L’électrosmog, c’est quoi?

Un mot a été créé pour qualifier le joli paquet d’ondes qui nous entoure: l’électrosmog. Celui-ci est dû aux télés, aux ordinateurs, à certains appareils électriques, aux téléphones sans fil et aux bornes wifi de plus en plus nombreuses.

Ces ondes traversent nos corps à tout instant. Certes, leur rayonnement est non ionisant, c’est-à-dire qu’elles sont incapables de briser nos cellules, contrairement aux rayons X ou gamma. Cependant, il a été démontré qu’elles ont bel et bien un impact sur l’activité du cerveau et le sommeil. On observe que le nombre de personnes qui déclarent souffrir d’«électrohypersensibilité » (une maladie non reconnue au Québec, généralement associée à des maux de tête, des vertiges ou de l’insomnie en présence de réseaux cellulaires ou wifi) ne cesse d’augmenter. De plus en plus d’études font aussi état de problèmes de santé parmi la population vivant à proximité d’antennes relais. Simples troubles psychosomatiques, comme l’affirment de nombreux experts? C’est exactement ce que l’on disait de l’épilepsie avant de découvrir que c’était un trouble neurologique.

Quoi qu’il en soit, en France, on parle actuellement d’imposer une distance minimale de plusieurs centaines de mètres entre une antenne et une habitation. Au Canada, il n’y a pas de norme à ce sujet; par contre, il en existe une concernant la puissance des émissions, mais elle est jugée obsolète par beaucoup de gens.

 

La voix officielle

L’industrie des télécommunications se veut rassurante, tout comme Santé Canada qui affirme que «ces émissions sont sans danger pour la population, y compris les enfants». Sur son site, l’agence rappelle qu’«aucune preuve scientifique n’étaie la dangerosité du wifi» et qu’«aucune mesure de sécurité n’est nécessaire». Selon elle, il n’existe pas à ce jour de preuve convaincante d’un risque pour la santé. Pas de raison de s’en faire. Même constat pour le cellulaire, dont l’intensité des radiofréquences serait trop faible pour causer des problèmes.

Ce que disent les sceptiques

Des citoyens luttent depuis des années pour inciter les gouvernements à limiter l’exposition à ces ondes. Des scientifiques tentent aussi de tirer la sonnette d’alarme. Des mesures commencent à être prises. Par exemple, à Paris, la Bibliothèque nationale de France a coupé le wifi dans certains de ses locaux à cause de possibles effets toxiques. En octobre dernier, l’école primaire St.Vincent Euphrasia à Meaford, en Ontario, a été la première au Canada à interdire les connexions Internet sans fil pour protéger la santé des enseignants et des élèves. Des pays comme Israël, l’Espagne, la Suisse limitent l’exposition aux champs électromagnétiques dans certains lieux comme les écoles ou les garderies.

Chez nous, le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes a récemment publié des recommandations à l’intention du gouvernement fédéral. Parmi elles figurent l’abaissement du seuil d’exposition aux rayonnements électromagnétiques, l’étude de l’électrohypersensibilité et la mise en place d’un processus pour recevoir les plaintes sur les réactions négatives aux ondes afin d’y donner suite.

Le cas des portables

Depuis plus de 20 ans, les recherches sur la nocivité des ondes des téléphones cellulaires se succèdent, mais les résultats sont encore très contradictoires. Tout comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’immense majorité d’entre elles considèrent qu’il n’y a aucun danger. Ainsi, Interphone, la grande étude menée depuis 2000 dans 13 pays, dont le Canada, affirmait en 2010 qu’il n’existe pas de corrélation entre l’utilisation du portable et le cancer, sans pouvoir certifier qu’il n’y a pas de risque… Toutefois, d’autres analyses, bien moins nombreuses, signalent des liens entre les rayonnements électromagnétiques et l’apparition de tumeurs cérébrales, de troubles cardiaques ou encore de la maladie d’Alzheimer…

De même, en 2007, le rapport BioInitiative de l’Université d’Albany, à New York, a revu près de 2000 études scientifiques pour conclure que ces ondes avaient un impact sur la santé (hausse des risques de cancer, notamment de leucémie infantile) et que les degrés d’exposition étaient très supérieurs aux normes en vigueur…

En somme, rien n’est prouvé et encore moins démenti. Ce qui est sûr, c’est qu’en circulant par vague et en pénétrant notre corps, ces ondes provoquent un réchauffement de nos cellules; a priori, cela est sans conséquence à court terme, puisque la chaleur est naturellement évacuée. On sait aussi qu’elles modifient l’activité cérébrale et la structure du sommeil. Selon l’OMS, cela n’a apparemment pas d’incidences sur la santé. Mais, pour le moment, tout le monde convient qu’on ne sait absolument rien des effets à long terme. C’est bien le seul consensus: il faut poursuivre les recherches.

Des règles de prudence

Dans le doute, mieux vaut prendre quelques saines précautions. Il ne s’agit pas de recommencer à communiquer par des signaux de fumée, mais de limiter l’exposition aux champs électromagnétiques. Quelques conseils*:

  • Utiliser un «kit mains libres» à fil – et pas seulement dans la voiture.
  • Réduire au maximum l’utilisation du cellulaire par les enfants de moins de 15 ans, car leur cerveau est en pleine croissance.
  • Débrancher les téléphones sans fil et le wifi le soir.
  • Renouer avec les fils: rebrancher son câble Ethernet, son téléphone, son clavier et sa souris.
  • Téléphoner le moins longtemps possible, et seulement lorsque la réception est maximale.
  • Garder le portable aussi loin du corps que possible. Et éviter de le ranger dans une poche ou un étui situés près de la hanche, du coeur ou des parties génitales.
  • Éloigner les cellulaires du ventre d’une femme enceinte. Placer les babyphones le plus loin possible du berceau.
  • Ne pas téléphoner en se déplaçant ou à bord d’un véhicule, car les effets des ondes sont alors plus puissants.

*Ces restrictions s’appliquent autant aux cellulaires qu’aux téléphones sans fil de la maison.




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