«Le sexe fort, c’est les femmes»

Selon le philosophe et écrivain français Michel Serres, les femmes sont plus résistantes que les hommes. Ah oui?

L’expression «sexe fort» a-t-elle encore un sens à l’heure de l’égalité entre les sexes?

Disons d’abord qu’il existe deux sortes de force. La force brutale, violente parfois: c’est la force musculaire. Puis, il y a la force de résistance, qui se traduit par une grande endurance dans des conditions pénibles. Le corps de la femme se situe résolument du côté de ce second type de force, et il est très fort.

À quoi tient donc sa résistance?

On dit que sous l’épiderme de la femme se trouve un mince film graisseux qui agit comme une sorte de stock d’aliments possibles, conçus pour la grossesse, et que ce stock peut servir en d’autres circonstances. Je ne suis pas entièrement sûr de cette explication. En revanche, ce qui m’apparaît certain, c’est que le corps féminin est exposé au cours de sa croissance à un grand nombre d’évènements. La formation des seins, les premières règles, la perte de la virginité, la grossesse, l’allaitement, la ménopause font que le corps féminin passe sans cesse par une série de petites catastrophes, pourrait-on dire. Le corps masculin, lui, n’a pas l’obligation d’accomplir un tel parcours du combattant. Du coup, le corps de la femme se caractérise par une plus grande adaptabilité, ce qui le rend plus résistant. Je le compare au doris, ce petit bateau que les pêcheurs de morue utilisaient à Terre-Neuve: il tangue et roule, mais il ne coule jamais, même par mauvais temps.

Toutes ces étapes de la sexualité féminine seraient donc une chance. Comment expliquer qu’elles soient souvent perçues comme une fatalité ou une servitude?

C’est que, dans les cultures très anciennes, il y a probablement eu une dépréciation de la menstruation, vue comme une réalité honteuse. Et il nous a fallu remonter la pente sur ce point. Pourtant, les règles, loin d’être honteuses, jouent un rôle positif, et pas seulement pour la reproduction. Si une femme est malade et qu’elle ne le sait pas encore, elle aura de la difficulté avec ses règles, qui agiront comme un clignotant, pour la prévenir. Les hommes ne bénéficient pas de signaux de ce genre.

Vous aimeriez être une femme?

J’aimerais bien, ne serait-ce que par curiosité. Un mythe grec raconte qu’un homme, Tirésias, avait reçu des dieux le privilège d’être tour à tour un homme et une femme. Et quand on lui demandait lequel des deux sexes avait l’orgasme le plus intense, puisqu’il l’avait lui-même éprouvé successivement en tant qu’homme et en tant que femme, Tirésias répondait sans hésiter: la femme. Sa jouissance est 47 fois plus grande que celle de l’homme, ajoutait-il. Vous voyez que la fascination de l’homme pour le corps de la femme ne date pas d’hier.

PROPOS RECUEILLIS PAR MARIE-ANDRÉE LAMONTAGNE

 
Tasse-toi, Jack Bauer!

Croyez-le ou non, les femmes courent plus vite que les hommes! C’est le cas, du moins, lorsqu’on tient compte de la taille du coureur. Au sommet de sa gloire, le champion américain Carl Lewis, avec son 1,88 m, pouvait parcourir une distance équivalant à 5,36 fois sa taille en une seule seconde. Sa compatriote Florence Griffith Joyner (1,69 m) arrivait à franchir une distance équivalant à 5,64 fois sa taille dans le même laps de temps.

Voilà le genre de détails savoureux qu’on peut lire dans Le mythe de la fragilité – Déceler la force méconnue des femmes, de Colette Dowling. L’auteure explique, époque par époque, comment les pressions sociales et les préjugés ont empêché les filles de découvrir et d’exploiter toute la puissance de leur corps. Ainsi, durant l’ère victorienne, les jeunes femmes devaient éviter de monter des escaliers pendant leurs menstruations, car on craignait qu’elles perturbent leurs organes reproducteurs et ne puissent plus porter d’enfants!

Heureusement, les mythes ont commencé à éclater dans les années 1960 et, depuis, les écarts physiques entre les sexes ne cessent de rétrécir. De 1964 à 2010, le record du monde féminin au marathon a gagné 1 h 12 min 20 sec. Pendant ce temps, celui des hommes ne s’est amélioré que de 11 min et 16 sec. Aujourd’hui, la différence entre les meilleurs athlètes féminins et masculins du monde est inférieure à 12 minutes.

À Hollywood aussi, la force physique n’est plus l’apanage des hommes. La preuve: on voit un nombre grandissant d’héroïnes tenir le haut de l’affiche dans les films d’action. Après les pionnières (Sigourney Weaver dans Alien, Linda Hamilton dans Terminator 2 et Uma Thurman dans Kill Bill), les nouvelles guerrières ont le visage d’Angelina Jolie dans Salt, de Saoirse Ronan et de Cate Blanchett dans Hanna ou encore d’Emily Browning et de ses petites copines dans Sucker Punch.

DOMINIQUE FORGET

Hommage au corps: les clins d’œil de Dominique Forget

Des gènes gagnants

Selon Statistique Canada, les garçons qui naissent aujourd’hui vivront en moyenne jusqu’à 78,3 ans; les filles, jusqu’à 83 ans! On sait que les femmes fument et boivent moins, exercent des professions moins dangereuses et sont moins souvent victimes d’accidents. Mais une autre partie de l’explication se cache peut-être dans les gènes, selon des chercheurs de Harvard. On soupçonne la biologie du corps féminin d’avoir un effet protecteur, contre les crises cardiaques notamment.

Nées sous une bonne étoile

Même avant leur naissance, les bébés filles la couenne dure. Le taux de survie des fillettes prématurées est 1,7 fois plus élevé que celui des garçons (Pediatrics, 2006).

Généreuses, les fesses

Avec l’âge, les femmes ont tendance à accumuler des graisses dans les hanches, les fesses et les cuisses… Et c’est une bonne nouvelle! Selon des chercheurs de l’université d’Oxford, ce type de gras (en quantité raisonnable) contribuerait à prémunir le corps contre les maladies cardiovasculaires et le diabète.

Gloire aux hormones!

Calmer nos hormones? Jamais! Les oestrogènes sont de précieuses alliées dans la lutte contre les maladies cardiovasculaires. Elles limitent la formation de mauvais cholestérol et facilitent la circulation du sang dans les artères.

Des défenses en or

Pas étonnant que les femmes n’attrapent jamais de «grippe d’homme». Des chercheurs de l’Imperial College School of Medicine de Londres ont découvert que les femmes, peu importe leur âge, ont dans leur sang une plus forte concentration de lymphocytes T (des cellules-clés du système immunitaire) que les hommes. Un beau cadeau de la nature!

Au 7e ciel

Selon certaines études, jusqu’à 42% des femmes arriveraient à avoir des orgasmes multiples. C’est peu, mais c’est quand même mieux que les hommes qui, dans 100 % des cas, doivent patienter avant d’avoir une nouvelle érection.

Au bonheur des règles

«Vous haïssez vos menstruations? Vous avez tort!» dit Elissa Stein, coauteure de Flow, The Cultural Story of Menstruation. «Avec mon livre, je voulais balayer les mythes et les tabous autour des menstruations. En l’écrivant, j’ai réalisé pour la première fois – à 47 ans! – que, durant mes règles, je deviens incroyablement énergique et créative. En fait, les femmes ont énormément de chance. Pendant leur cycle menstruel, leur corps connaît des changements qui leur permettent de vivre les choses avec une sensibilité différente. Durant l’ovulation par exemple, la sécrétion des oestrogènes avive l’odorat et le toucher. Certaines femmes disent qu’elles ont plus confiance en elles à ce moment du mois. Plutôt que d’essayer de supprimer ces fluctuations naturelles, on devrait s’en réjouir. Accepter notre corps tel qu’il est, c’est une source de pouvoir extraordinaire.»

DOMINIQUE FORGET

 

 

À DÉCOUVRIR: Le corps de la femme mis à nu en photos