Comment décririez-vous votre plus récente création, Gabrielle Essence?
Essentiellement florale, féminine et voluptueuse.
Pourquoi avoir décidé de créer une sorte de suite au parfum Gabrielle original, créé il y a deux ans?
Je crois qu’aujourd’hui, il est important, en tant que maison de parfums, s’inscrire dans l’actualité en racontant une nouvelle histoire, de façon à briser le côté statique d’une fragrance. J’ai la chance énorme d’être intégré dans une maison comme Chanel et de pouvoir écrire des histoires que je revisite, mais qui ne sont jamais les mêmes.
Qu’est-ce qui vous inspire pour la création d’un nouvel effluve?
Je pense que l’inspiration est un état d’esprit. Autrement, les piliers de Chanel, comme le fameux No 5, est une grande inspiration pour moi.
Quelles sont les matières premières importantes qui composent la nouvelle fragrance Gabrielle Essence, de Chanel?
Tandis que le parfum Gabrielle était très frais, solaire et lumineux, Gabrielle Essence est plus floral et voluptueux. J’ai retravaillé la combinaison de notes originale pour mettre la tubéreuse encore plus de l’avant. Ici, elle s’associe à un jasmin plus exotique, plus «confituré», comme un fruit qui aurait cuit au soleil, à de l’ylang-ylang frais et vert et à de la fleur d’oranger (aussi appelé néroli de Tunisie), une note très agréable à sentir. Le résultat est plus fruité, plus doux, plus crémeux, plus profond, plus enveloppant que pour Gabrielle. On joue ici sur une intensité dosée.
Qu’est-ce qui vous plaît autant dans la tubéreuse?
On la fait – de la plantation à l’extraction – nous-mêmes, de A à Z, ici, à Grasse. C’est ce qui me plaît le plus dans mon métier, travailler sur des notes ainsi, et c’est aussi ce qui rend la combinaison de notes de Gabrielle Essence si unique.
Créez-vous une fragrance en pensant à un type de femme précis?
Je pense à une personnalité plutôt qu’à un âge. J’aime quand les gens portent des fragrances par contraste. Par exemple, je vois, ou plutôt je sens, parfois des jeunes femmes qui portent un parfum d’un certain âge, et je trouve ça vraiment charmant.
Comment décririez-vous la signature des parfums Chanel?
Ils sont tous très différents et c’est ce qui est intéressant. La fleur y occupe une place très importante, ça, c’est certain. Sinon, la fragrances Chanel sont très riches, très complexes. Gabrielle voulait les construire comme elle construisait une robe : un élément de style très complexe et insaisissable, avec une part de mystère.
Sent-on une grande pression quand on crée des parfums originaux pour une maison mythique comme Chanel?
Au contraire, ça m’inspire plus que ça me pèse! J’ai la chance de travailler pour une griffe qui a un héritage très impressionnant.
Qu’aimez-vous le plus de l’histoire des parfums Chanel?
Gabrielle Chanel a été pionnière de plus d’une façon dans l’univers de la parfumerie. Ce que j’admire le plus chez elle, c’est qu’à son époque, les maisons de couture et les maisons de parfums étaient deux entités complètement différentes. Par exemple, quand le grand couturier français Paul Poiret a décidé de créer des parfums, il a nommé sa collection Les Parfums de Rosine, en hommage à sa fille, séparant distinctement sa maison de couture et ses créations parfumées. Gabrielle Chanel, pour sa part, a été la première couturière à avoir fabriqué son premier effluve et à l’avoir griffé Chanel, comme sa maison de couture.
Gabrielle Essence, de Chanel (129 $ les 50 ml d’eau de parfum; chanel.com)