Prendre soin de ses cheveux, c’est prendre soin de soi. « C’est une thérapie qui est moins cher et plus accessible qu’une vraie thérapie! », s’amuse Sophie Fouron, l’animatrice à la tête de Tenir Salon, une nouvelle série documentaire diffusée en ligne sur le site de TV5 unis et qui se penche avec succès sur l’importance des salons de coiffure et de barbier dans les différentes communautés culturelles de la métropole.

D’Haïti, au Cambodge, en passant par la République Dominicaine, l’Italie et même la Chine, Tenir Salon nous fait voyager dans notre petit coin de pays, une coupe de cheveux à la fois. La série nous rappelle au passage ce lien très spécial qui lie chaque coiffeur à son client. « Les coiffeurs et coiffeuses sont en quelque sorte des ambassadeurs de leur communauté. Tout le monde se confie à eux et ils gardent les secrets », révèle l’animatrice qui souligne également l’importance du contact physique et du toucher, surtout en temps de pandémie. « Ça va beaucoup plus loin que de la coquetterie ou une simple repousse disgracieuse. C’est un véritable lien de confiance. »

Sophie sait de quoi elle parle car elle en a visité, des salons de coiffure. Son métier d’animatrice télé (Port d’attache et Chacun son île, sur les ondes de TV5) l’a amenée à voyager aux quatre coins du monde. Elle a appris à découvrir chaque nouvelle ville en poussant la porte de salons locaux, tout simplement. C’est ainsi que lui est venue l’idée de la série. « C’est tellement une belle façon de découvrir l’endroit que tu visites! La rencontre avec l’autre est pour moi la chose la plus enrichissante. »

Dis-moi qui te coiffe, je te dirai qui tu es

Derrière chaque peigne ou paire de ciseaux, se cache un être humain et derrière celui-ci, une histoire. Chacun des six épisodes de la série nous fait découvrir des personnages vrais et touchants, leur parcours et leur clientèle.

D’abord, il y a la coiffeuse et femme d’affaires Clermathe Demesier du salon Clermathe International, une véritable sommité dans le quartier Saint-Michel à Montréal. « Mon salon est un lieu de rencontre. On change de coiffure et on échange des idées en même temps », explique celle qui joue également le rôle de mentor auprès de plusieurs jeunes. L’épisode qui lui est consacré est une immersion captivante au cœur de la communauté haïtienne qui fréquente son établissement. On y rencontre des femmes de tout âge qui jasent d’ambitions et de rêves mais également de choses qui les préoccupent comme le racisme et les préjugés. On se sent comme à la maison et on tend l’oreille. « Il n’y a rien de plus gratifiant que de voir le sourire de mes clientes et leur satisfaction au quotidien », confie Clermathe.

On apprend aussi à connaître le barbier Borey Chum, fils de réfugié cambodgien qui nous ouvre la porte de son salon-maison dans Villeray. Le fil conducteur ici est l’amour: son amour du métier et son amour pour le hip-hop et les smoothies frais. Surnommé Le Marchand de fraîcheur, Borey a le don de rassembler des gens venant de partout à travers le monde. « Plus on s’entoure de personnes différentes, plus on en apprend sur l’Autre avec un grand A mais également sur soi », observe-t-il avec justesse. « Le plus important c’est de donner le meilleur de moi-même bien sûr, mais surtout d’offrir une expérience authentique à mes clients ».

Les quatre autres épisodes de la série documentaire nous font découvrir d’autres coiffeurs et barbiers tout aussi attachants et fascinants.

Changer les mœurs

Est-ce que des émissions comme Tenir Salon peuvent contribuer à briser des tabous et humaniser davantage les différentes communautés culturelles? « Absolument », affirme l’animatrice Sophie Fouron. « On se ressemble tellement plus qu’on est différents. J’aimerais encourager les gens à découvrir ces communautés. À aller à la rencontre des gens, à faire tomber des barrières, des préjugés, biais conscients ou inconscients. À tendre la main vers l’autre, tout simplement. »

Parler de salons de coiffure, c’est également parler d’enjeux de société, selon Nancy Falaise, spécialiste des cheveux naturels et propriétaire du salon de coiffure portant son nom à Montréal. Saviez-vous que les écoles de coiffure au Québec ne donnent pas de formation sur l’entretien des cheveux naturellement crépus et frisés? Cet été, Nancy Falaise a lancé une pétition sur Change.org pour demander au ministère de l’Éducation de rendre obligatoire un programme de formation complet sur les cheveux afros et frisés dans tous les établissements d’enseignement de la coiffure au Québec.

Quand on parle de changer les mœurs…

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