Bonnes filles aiment mauvais garçons
Il y a une chose que je n’ai jamais comprise à propos de vous, les filles: pourquoi aimez-vous autant les mauvais garçons? Je ne sais pas si un homme vous l’a déjà dit, mais, parfois, quand on vous regarde aller, on a l’impression que la meilleure façon de vous séduire est d’agir comme la pire des racailles.

Plus on a l’air bête, plus on vous plaît.

Combien de femmes se retrouvent avec des hommes sans-coeur qui les traitent comme des traînées?

Et qu’est-ce qu’elles font, ces gentilles filles, lorsque leur amoureux tatoué les insulte une fois de trop? Elles vont pleurer sur l’épaule de leur meilleur ami (généralement, un bon gars hétéro qui se meurt d’amour pour elles, mais avec qui elles ne coucheraient jamais parce qu’elles le trouvent trop gentil…).

C’est quoi, l’affaire? Vous aimez ça quand c’est compliqué? Freud avait raison quand il disait que les femmes sont fondamentalement masochistes?

Il y a un terme pour décrire l’amour des scélérats, des brutes, des voyous: la «scélérophilie». Il paraît que ce trouble est très répandu chez la gent féminine. Cette fascination pour le mal peut parfois prendre des proportions inquiétantes et friser la psychose.

Des femmes discrètes qui s’entichent d’assassins, des âmes romantiques qui écrivent des lettres d’amour enflammées à des condamnés à mort.

Tous les tueurs en série reçoivent des demandes en mariage en prison.

Vous me direz que chaque torchon, même le plus crasseux et le plus dégueulasse, finit par trouver sa guenille. Reste que ce phénomène étrange est quand même hallucinant.

Il y a quelques semaines, en effectuant une recherche pour un texte sur la religion, je suis tombé sur un site chrétien qui posait justement la question: «Pourquoi les filles sortent-elles avec des mauvais garçons?» L’auteur, un spécialiste des relations entre croyants (qui a écrit un guide intitulé, tenez-vous bien, Comment mettre en pratique l’amour du Christ dans les relations amoureuses), affirme que les filles rêvent toujours de pouvoir changer leur partenaire.

Photo: Jocelyn Michel

 

«C’est dû à leur instinct de mère nourricière, écrit-il. Les filles considèrent les mauvais garçons comme un projet, un défi… En outre, les mauvais garçons sont souvent plus entreprenants que les bons garçons, et toutes les femmes, même les plus indépendantes, aiment qu’on les poursuive…»

Serait-ce la raison de cette obsession singulière, amies lectrices? Cet apôtre de l’amour biblique aurait-il vu juste? Les femmes rêveraient-elles toutes d’adopter un chien errant afin de le transformer en toutou de salon?

Dans les années 1960, Johnny Hallyday a connu le succès avec un tube intitulé Les mauvais garçons: «Les mauvais garçons / S’ils donnent des coups / Ne sont pas méchants / Je vous l’avoue / C’est qu’ils en ont reçu de partout / Et beaucoup…»

C’est peut-être Johnny qui a raison. Les filles aiment les brutes, car elles croient que derrière chaque loup se cache une brebis meurtrie. Elles sont convaincues que plus un gars est dur, plus il est tendre.

«Je me demande si je ne suis pas un mec trop gentil, ai-je lu sur un forum de discussion français l’autre jour. Je suis un mec sympa, j’invite des filles à dîner, au ciné. Je les ramène chez elles, et elles me disent “Bonne nuit!” “À bientôt!” “On s’appelle…” Bref, je rentre toujours tout seul. Faut-il que je devienne un salaud?»

– Oui, a répondu un internaute. Moi, j’ai appris à me comporter comme un macho, et ça marche à tous les coups…»

Moi, c’est clair. Si, par malheur, je redeviens célibataire, je me fais tatouer une tête de diable sur l’épaule.

Article publié originalement dans le numéro de janvier 2009 de ELLE QUÉBEC.