L’Antiquité et les reines du Nil aux lèvres de sang

Utilisé en premier lieu pour les rites funèbres, le maquillage de l’Égypte antique est à l’image de cette civilisation: avant-gardiste. En effet, des études menées sur les fards retrouvés dans les tombeaux des pharaons démontrent que les Égyptiens employaient déjà des principes avancés de chimie pour créer leurs soins cosmétiques.
Par exemple, les femmes s’enduisaient les lèvres d’un produit de teinte rouge composé d’iode et de brome, un mélange toxique à moyen terme surnommé «le baiser de la mort». Cléopâtre, elle, privilégiait une recette moins dangereuse à base de coccinelles broyées, d’œufs de fourmis et d’écailles de poissons dont la combinaison permettait d’obtenir une pâte écarlate.

 

L’empire romain et ses bains… d’excréments de crocodile

À l’époque de l’empire romain, les bains publics revêtent une importance capitale, d’un point de vue aussi bien hygiénique que social. Les rituels de beauté des Romaines sont nombreux et extensifs, les coiffures à postiches élaborées et le teint blanc comme le marbre extrêmement prisé. Dans l’ouvrage Les cosmétiques, le poète et penseur Ovide écrit: «Apprenez, jeunes filles, quels sont les soins qui embellissent le visage, et les moyens à employer pour conserver votre beauté. […] Apprenez donc comment vous pourrez, au sortir du sommeil, donner de l’éclat à la blancheur de votre teint.» Il livre ensuite des recettes abracadabrantes dont les ingrédients incluent de la corne de cerf et du ciment de nid d’alcyons! Tout est permis pour afficher un teint diaphane, notamment les bains de boue et d’excréments de crocodile, qui auraient pour vertu de rendre la peau douce et soyeuse.

 

Au Moyen Âge, les femmes ont du front!

À l’époque médiévale, le canon de beauté en vogue prend les traits de la nymphe, une fille à peine pubère au ventre bombé, aux cheveux blond vénitien crêpés et au haut du visage très dégagé. Pour le reproduire, les jeunes femmes n’hésitent pas à adopter le rituel d’épilation du front, qui consiste à faire reculer au maximum la démarcation capillaire. Comment? En appliquant un mélange de sulfure d’arsenic et de chaux vive sur les parties visées. Ensuite, pour ralentir la repousse, on préconise l’utilisation d’une lotion à base de sang de chauve-souris. Une véritable recette de sorcière!

 

La Révolution et le bal des femmes fantômes

Sous le règne de Louis XVI, alors que la Révolution française s’apprête à faire tomber le couperet sur la monarchie, la beauté est censée refléter la pureté et la finesse. Le teint de porcelaine incarne alors le nec plus ultra. Pour donner l’illusion d’une peau claire et transparente, on souligne les vaisseaux sanguins du visage en les peignant de bleu. Afin de rencontrer les standards esthétiques de la reine Marie-Antoinette, on recourt à une astuce qui consiste à se couvrir la figure de céruse, un colorant à base de plomb. Malheureusement, l’application de cette poudre dévastatrice finit par ronger l’épiderme des femmes et les empoisonner peu à peu. Facteur aggravant, le bain n’est pas des plus populaires à l’époque. On préfère procéder à un «nettoyage à sec» à coups de linges parfumés.

 

Les romantiques et la «belle malade» aux allures de zombie

Au début du XIXe siècle, les romantiques cherchent à se dissocier des philosophes des lumières. La beauté traverse une grande crise d’adolescence, une réaction viscérale de rejet du modèle esthétique bourgeois, personnifié par la nourricière dodue à la peau laiteuse, qui représente l’épouse et la mère vertueuse. La jeune femme romantique de l’époque du «mal du siècle» se transforme alors en «belle malade» affichant un visage cireux et des yeux cernés. Comment? En se privant de sommeil et en buvant un mélange de vinaigre et de citron, destiné à brouiller le teint. Canon, la zombie névrosée!

 

La beauté selon le savant «fou» de Hollywood

Les années folles, qui mettent le jazz à l’honneur, permettent aux filles de dévoiler leurs jambes. C’est une époque d’émancipation où il n’est pas rare de voir une femme sortir toute la nuit danser le charleston, fumer et boire! L’art cinématographique se développe très rapidement, et les vedettes de films dictent les nouveaux canons. À Hollywood, Max Factor révolutionne les techniques de maquillage au cinéma et invente, en 1932, le Beauty calibrator, une sorte de cagoule en métal qui semble plus destinée à la torture qu’au grimage. Le principe? On enfile ce «masque» de beauté sur la tête, et il identifie les parties du visage à farder pour obtenir un résultat parfait.

 

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