On ne peut échapper à ses gènes. En effet, l’hérédité est l’un des facteurs déterminants de la longévité. Mais nos habitudes de vie et notre environnement jouent également un rôle essentiel dans celle-ci. «La génétique aura un impact chez les gens qui vivent très vieux. Mais on constate de plus en plus que le style de vie a une influence immense et qu’il peut faire mentir l’hérédité. L’augmentation de l’espérance de vie depuis le début du siècle n’a rien à voir avec les gènes», souligne la Dre Sylvie Belleville, directrice de la recherche à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal.

Habiter au Canada, où les conditions sanitaires sont optimales, constitue notre meilleure chance de vivre centenaire, ajoute la neuropsychologue. À cela s’ajoute le fait de ne pas fumer, de consommer de l’alcool modérément, de faire de l’activité physique, de surveiller son alimentation et de prendre soin de sa santé psychosociale. «On l’oublie souvent, mais avoir des amis et être entouré aide à mieux se rétablir lors d’une maladie et retarde le vieillissement», explique la Dre Belleville.

La Dre Johanne Blais, médecin de famille et auteure de la série Être femme, ajoute la gestion du stress à ces facteurs qui influent sur la sénescence. Bien que les effets de celui-ci ne fassent pas consensus dans la communauté scientifique, des données confirment qu’un haut taux de stress augmente les dommages causés par les radicaux libres, ce qui accélère le vieillissement. Il peut aussi affaiblir le système immunitaire, attaquer les fonctions cognitives et accroître la vulnérabilité à certaines maladies (troubles cardiovasculaires et neurodégénératifs, diabète de type 2 et cancer).

On ne le répétera jamais assez: l’activité physique réduit le risque d’être atteint de maladies cardiovasculaires, d’ostéoporose, de cancer, de dépression et de la maladie d’Alzheimer1. Elle aide à maîtriser le diabète, le taux de cholestérol et l’hypertension ainsi qu’à améliorer l’humeur et les facultés cognitives.

Selon la Dre Belleville, il n’est jamais trop tard pour commencer à bouger. Il suffit d’adapter ses activités à son âge et à sa condition physique, en visant une amélioration constante de sa capacité cardiorespiratoire. Une marche rapide de 45 minutes trois fois par semaine suffit pour réduire le risque de maladie cardiaque, le taux de perte osseuse et le risque de fractures associé à celle-ci. L’idéal est cependant d’essayer de varier les activités pour combiner l’entraînement aérobique, la musculation et les étirements.

En améliorant ses capacités vasculaires, on aide également son cerveau. Mieux irrigué, il développe des réseaux alternatifs qui pourront prendre la relève si des maladies l’affectent, explique la Dre Belleville, qui insiste sur l’importance de garder une activité cérébrale. Lire, apprendre une nouvelle langue ou jouer au scrabble sont autant de moyens de stimuler l’attention, la concentration, la réflexion et la mémoire, ce qui retarde le vieillissement.

Et parce que rire, c’est bon pour la santé, fixez-vous comme objectif de vous esclaffer au moins une fois par jour en lisant ou en écoutant des choses amusantes!

Manger mieux et moins

Bien manger n’est pas un gage de jeunesse éternelle, mais c’est certainement une bonne habitude à prendre pour vivre en santé plus longtemps. Des résultats préliminaires de l’étude québécoise NuAge sur la nutrition et le vieillissement révèlent que les aliments dits «antioxydants» peuvent ralentir la sénescence des organes. Les chercheurs ont constaté en analysant le sang de 1 800 personnes âgées que la consommation d’aliments riches en antioxydants comme le brocoli, les choux de Bruxelles, les bleuets ou le thé vert réduisait la quantité de déchets oxydants des cellules et gardait le corps en forme plus longtemps.

Le mieux reste tout de même de consommer une grande variété d’aliments, en particulier des fruits et des légumes, selon la Dre Belleville. Le secret: une alimentation équilibrée, faible en sucre et en matières grasses, riche en fibres et en acides gras essentiels, dont les oméga-3, et comportant une consommation limitée de viande rouge et d’alcool. Le régime méditerranéen en est un bon exemple; ses effets ont été démontrés sur la prévention des maladies et la longévité.

Et comme les besoins métaboliques diminuent avec l’âge, il est important de réduire son apport calorique pour éviter la prise de poids. «À 40 ans, faire de l’embonpoint accroît les risques de plusieurs maladies. Par contre, être trop mince à 75 ans n’est pas bon signe. On a besoin de son gras en vieillissant. Alors, gardons le chocolat pour après 70 ans!» dit la Dre Belleville.

 

Vieillir en harmonie avec soi-même

Mais, le meilleur conseil que peut donner la Dre Johanne Blais reste d’apprendre à vieillir en harmonie avec soi-même. Le contraire a un effet néfaste sur la santé psychologique et peut mener à la dépression. Si on se trouve vieille à 40 ans, la vie risque d’être longue. Et surtout, on s’empêche d’apprécier le moment présent.

 

Suggestions de lecture

  • Être femme à 40 ans, Dre Johanne Blais, Chantal Lamarre, Les Intouchables, 2008, 200 pages.
  • Être femme à 50 ans, Dre Johanne Blais, Nathalie Gascon, Les Intouchables, 2007, 224 pages.
  • Être femme à 60 ans, Dre Johanne Blais, France Castel, Les Intouchables, 2007, 192 pages.

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