«Il y a quelques années à peine, il n’y avait que du sable ici!» s’exclame mon guide, Jamal Elatmani. Nous sommes dans le mini-Manhattan de Doha, un quartier hérissé de tours futuristes devenues le symbole de la transformation radicale de la capitale.

Du sable, il y en avait partout sur cette péninsule jadis surnommée «la terre oubliée d’Allah». Et sous ce sable, du pétrole et du gaz naturel, qui font la richesse de ce petit État du golfe Persique. Premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié, le Qatar est si riche qu’en 2011 le salaire de ses fonctionnaires a été augmenté de 60% du jour au lendemain!

«Tout bouge effectivement très vite», confirme Béatrice Truyffaut, cofondatrice du site Vivre au Qatar. «D’une part, parce que l’émir veut accroître la visibilité de l’État sur la scène internationale et faire de Doha le centre culturel de la région; d’autre part, parce qu’il a les moyens de ses ambitions.»

Première ville arabe qui accueillera la Coupe du monde de football en 2022, Doha se prépare à bien recevoir ses visiteurs. Son nouvel aéroport international, Hamad, dont le coût s’élève à 15 milliards $ US, ouvre de façon progressive cette année. En forme de rose des sables, le nouveau MUSÉE NATIONAL DU QATAR, dessiné par Jean Nouvel, remplacera l’ancien dès décembre 2014. Fin 2015, l’ouverture d’un hôtel Missoni enrichira l’offre déjà très grande d’hébergement haut de gamme. Quant au pharaonique projet résidentiel et touristique The Pearl, érigé sur une île artificielle sur le modèle de The Palm à Dubaï (désastre écologique en moins, m’a-ton assuré!), sa construction va bon train. Mais contrairement à Dubaï et à Abou Dabi, Doha est plus élégante que clinquante. Et comme elle n’en est qu’au début de sa renaissance, il y règne un dynamisme rafraîchissant qui justifie à lui seul une escale de quelques jours.

Photo: Aux portes de Doha, on peut pratiquer le «safari des dunes» en véhicule tout-terrain.

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Un saut au souk

Par où commencer une virée en ville? Par LA CORNICHE, une majestueuse promenade longeant le golfe Persique. C’est aussi le point de départ des croisières à bord des boutres (dhows en arabe), les voiliers traditionnels des pêcheurs de perles d’autrefois. À l’extrémité sud de la Corniche, sur un îlot, se dresse le spectaculaire MUSÉE D’ART ISLAMIQUE, oeuvre de l’architecte Ieoh Ming Pei, qui a conçu la Place Ville-Marie et la pyramide du Louvre. On y trouve, entre autres, des manuscrits ornés d’enluminures, des tapis précieux et des bijoux anciens sertis de pierres précieuses qui feraient l’envie de Tiffany!

Datant du 18e siècle mais tombé en ruines depuis longtemps, le SOUK WAQIF a par bonheur été reconstruit il y a une dizaine d’années. On y déambule sans fin pour acheter des épices, de l’encens, des tapis et même des faucons! J’ai admiré de magnifiques spécimens dans une boutique où le fauconnier les dressait pour la chasse dans le désert.

Le souk compte également de nombreux cafés, où on fume le narguilé, et plusieurs endroits où casser la croûte. Ma bonne adresse: Al Tawash, un resto typiquement qatarien, où j’ai dégusté un savoureux poisson local, le hamour.

Photo: Un commerçant du souk Waqif.

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Le repaire des people

La KATARA VALLEY OF CULTURES, inaugurée en 2010, s’étire au bord de la mer, le long d’une plage publique superbement aménagée. Le complexe, doté d’un délirant amphithéâtre de style arabe et romain, a du panache et une aura de prestige depuis que Robert De Niro est venu y inaugurer une section du Tribeca Film Festival il y a quatre ans. Les restos branchés et les lounges à l’ambiance «boudoir des mille et une nuits» s’y côtoient.

Vous avez envie d’une douceur? Mordez dans un moelleux cupcake au Red Velvet (Building 24), un coquet salon de thé que fréquentent des Qatariennes vêtues de la traditionnelle abaya et chaussées de… Louboutin!

À une trentaine de kilomètres au sud de la ville, il y a le désert, où on pratique un «safari des dunes» fort populaire (gulf-adventures.com). Moi, monter à bord d’une jeep à côté d’un chauffard pour dévaler des collines de sable? Vous voulez rire! J’y suis allée quand même, n’écoutant que mon sens du devoir, et vous savez quoi? C’était exaltant! Explorer l’immensité grège qui borde la côte sauvage du golfe Persique et rouler sur un océan de dunes avant de découvrir l’immense baie Khor Al Adaid fait partie de «l’expérience Doha». Après tout, la ville elle-même ne fonce-t-elle pas à plein gaz vers demain?

Photo: L’amphithéâtre du complexe culturel Katara.

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Carnet de bord de Doha

S’ENVOLER Au départ de Montréal, Qatar Airways (qatarairways.com), la «meilleure compagnie aérienne du monde» en 2011 et 2012 selon Skytrax, dessert Doha trois fois par semaine. Fait rare, QA autorise ses passagers transitant par la capitale à y faire escale. Le visa de touriste (55$ US) s’obtient à l’aéroport.

QUAND PARTIR L’été, c’est la canicule, mais d’octobre à avril, période pendant laquelle ont lieu les courses de chameaux dans le désert, le temps est plus clément, et la température, autour de 25oC.

S’HABILLER Nul besoin de se couvrir de la tête aux pieds ni de porter le voile. Le pays, qui héberge les studios de la chaîne Al Jazeera, est un des plus progressistes de la région. Par contre, vous ne pourrez siroter de cosmo que dans les grands hôtels, seuls endroits où l’alcool est toléré.

DORMIR à l’hôtel Four Seasons (fourseasons.com) à cause de la proximité de la Corniche, de sa plage privée et de son spa hyper sophistiqué. Un restaurant de la célèbre enseigne Nobu ouvrira ses portes cette année sur la jetée de la marina.

S’INFORMER au qatartourism.gov.qa et au thepearlqatar.com.

Photo: Le Red Velvet, un coquet salon de thé.

 

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