Si un jour on m’avait dit que pendant mes vacances, je me lèverais aux aurores pour ramper sur le sol et grimper dans des arbres, j’aurais bien ri… Mais il n’y a que les fous qui ne changent pas d’avis, dit-on. La dernière année ayant été un tourbillon d’évènements stressants, autant personnels que professionnels, j’ai eu besoin de retrouver un certain équilibre. Que faire? M’isoler dans un temple bouddhiste au Népal? Marcher sur les chemins de Compostelle? Non merci. Mon instinct me dictait une solution plus brutale, un réel coup de pied au derrière, si vous voyez ce que je veux dire.

C’est comme ça que j’ai pensé aux voyages fitness. Ceux-ci ont la cote ces temps-ci, car les gens ne veulent plus seulement se prélasser ou se muscler le popotin au soleil: ils cherchent une expérience unique, voire extrême.

En naviguant sur le Web, j’ai découvert Wildfitness, une retraite de mise en forme à Watamu, au Kenya. Neuf jours de dépaysement et d’entraînement intense en Afrique? I’m in! Récit en huit étapes d’une aventure qui booste le corps et l’esprit.

1. On retourne aux origines

Ce que les instructeurs (qui ne parlent malheureusement qu’en anglais) me proposent à mon arrivée est bien plus qu’un séjour fitness, c’est une philosophie de vie, celle d’un retour aux sources qui mise sur l’entraînement, l’alimentation et la nature.

Créés à partir du concept de mise en forme MovNat (diminutif de mouvements naturels), les programmes offerts incitent les participants à se mettre en forme en pratiquant les activités de nos ancêtres les chasseurs-cueilleurs et en libérant leur animal intérieur. Traduction? Se mouvoir comme un animal selon les 12 mouvements de la technique MovNat: marcher, courir, sauter, garder son équilibre, se déplacer à quatre pattes, faire de l’escalade, soulever, transporter, lancer et attraper des objets, se défendre et nager.

Honnêtement, l’idée de faire du sport en me prenant pour une Tarzane me fait d’abord sourire. Mais, plus j’écoute les explications de Jess, entraîneuse chez Wildfitness, moins je suis sceptique: «Les humains ont passé 200 000 ans à chasser et à s’adapter à la vie de la savane. Nous étions forts, minces, rapides et agiles. Nous n’avions pas besoin de suppléments ou d’équipement pour nous tenir en forme puisque la nature nous offrait tout ce dont nous avions besoin. Jetez un coup d’oeil dans un gym: vous y verrez des rangées de machines compliquées, et des gens cherchant désespérément à se conformer à des modèles physiques irréalistes. Courir sur un tapis roulant ne vous rendra bon qu’à une chose: courir sur un tapis roulant. Le corps humain est fait pour escalader, nager, se balancer, sauter, etc.»

C’est vrai que j’ai toujours l’air misérable quand je me démène sur un tapis roulant au gym et que je préfère de loin les activités extérieures… Même chose pour la course: autant c’est une corvée entre quatre murs, autant c’est un pur plaisir dehors, en plein soleil.

2. On fait le point

Primo: le bilan. Les entraîneurs évaluent mes capacités physiques lors d’une séance individuelle d’exercices filmée. Ça leur permet de mesurer mes forces et surtout de détecter mes lacunes. Le résultat: j’ai les épaules recourbées, j’utilise mal mes jambes et mon coup de poing est aussi intimidant que celui d’un enfant de quatre ans… Bref, je vais avoir du pain sur la planche dans les prochains jours!

Même si l’idée du retour aux sources semble zen, le planning de mon programme est costaud: 6 h: lever; 6 h 30: entraînement; 8 h 30: déjeuner; 10 h 30: entraînement; 12 h: courtes séances éducatives sur l’alimentation, le style de vie, la société kényane, les techniques de nage et de jogging; 13 h: lunch; 16 h 15: entraînement; 19 h 15: souper. Ouf! Pas étonnant que la meute – c’est ainsi que sont appelés les groupes de participants – s’écroule tous les soirs vers 21 h.

3. On retrouve son animal intérieur

Pendant la première journée, ma meute (une quinzaine de personnes venues d’un peu partout dans le monde) et moi nous retrouvons pleins d’appréhension devant le coach. Certains sont légèrement en forme, quelques-uns sont enrobés et plutôt sédentaires, et d’autres sont des fanas d’entraînement en quête de nouveaux défis. Notre premier exercice donne le ton: à la queue leu leu, nous devons imiter différents animaux – un chimpanzé agressif, un serpent, un ours, une grenouille. La gêne fait vite place à des fous rires, ce qui crée automatiquement un bel esprit d’équipe. Nous découvrons au fil des exercices des muscles oubliés depuis fort longtemps… Et ce n’est que le début.

Pendant neuf jours, trois fois par jour, je vais courir dans un champ entre les bouses d’éléphant, grimper à un arbre et m’y suspendre, ramper sur le sable, sauter sur des roches et maintenir mon équilibre sur une corde. Mon coup de coeur: la boxe. J’ai beau avoir un tempérament pacifique, mes instincts primaires refont surface. Chaque coup de poing me libère d’un poids de ma vie à Montréal. Adieu au stress du boulot, aux factures à payer, au gars qui m’a posé un lapin le mois dernier… Je me donne tellement pendant les séances que les profs m’ont surnommée la Boxing Queen.

4. On souffre (et on aime ça!)

Les entraîneurs nous avaient prévenus: «La troisième journée, vous aurez un choc physique et psychologique.» C’est le cas! Au lever, mon corps hurle de douleur et l’idée de souffrir une journée de plus me donne envie de reprendre l’avion.

Bizarrement, le lendemain, je suis en pleine forme. Peut-être parce que la fatigue des derniers jours est tombée, que mes soucis sont loin derrière moi et que mon corps s’est finalement habitué à autant d’efforts… Peu importe, ma motivation atteint son apogée et je me surprends même à attendre avec impatience chaque entraînement. Même si, à chaque séance, je pense y laisser ma peau, la vague de bien-être sur laquelle je surfe après est magique. Je me sens plus détendue et plus énergisée que je l’ai été depuis fort longtemps.

5. On se dépasse (et on est fiers!)

Pour réussir dans le sport, comme dans la vie, la force du mental est primordiale, explique l’entraîneur Gareth, ex-professionnel d’arts martiaux en Angleterre, qui nous a lancé le premier jour: «Ni les programmes d’entraînement ni les machines hyper sophistiquées des gyms ne donneront les résultats escomptés. Il faut tout simplement se dépasser à chaque séance!»

Pour ceux qui ont l’habitude de se mettre des barrières psychologiques (comme moi), ce voyage est salvateur, car qui repousse ses limites trois fois par jour booste inévitablement son égo. Un exemple? La fameuse nage de six kilomètres d’un bout à l’autre de la crique Mida. L’annonce de cette activité – faite le jour même pour éviter le stress – terrifie d’ailleurs tous les participants. Moi y compris, puisque je n’ai jamais parcouru une aussi longue distance à la nage.

Le jour de la traversée, j’arrive à peine à voir la rive que je dois atteindre depuis le point de départ. Je me jette à l’eau, persuadée que je vais devoir demander de l’aide à un moment donné. Brasse après brasse, je n’ai d’autre choix que de me changer les idées pour oublier la douleur dans mes jambes et mes bras. Je réfléchis à mon quotidien, à mes rêves, à mes envies. Je prends le temps de remettre mes pendules à l’heure, et ça fait du bien. Après ce qui semble être une éternité – 90 minutes en réalité -, la plage de sable blanc apparaît enfin devant mes yeux. À ma sortie de l’eau, je sens l’acide lactique brûler les muscles de mes épaules, mais ça n’a pas d’importance, j’ai réussi! La leçon que j’en tire: plus jamais je ne me considérerai vaincue avant d’avoir donné le maximum!

 

6. On mange comme ses ancêtres

Côté nutrition, la règle est simple: plus un produit est frais et non transformé, plus il est susceptible d’apporter les nutriments et les vitamines nécessaires à l’organisme. C’est pourquoi Wildfitness a choisi de créer ses menus selon les principes généraux du régime paléolithique. Je me nourris donc de beaucoup de végétaux et de protéines animales biologiques. En revanche, je dois renoncer au café, à l’alcool, au sucre, au pain, aux pâtes et aux produits laitiers, à l’exception du yogourt maison (une entorse au régime paléo).

Au départ, j’étais méfiante, mais les cuisiniers n’ont fait qu’une bouchée de mes réserves et ont même réussi l’impossible: me faire aimer le poisson et les calmars, moi qui déteste toute forme de vie marine depuis des lustres. Je m’attendais aussi à ce que le sevrage de café-pâtes-sucre soit difficile. Au lieu de ça, je me régale (notamment d’un poulet au cari et d’un sauté de légumes à l’ail), et mon estomac ne crie jamais famine, malgré mes trois entraînements quotidiens. Loin de vouloir nous transformer en ayatollahs du bio, les coachs nous encouragent plutôt à atteindre un équilibre alimentaire. Ils citent même la règle du 5/2: pour cinq bons repas, on peut tricher pour deux, sans que ça affecte notre corps. Ouf! Je n’aurai pas à faire une croix sur mon beurre d’arachides!

7. On décroche

S’entraîner, c’est bien; se sentir en vacances en plus, c’est mieux. C’est le but du Wildfitness. Même si nous ne restons pas sur une plage à siroter des pina coladas, nous sommes traités aux petits soins. Nous sommes logés à la Baraka House, une grande et confortable villa de style swahili surplombant les palmiers, la forêt indigène et une des plus belles plages du monde. Les chambres, à occupation simple ou double, sont spacieuses et colorées. L’endroit est idéal pour se détendre. D’ailleurs, les entraîneurs tiennent mordicus au repos entre les séances pour permettre au corps de mieux récupérer. Entre deux entraînements, je visite donc le village de Watamu (à deux heures de voiture de l’aéroport de Mombasa), j’observe les lézards et la famille de singes vivant sur le site, en plus de faire de l’apnée près de la barrière de corail qui abrite des tortues et des poissons de toutes les tailles et de toutes les couleurs.

8. On retrouve son équilibre

Après neuf jours intenses, je quitte Wildfitness ressourcée, inspirée et pleine de vitalité. OK, j’ai dû casser ma tirelire pour m’y rendre: le séjour coûte de 3600$ à 5000$ selon le type de chambre, et il faut compter entre 1500$ et 1800$ pour un vol Montréal-Mombasa. Mais outre les bienfaits évidents – un semblant de six-pack, des fesses rebondies, une fière posture, une agilité de tigresse et un teint de pêche -, j’ai retrouvé mon équilibre et ma joie de vivre!

Ma plus grande surprise est le changement radical dans mon attitude. La personne angoissée, renfermée et accro au travail que j’étais avant mon départ s’est transformée en femme confiante, fonceuse, avec une bien meilleure capacité à gérer son stress. J’attribue ce petit miracle aux séances éducatives, qui m’ont ouvert les yeux sur mes habitudes de vie néfastes, et aux entraînements d’enfer, qui m’ont permis de me découvrir une volonté et une force intérieure insoupçonnées.

Ce changement, je ne suis d’ailleurs pas la seule à l’avoir vécu. Tous mes coéquipiers avouent avoir été transformés d’une manière ou d’une autre. Certains s’alimentent plus sainement ou s’entraînent plus efficacement, tandis que d’autres composent maintenant de façon différente avec le stress. Une de mes compagnes, Carolyne, a même quitté l’emploi qu’elle détestait depuis 10 ans et a décidé de s’investir auprès d’orphelinats kenyans. Qui aurait cru que pour aller de l’avant, il fallait retourner à la préhistoire!

Destinations Forme

De nombreuses destinations proposent des formules aux voyageurs en quête de ressourcement ou de défis. En voici quelques-unes:

 

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