Depuis deux ans, je perdais les cheveux du dessus de mon crâne», raconte Danielle, 39 ans, la mine déconfite. «J’avais tellement honte qu’il m’a fallu rassembler tout mon courage pour me décider à consulter.» Danielle n’est malheureusement pas la seule à réagir de la sorte.

Le phénomène de la calvitie, qui est répandu chez les hommes, est plus rare (et tabou) chez les femmes. Celles qui en souffrent «se sentent moins féminines, moins désirables, et leur estime personnelle en prend un coup», dit Suzanne Donofrio, vice-présidente, communications et marketing des cliniques Capilia.

À LIRE: La perte de cheveux en 10 questions

«Des stars masculines au crâne rasé, on trouve ça sexy, mais pour susciter le même type de désir tout en répondant aux canons de beauté traditionnels, les femmes doivent avoir une tignasse longue et dense. Celles dont la crinière devient clairsemée ont tendance à s’isoler et à vivre l’épreuve comme une fatalité.»

L’alopécie féminine (le terme scientifique qui désigne la perte de cheveux au féminin) touche 28% des femmes à un moment ou à un autre de leur vie. «L’hérédité compte pour beaucoup», note le Dr Yves Hébert, qui pratique la médecine esthétique dans son cabinet, à Montréal. «En effet, l’alopécie féminine persistante – contrairement à la chute de cheveux occasionnelle – est liée aux gênes.»

Ceci dit, que nous ayons ou non des parents chauves, nous ne sommes pas à l’abri de pertes capillaires épisodiques, qui peuvent survenir à la suite d’une affection physique ou psychologique, par exemple un choc émotif.

«L’anémie, la dépression, les traumatismes, la malabsorption intestinale, les troubles thyroïdiens, les régimes sévères, la chimiothérapie ou les bouleversements hormonaux (à l’adolescence, pendant la grossesse, à la ménopause) peuvent s’accompagner de pertes capillaires, explique le Dr Hébert. Mais d’ordinaire, sitôt le problème réglé et la santé recouvrée, la croissance pileuse reprend vite son rythme de croisière.»

À LIRE: Calvitie au féminin : comment camoufler une perte de cheveux?  

Perte de cheveux: la différence hommes-femmes

L’alopécie féminine est bien différente de la calvitie masculine. Premièrement, la chute des cheveux ne se produit pas dans la même zone.

Chez l’homme, ce sont la couronne et le front qui se dégarnissent, alors que chez la femme, c’est toute la masse capillaire qui diminue. Deuxièmement, la période au cours de laquelle les cheveux tombent n’est pas la même.

«Les hommes perdent leur cheveux progressivement, pendant une période pouvant s’étaler sur une quarantaine d’années. Les femmes les perdent pendant un laps de temps relativement court, concentré sur une ou deux années», constate l’experte de Capilia, Mme Donofrio.

«C’est cette courte période qui explique que la calvitie féminine est plus difficile à traiter médicalement que la calvitie masculine », reconnaît le Dr Yves Hébert.

À LIRE : Cheveux en chute libre: est-ce grave?

Ainsi, les antidotes, tels que la solution Rogaine ou les pilules Propecia, qui donnent des résultats notables chez un homme, ne conviennent pas vraiment à une femme.

«Le dosage de Rogaine, par exemple, doit être réduit de moitié quand on le prescrit à une femme, sinon elle court le risque de souffrir d’hirsutisme, c’est-à-dire d’une augmentation de la pilosité», dit le Dr Hébert.

La mue saisonnière

«Normalement, on perd de 80 à 120 cheveux par jour. Un chiffre qui peut augmenter pendant l’intersaison, mais pour lequel il n’y a pas lieu de s’alarmer», nous explique Mme Donofrio, des cliniques Capilia.

Ce phénomène est connu sous le nom de mue saisonnière et est attribuable aux variations de température qui influent sur les hormones responsables de la croissance des cheveux.

Pour redonner du tonus aux cheveux anémiés par les mues saisonnières, il existe des rituels offerts en cabine, comme le traitement intensif anti-affinement, de Kérastase (kerastase.ca), et le soin capillaire profond René Furterer (donaldproulx.com, garconscoiffeurs.com, deneuville.ca).

Le protocole de soins comprend le diagnostic, un massage capillaire et l’application de produits revigorants. Il est recommandé d’effectuer ce type de traitement deux fois par année (à l’automne et au printemps). Il faut compter de 65$ à 90$.

4 conseils antichutes

1. Avant le shampoing, masser le crâne avec un produit qui revitalise la chevelure, comme les huiles de bourrache et de germe de blé, et l’huile de rose du Chili (dans les magasins d’aliments naturels).
2. Pendant le shampoing, masser le cuir chevelu pour bien activer la circulation.
3. Sécher la chevelure, la tête en bas, pour apporter au scalp un afflux sanguin.
4. Si on doit porter un chapeau, appliquer au préalable un tonique capillaire qui réduit la sueur susceptible d’engorger les follicules pileux.

Merci à Caroline Greyl, de la marque de soins capillaires naturels Leonor Greyl.

À DÉCOUVRIR: Les meilleurs salons de coiffure du Québec

Les solutions

Pour stimuler la croissance de leurs cheveux, les femmes peuvent avoir recours à des traitements qui varient selon l’importance de la zone capillaire affectée. Les experts s’entendent cependant pour dire que rien n’est miraculeux. «Pour espérer une amélioration, il faut s’attaquer au problème dès les premiers symptômes», affirme le Dr Yves Hébert.

1. Les protocoles de soins dans les centres capillaires

  • Le bilan trichologique

La mission: Dresser le bilan de santé des cheveux. À l’aide d’une caméra grossissante, un des experts d’un centre capillaire scrute le cuir chevelu, recueille des informations sur nos habitudes de vie et notre héritage génétique. À partir du bilan qu’il a établi, il nous recommandera les soins à base de plantes qu’on pourra prodiguer à notre chevelure et à notre scalp. Au besoin, il nous réfèrera à un naturopathe.

Le bémol: Le bilan de santé des cheveux ne remédie pas à la chute capillaire à lui seul. Il sert plutôt à évaluer la situation et à déterminer les affections propres aux cheveux, de manière à prescrire ensuite le traitement qui convient.

Coût moyen: À partir de 35$ la séance.

Les bonnes adresses: À Montréal, le salon Les Garçons Coiffeurs et le salon Donald Proulx; à Bois-des- Filion, le Centre Santé du cheveu; les centres capillaires Capilia.

 À DÉCOUVRIR: Cure jeunesse pour les cheveux

  • La biostimulation au laser de faible intensité

La mission: Stimuler la circulation sanguine à l’aide d’un laser afin de nourrir les bulbes pileux et d’encourager les cheveux à se fortifier, voire à se multiplier.

Le bémol: C’est davantage une solution préventive que corrective: le laser permet surtout de stabiliser et de ralentir la perte de cheveux. Certaines personnes réagissent bien au traitement, d’autres pas du tout. Les premiers résultats apparaissent au bout de quatre à six mois. À noter que le protocole dure un an et comprend un nombre de visites qui varie selon l’étendue du problème.

Coût moyen: À partir de 3200$ pour un an, comprenant une brosse pour le traitement à domicile.

Les bonnes adresses: La clinique de médecine esthétique du Dr Yves Hébert, à Montréal; les cliniques Dermapure; les centres capillaires Capilia.

 

PROCHAINE STATION: Naomi Watts parle de l’importance des cheveux

2. Les shampoings, les sérums et les lotions en vente libre

Leur mission: Nettoyer et traiter les cheveux sans les dessécher ni malmener le cuir chevelu. Ces produits regorgent d’ingrédients actifs stimulants (de la biotine, les vitamines du groupe B (B1, B2, B3, B5, B6), le zinc, le gingko biloba et l’huile de pépins de raisin) qui donnent du corps à la chevelure et la font paraître plus volumineuse.

Le bémol: Il faut suivre assidûment les traitements et y consacrer un certain budget. À noter: ces soins ne font pas repousser les cheveux, mais ils en freinent la chute et leur donnent du volume. Ils sont particulièrement efficaces sur les cheveux fins.

 LA SUITE: Soins d’experts pour cheveux malmenés

 3. Les compléments alimentaires

Leur mission: Nourrir les cheveux et stimuler leur croissance de façon saine et tonique. De tels compléments misent généralement sur des ingrédients réputés pour leurs vertus énergisantes (zinc, vitamines A, B5, C et E, biotine, bourrache).

Le bémol: Hormis la biotine – qui est reconnue par la communauté médicale comme une vitamine aidant à renforcer les cheveux et les ongles -, les bienfaits des minéraux et de vitamines associés dans les compléments alimentaires ne sont ressortis que dans très peu d’études scientifiques à grande échelle.

À LIRE: Efficace la nutricosmétique?

4. Les solutions sérieuses

  • La microgreffe folliculaire dans un cabinet médical

La mission: Prélever une bande de peau sur le crâne afin d’y recueillir les unités folliculaires qui seront ensuite greffées sur les zones dégarnies de façon permanente. L’intervention dure de 4 à 6 heures et se fait sous anesthésie locale.

Le bémol: En dépit des avancées technologiques et de la grande minutie dont les médecins font preuve aujourd’hui, le résultat d’ensemble manque de naturel. L’opération laisse aussi une cicatrice derrière le crâne. À noter que celle-ci n’est cependant plus visible une fois que les nouveaux cheveux ont poussé et qu’ils la recouvrent. On doit s’assurer du degré d’expertise de la clinique et du médecin qu’on veut consulter.

Coût moyen: De 3000$ à 5000$ l’intervention (d’ordinaire, deux greffes sont nécessaires)

À VOIR: Sourcils dégarnis? Pourquoi pas une greffe de sourcils?

  • Les prothèses capillaires

La mission: Camoufler la calvitie grâce à des prothèses réalisées à partir de cheveux humains ou synthétiques. Il est conseillé de rafraîchir l’allure de sa prothèse tous les trois mois (ajout de pièces capillaires au besoin, coupe et remise en forme).

Les dernières percées techniques: Au lieu d’avoir recours à des clips et à des autocollants, qui sont parfois chambranlants, on utilise maintenant des adhésifs hypoallergéniques pour retenir la prothèse capillaire sur le crâne. Ces prothèses tiennent en place de quatre à six semaines sans qu’on ressente d’inconfort.

Coût moyen: De 2000$ à 4000$ par année.

 

À DÉCOUVRIR: La beauté à 50 ans: les produits ciblés pour nourrir et unifier