Vous troquez de temps à autre votre spaghetti à la viande contre un sauté de légumes au soya, histoire de sauver la planète et de réduire votre taux de cholestérol? Vous ne le savez peut-être pas, mais vous êtes sur la voie du «flexitarisme».

OK, le terme est un peu barbare, mais le concept est plutôt simple. «Un "flexitarien", c’est un végétarien flexible, qui ajoute de la viande, du poisson ou de la volaille à son menu à l’occasion. Ça permet de retirer tous les bienfaits santé d’un régime végé sans se priver du plaisir d’un bon hamburger quand on en a envie», explique la diététicienne américaine Dawn Jackson Blatner dans son livre The Flexitarian Diet. «De nombreuses personnes sont d’ailleurs "flexitariennes" sans le savoir», fait-elle remarquer.

Effectivement. Même s’il n’y a pas de statistiques au sujet de ces végétariens à temps partiel au Québec – on sait juste que la consommation de viande a baissé ces dernières années -, la tendance est là, confirme Isabelle Marquis, nutritionniste et directrice-conseil à l’agence de marketing Enzyme, spécialisée en agroalimentaire, santé et mieux-être. «On choisit d’être "flexitarien" pour de nombreuses raisons: éthiques, écologiques, religieuses, financières, etc. Ce type d’alimentation semble aussi constituer un bon compromis si on veut manger santé sans se casser la tête pour remplacer les éléments nutritifs d’origine animale. D’ailleurs, de plus en plus de mets sans viande sont offerts dans les supermarchés et les restaurants.»

Autres signes qui ne trompent pas: le lancement en mars dernier de la campagne Lundi sans viande, qui incite à remplacer sa côte de porc par des légumineuses une fois par semaine. Sans compter la pléthore de livres qui sortent ces temps-ci: Le grand livre de la cuisine végétarienne, d’Igor Brotto et Olivier Guiriec (Les Éditions de l’Homme), Recettes végétariennes (Larousse) ou la nouvelle édition de Recettes végétariennes (Éditions Trois-Pistoles), du premier chef du Commensal, Germain Beaulieu.

Comme le résume Cinzia Cuneo, la fondatrice du populaire site S.O.S. cuisine: «Les gens nous demandent de diminuer les portions de viande rouge dans les menus et de les aider à manger plus de légumes et de légumineuses.» KENZA BENNIS

Photo: clonebill

Un régime tout bénéfices

Il faut croire que les conseils des Dr Béliveau de ce monde commencent à porter leurs fruits… Moins de viande et plus de légumes égale moins de cancers, d’hypertension, de diabète, de maladies cardiovasculaires et d’obésité, indiquent la plupart des recherches scientifiques. Qui dit mieux?

La santé de la planète aussi inquiète les néovégés. La production intensive de viande pollue, épuise les sols et les cours d’eau, et contribue à la perte de la biodiversité, répètent les écolos… qui ne sont plus les seuls à tenir ce discours. En décembre dernier, Sir Paul McCartney et Rajendra Pachauri, le président du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), s’adressaient au Parlement européen, à Bruxelles, pour inciter les gouvernements de cette assemblée à réduire la consommation de viande de leur population et, ce faisant, leurs émissions de gaz à effet de serre. Même les foodies s’y mettent: Mark Bittman, le chroniqueur culinaire du New York Times, explique dans son dernier livre, Food Matters – A Guide to Conscious Eating, les dérives de l’industrie agroalimentaire et les méfaits écologiques dus à la surproduction de viande.

Autre épine dans le pied des producteurs de boeuf: les livres, les émissions de télé et les documentaires comme Food, Inc., qui dénoncent la souffrance des animaux dans les élevages industriels. Georges Laraque, ancien joueur des Canadiens, lui, est carrément devenu végétalien et ne consomme plus aucun produit d’origine animale comme les oeufs, le lait ou le miel depuis qu’il a vu Terriens, un documentaire controversé sur les conditions d’élevage et d’abattage des bêtes.

Évidemment, tout le monde n’est pas prêt à sacrifier ses ailes de poulet par compassion, mais de nombreuses voix se portent à la défense des animaux d’élevage, et plusieurs personnes diminuent leurs portions carnées ou préfèrent s’approvisionner dans des fermes bios.

Plus santé, plus écolo, plus éthique, le végétarisme deviendra-t-il inévitable dans les prochaines années? C’est ce que croit Mathieu St-Jean, un des réalisateurs du documentaire Un repas végé. Et vous? K.B.

Photo: Stephen Ausmus

Hollywood VG

On connaissait déjà les végétariens et leurs célèbres porte-paroles jeunes, beaux et bien dans leurs sandales en chanvre: Natalie Portman, Orlando Bloom, Penélope Cruz, ou encore Chris Martin, nommé Végétarien le plus sexy du monde en 2005! La nouvelle tendance, c’est cependant le flexitarisme: on mange encore de la viande, mais moins, en ayant conscience de l’empreinte écologique qu’on laisse à chaque repas. Un vrai tabac chez les stars. Claudia Schiffer s’y est mise pendant sa première grossesse: «C’était la première fois que je me souciais de ce qui entrait dans mon corps.» Drew Barrymore, une ancienne végétarienne, a pour sa part assoupli son régime: «Avant je m’imposais trop de restrictions, par culpabilité.» Hilary Swank, quant à elle, a fini par montrer ses crocs de carnivore afin de pallier les problèmes de santé que lui causait son régime trop sévère. Manger sainement et santé sans se mettre en danger, c’est la formule gagnante. HELEN FARADJI

 

Les lundis sans viande

C’est quoi? Une campagne internationale qui nous encourage à consommer moins de viande.

Le principe On est invités à supprimer les produits d’origine animale de nos repas le lundi. On peut les remplacer par des mets à base de végétaux (légumineuses, noix et graines, céréales, fruits et légumes) ou aller prendre nos repas végés au resto. La liste de ceux qui adhèrent au mouvement est sur le site Lundi sans Viande.

Pourquoi diminuer la viande? Parce que c’est bénéfique pour l’écologie et la santé, et pour des raisons d’éthique animale.

Au Québec La campagne a été lancée le 19 mars dernier par un mouvement formé de l’Association végétarienne de Montréal et des Amis de la terre de Québec, auquel se sont ajoutés de nombreux organismes, dont Équiterre, le Parti vert du Canada, l’Association Manger Santé Bio, Greenpeace, la Fondation David Suzuki, le projet Pas de viande le lundi du Collège Mont-Saint-Louis et la Ville de Montréal-Est. Plusieurs personnalités appuient également cette initiative: Laure Waridel, Julie Snyder, Georges Laraque, Jacques Languirand, Anne Dorval, Xavier Dolan …

Dans le monde C’est l’École de santé publique Bloomberg de l’université Johns-Hopkins, à Baltimore, aux États-Unis, qui a lancé l’idée en 2003 (d’abord pour des raisons de santé, avant d’ajouter l’argument écologique en 2009). Depuis, plusieurs pays lui ont emboîté le pas: la Grande- Bretagne, les Pays-Bas, le Brésil, la Finlande, la France, la Belgique (le jeudi) et Taïwan.

 

 

 

Photo: loungefrog

 

À LIRE: J’ai testé: les lundis sans viande