poids. Les règles à adopter: manger sainement, faire de l’exercice régulièrement et maintenir un poids santé. On ne le dira jamais assez.

2-Y a-t-il des troubles thyroïdiens chez nous?

Si oui, on peut hériter d’une hyperthyroïdie, d’une hypothyroïdie, d’un goitre ou de nodules. Les troubles thyroïdiens sont presque tous des affections auto-immunes: brusquement, le système immunitaire ne reconnaît plus la thyroïde et considère qu’elle ne fait pas partie de l’organisme. Pour se défendre contre cet intrus, il envoie des anticorps l’attaquer. Encore une fois, les femmes sont plus touchées par ces dérèglements que les hommes. Donc, si notre mère ou notre soeur présente un trouble thyroïdien, le risque que nous développions une hyperthyroïdie ou une hypothyroïdie est multiplié par deux. Et si l’une ou l’autre en a été atteinte vers l’âge de 20 ou 30 ans, le risque devient 10 fois plus élevé. «Les premiers symptômes de l’affection thyroïdienne apparaissent généralement à l’âge adulte, notamment durant la grossesse. Par conséquent, une femme qui possède ces antécédents familiaux doit le signaler à son médecin afin que celui-ci puisse vérifier le fonctionnement de sa thyroïde au début de la grossesse et éviter des complications importantes», souligne le Dr Pavel Hamet, endocrinologue et directeur du Centre de recherche du CHUM. Une simple prise de sang peut détecter la présence d’un déséquilibre thyroïdien. Et une fois diagnostiquée, l’affection se traite généralement facilement.

3-Certains de nos proches souffrent-ils d’hypertension?

On sait que c’est le cas de 22 % des Canadiens. La mauvaise nouvelle: l’hérédité constitue un facteur important dans l’apparition de cette maladie – au moins dans 50 % des cas. Si notre mère ou notre sœur souffre d’hypertension, le risque que nous en soyons atteinte est au moins deux fois plus élevé que celui que court la population en général. Et il est 12 fois plus élevé si un membre de notre famille en souffre dans la vingtaine ou la trentaine. «Plusieurs gènes sont en cause; c’est pourquoi il est difficile de prédire exactement qui sera touché par cette maladie», explique le Dr Pavel Hamet, endocrinologue et directeur du Centre de recherche du CHUM. «Mais on peut en retarder l’apparition en contrôlant d’autres facteurs déclencheurs, tels que la mauvaise alimentation, la consommation excessive de sel, l’obésité, le tabagisme, le stress et la sédentarité.» Cette maladie, généralement asymptomatique, est insidieuse. Elle peut entraîner des troubles cérébraux ou cardiovasculaires, comme un infarctus du myocarde. On fait donc vérifier sa tension artérielle annuellement par son médecin. Attention: il faut faire trois lectures de tension à différents moments afin de confirmer le diagnostic. Si, chaque fois, elles sont supérieures à 140/90, c’est que nous souffrons probablement d’hypertension.

4-Est-ce qu’on t’a déjà enlevé des grains de beauté?

Notre mère a des grains de beauté? Alors, nous en aurons nous aussi, à coup sûr. Et, plus ils sont nombreux -même s’ils sont bénins-, plus le risque que nous développions des mélanomes augmente. À surveiller très étroitement: les naevus d’origine congénitale, plus prompts à changer de forme. En effet, un mélanome est un grain de beauté (naevus pigmentaire) brun foncé qui grossit en changeant de couleur et de forme. À titre préventif, il vaut mieux faire examiner notre peau par notre médecin une fois par année et, à la maison, pratiquer un autoexamen du corps complet plusieurs fois par année afin de détecter le grain de beauté qui aurait changé d’apparence.

5- As-tu déjà fait une dépression?

C’est connu, le risque d’être dépressive est de deux à trois fois plus élevé si notre mère a déjà souffert de dépression. «Outre les gènes, les hormones joueraient un rôle important dans l’apparition de la dépression; ce qui expliquerait que, entre l’âge de la puberté et de la ménopause, deux fois plus de femmes que d’hommes en souffrent», explique le Dr Jean Leblanc, psychiatre et directeur de la Clinique des maladies affectives de l’Hôpital du Sacré-Cœur. «Il y a aussi un ensemble de facteurs psychosociaux qui entrent en jeu: la façon dont on perçoit la vie, les événements, les relations interpersonnelles, mais également le stress et les épreuves auxquels on est ou on a été confrontée. En plus, on sait que la dépression est souvent associée au mauvais fonctionnement des neurotransmetteurs du cerveau que sont la sérotonine, la noradrénaline et la dopamine. Évidemment, plus il y a de facteurs en cause, plus le risque de faire une dépression augmente.»

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6-Le cancer du sein, de l’ovaire ou du côlon a-t-il touché des membres de notre famille?

Les faits: de 5 % à 10 % de ces cancers sont causés par un gène de prédisposition. S’il y a des antécédents de cancer du sein dans notre famille, le risque qu’on le contracte à notre tour après la cinquantaine est de 15 % à 30 %. Mais si notre mère ou notre soeur a eu un cancer des deux seins avant l’âge de la ménopause, ce pourcentage vient de bondir considérablement. En effet, le cancer «familial» du sein frappe souvent plusieurs membres d’une même famille avant la ménopause (mère, soeur, grand-mère, tante, cousine), du côté maternel comme du côté paternel.

Si notre mère souffre d’un cancer de l’ovaire, le risque qu’on développe ce type de cancer grimpe aussitôt à 40 %. «On a réussi à identifier des gènes susceptibles d’être à l’origine des cancers du sein et de l’ovaire, soit le BRCA 1 et le BRCA 2», explique le Dr Daniel Sinnett, chercheur en génétique du cancer à l’Hôpital Sainte-Justine, à Montréal. «Le développement du cancer de l’ovaire est donc étroitement lié au cancer du sein. De sorte qu’on trouve régulièrement les deux dans une même famille, et plus souvent encore chez une même personne.» Attention: le cancer du sein d’origine héréditaire est particulièrement agressif. Comme il apparaît souvent dans la vingtaine, il est important de subir un test de dépistage génétique avant l’âge de 25 ans, si on est à risque. Autrement, on a intérêt à pratiquer l’autoexamen des seins mensuellement et à passer un examen clinique annuellement à partir de 35 ans. On ne dispose malheureusement pas de statistiques pour le cancer du côlon. Mais le risque est nettement plus élevé s’il y a des cas dans la famille: plus ils sont nombreux, plus on est susceptible de le contracter.

7- As-tu été ménopausée précocement?

D’accord, il n’y a pas de données scientifiques prouvant hors de tout doute que nous aurons une ménopause précoce (au début de la quarantaine) comme notre mère. Mais l’expérience clinique tend à confirmer ce phénomène. «La période de la ménopause pourrait effectivement être influencée par celle de la mère», avoue le Dr Claude Fortin, gynécologue obstétricien. «Quand on pose des questions à ce sujet aux patientes ménopausées précocement, on note qu’il y a souvent d’autres membres de leur famille (mère, soeur, tante) qui ont vécu la même chose. C’est suffisamment fréquent pour que je questionne mes patientes là-dessus, et particulièrement si elles montrent des symptômes liés à une ménopause hâtive.» En fait, plus il y aurait de cas de ménopause hâtive dans notre famille, plus le risque que nous soyons, à notre tour, ménopausée tôt serait élevé. Bien que nous ne puissions pas y changer grand-chose, le fait d’être au courant nous permettra au moins d’aborder la ménopause sans surprise ni inquiétude. Un diagnostic rapide nous permettra aussi de soulager efficacement nos symptômes; c’est une bonne idée quand on sait que la ménopause précoce est généralement très symptomatique. De plus, vu le rôle cardioprotecteur que joue l’oestrogène à l’égard de l’athérosclérose, la perte prématurée de cette hormone entraîne un risque plus élevé de maladies cardiaques. On pourra alors compenser cette perte par l’hormonothérapie de remplacement.

8- Souffres-tu de migraines?

Oui? On a alors une chance sur deux d’en souffrir nous aussi. Si c’est notre père qui en souffre, on a une chance sur quatre. Les deux en ont? Alors là, on gagne le gros lot! C’est particulièrement vrai si on est une fille: à l’âge adulte, le ratio est de trois femmes pour un homme. Il y aurait en effet un lien entre les hormones féminines et la migraine. Selon le neurologue Michel Aubé, de 30 % à 35 % des femmes âgées de 30 à 50 ans seraient touchées. Les chercheurs n’ont isolé jusqu’à maintenant qu’un seul gène lié à une rare forme de migraine: la migraine hémiplégique familiale. Ils poursuivent leur travail pour tenter de découvrir les gènes responsables de la migraine avec aura. Ils savent cependant que le déclenchement des crises dépend non seulement de notre profil génétique mais aussi de facteurs sur lesquels on a un certain contrôle: bouleversements hormonaux, stress, alimentation, manque ou excès de sommeil, bruit, variations climatiques, stimulation lumineuse, certains médicaments et odeurs. Des études ont d’ailleurs montré que, en identifiant les facteurs qui provoquent la migraine- et en les évitant le plus possible-, on peut réduire le nombre de nos crises d’environ 40 %. C’est déjà pas mal.

9- Y a-t-il des cas d’asthme dans notre famille?

L’asthme touche de 5 % à 10 % de la population, et plus de la moitié des cas se déclarent à l’âge adulte. Les femmes de 30 à 50 ans sont davantage affectées que les hommes du même groupe d’âge. Selon le pneumologue Paolo Renzi, si un de nos parents en souffre, notre facteur de risque est d’environ 20 %. Si nos parents en sont tous les deux atteints, il grimpe entre 40 % et 70 %. Trois grands facteurs sont associés à l’asthme: les antécédents familiaux, les infections respiratoires (grippe, bronchite, pneumonie), les allergènes (pollen, animaux, poussière, acariens), ainsi que d’autres irritants (fumée de cigarette, pollution). Donc, même avec une prédisposition héréditaire, il faut en prime être exposée à un environnement particulier pour que l’asthme se déclenche. Les symptômes courants? Toux avec expectoration de mucus, essoufflement, respiration sifflante et oppression thoracique. Mais pour obtenir un diagnostic précis, notre médecin devra nous faire passer quelques tests. Le plus courant est la mesure du débit respiratoire à l’aide d’un spiromètre, ce qui permet de détecter la maladie dans près de 70 % des cas. À retenir: plus nous sommes exposée aux substances auxquelles nous sommes allergique, plus nous risquons de souffrir d’asthme. Prenons donc le temps de dépoussiérer notre environnement et bannissons à tout prix les habitudes nocives, comme le tabagisme.

10- Nos proches ont-ils déjà souffert de maladies coronariennes?

On a toujours dit que, chez les femmes, l’infarctus était exceptionnel avant l’âge de la ménopause. Pourquoi? Parce que les œstrogènes exerceraient un effet protecteur à l’égard des maladies du coeur. Mais la situation change. Entendons-nous bien: les maladies cardiaques chez les femmes non ménopausées ne sont pas légion et, avant 50 ans, ce sont encore les hommes qui conservent le triste record des infarctus. Il reste qu’on note une augmentation des cas chez les femmes dans la trentaine et, plus spécifiquement encore, dans la quarantaine. Le cocktail explosif à surveiller: le stress, la prise de contraceptifs oraux et le tabagisme.

Nos antécédents familiaux jouent aussi un rôle. Si notre grand-mère ou notre mère a eu une attaque cardiaque ou a subi un pontage coronarien avant l’âge de 55 ans, nous sommes particulièrement vulnérable. Plus la maladie se déclare tôt chez un de nos parents, surtout du côté maternel, plus nous devons être vigilante. En éliminant les facteurs de risques connus -surplus de poids, tabagisme, sédentarité, hypertension, diabète, cholestérol-, nous mettons toutes les chances de notre côté. Et il faut en parler sans faute à notre médecin.

 

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