Rien ne destinait Gregoris Pyrpylis à prendre un jour la tête de la direction de la création d’Hermès Beauté. Fils de pharmaciens, il étudiait la littérature anglaise à l’université d’Athènes en vue de devenir professeur, lorsqu’en voyant sa meilleure amie se préparer pour sortir en soirée, il lui propose de faire son maquillage. «Le résultat a été plutôt réussi, et elle m’a dit: “Tu sais quoi, Gregoris? Tu as du talent pour ça; tu devrais étudier dans ce domaine!”» Et c’est ce qu’il a fait: un premier cours de maquillage, suivi d’un autre, puis il a décroché son premier emploi dans l’industrie dans une boutique M·A·C. Depuis, il a fait des passages remarqués chez Bioderma et Shiseido, et son talent a décoré les jolis minois des célébrités Cindy Crawford, Alexa Chung et Laetitia Casta, entre autres.

Cet artiste maquilleur né en Grèce a toujours eu un penchant pour les couleurs («Depuis l’âge de quatre ans, j’ai toujours des crayons à colorier à portée de main!) et un intérêt marqué pour le pouvoir qu’elles exercent sur nous. «Je me souviens d’une fois où ma mère portait un chemisier que je détestais, car je trouvais que la couleur ne lui allait pas. J’ai pris les choses en main et je l’ai caché!, dit-il en riant. Bon, je suis allé un peu loin, mais elle a fini par me dire que j’avais raison.» Il a aussi saisi le pouvoir transformateur des pigments en observant sa mère se maquiller: «Sa routine était toute simple, mais dès qu’elle ajoutait une couleur sur ses lèvres, c’est comme si une autre facette de sa personnalité se révélait».

Rejoindre les rangs d’Hermès prend tout son sens, selon lui, car il partage la même vision de la beauté que cette maison. «Je pense qu’on ne devrait pas se maquiller pour plaire aux autres, mais pour se faire plaisir et pour célébrer ce qui nous rend uniques.» Son rôle, en tant que directeur de la création du maquillage, est de choisir les couleurs et les textures, de concevoir des collections, en plus de travailler sur les campagnes publicitaires et les classes de maître de la marque. Mais attention!

Il se fait un point d’honneur de créer chaque lancement dans une intention précise. «L’offre sur le marché est tellement vaste qu’il m’arrive, moi aussi, d’être dépassé lorsque j’entre dans une boutique. Je crois qu’une approche moderne de la beauté et du luxe consiste à simplifier les choses en se concentrant sur les éléments les plus importants pour les réaliser à la perfection. Simple ne veut pas dire ennuyant — et je pense que cette approche parle à beaucoup de femmes de nos jours. Chaque produit lancé chez Hermès, que ce soit un rouge à lèvres à 87 $ ou un sac à 50 000 $, est traité avec le même respect, la même approche.»

Même si le vaste héritage de la maison française est une source infinie d’inspiration pour Gregoris, l’artiste ne s’y limite pas. Tout l’inspire: la fameuse High Line de New York, où trône The Vessel, le reflet de la lumière sur les immeubles, les femmes qu’il croise dans la rue aux quatre coins de la planète. «J’ai tendance à susciter du désordre dans mon esprit quand la volonté de créer m’habite.  Parfois, c’est trop, et je me dis: “OK, je dois me faire une tête et choisir une voie!”» s’exclame le maquilleur, en ajoutant que l’impatience est son pire défaut lorsqu’il est en phase de création. Il arrive en poste après que les premiers chapitres beauté de la marque — les vernis à ongles Les Mains, les rouges à lèvres Rouge Hermès, les fards à joues Rose Hermès et les produits pour le teint Plein Air — ont été écrits. À quoi peut-on s’attendre pour ses prochaines collections? «Il y a une catégorie avec laquelle on n’a pas encore joué, mais c’est tout ce que je peux dire pour le moment.» En tout cas, nous, on a bien hâte de jeter un coup d’œil à la suite de l’histoire! 

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