1. Chut, c’est un secret!

Les amateurs d’écotourisme le savent: le Panama recèle autant de merveilles que d’autres pays d’Amérique centrale, comme le Belize et le Costa Rica. La différence? Le nombre de visiteurs. «Au Costa Rica, disons qu’il y a 15 badauds qui épient un oiseau dans un arbre; au Panama, il y a 15 oiseaux qui observent un seul touriste! » m’a lancé un Panaméen en rigolant, alors que je sillonnais le sud de ce pays l’automne dernier.

Il y a 10 ans que le Panama s’ouvre réellement au monde. «Ici, nous avons un vrai contact avec les gens et la nature, m’ont expliqué Sarah et Maïa, des Québécoises que j’ai croisées à mon hôtel, le Royal Decameron, situé sur la côte du Pacifique. Contrairement au Mexique ou à la République dominicaine, le pays a encore une âme. Et c’est exotique.»

Le mot panamá signifie «abondance ». Abondance d’arbres, de poissons, de papillons, d’orchidées, de tortues, de perroquets… la liste est longue. Environ 25 % du territoire est protégé et constitué d’une forêt tropicale. Il faut la visiter, cette forêt, tant elle est belle. (Plusieurs excursions sont offertes à partir des hôtels.) On y trouve d’étranges mammifères, dont le célèbre paresseux, cousin éloigné du koala, et une multitude de singes. Ma croisière sur le lac Gatún, en compagnie d’une ribambelle de touristes, m’a d’ailleurs conduite sur une île peuplée de singes capucins, à qui nous avons offert des bananes. Pas DU TOUT, DU TOUT correct (je l’ai dit à qui de droit), même si ça a donné lieu à des vidéos formidables de Gremlins atterrissant sur nos cuisses pour nous voler des morceaux de fruits.

 

2. Un jardin d’Éden

«Que d’eau!» me suis-je souvent dit au cours du voyage. D’abord, le Panama est coincé entre le Pacifique et la mer des Caraïbes, qui sont reliés par le fameux canal. Puis il y a tous ces lacs, ces fleuves et ces rivières qu’on peut explorer en bateau ou en pirogue. C’est sans compter les chutes splendides, comme El Chorro Macho, qui dégringole dans la forêt d’El Valle de Antón, un village situé dans le cratère d’un ancien volcan. J’y ai visité des sources thermales, où pour un maigre 2$ j’ai pu m’enduire le visage d’une boue qui m’a laissé la peau aussi douce que celle d’un ocelot.

Quant aux plages, cette contrée en offre de belles. Du côté du Pacifique, il y a notamment celles de Las Perlas, l’archipel situé au large de la ville de Panama, et celles de Santa Clara et de Playa Blanca, qui jouissent d’un très grand nombre de jours d’ensoleillement. Vous ai-je dit aussi que ce coin du globe est à l’abri des ouragans?

3. La septième merveille

Le canal de Panama serait la septième merveille du monde moderne, selon des experts en ingénierie. Imaginez, il fallait être cinglé pour creuser une tranchée de 80 km, à travers le pays, et ensuite la remplir d’eau afin que les bateaux puissent, par exemple, se rendre de New York à Tokyo sans avoir à contourner l’Amérique du Sud. Un projet de fou, qui a débuté en 1889 sous l’égide des Français, et qui s’est terminé 25 ans plus tard, en 1914, sous la domination des Américains.

Je vous fais grâce ici des problèmes que les Panaméens ont eus avec l’Oncle Sam, qui a occupé le canal pendant 85 ans, encaissant tous les droits de passage des navires (jusqu’à 300 000 $ par bateau, selon le tonnage). Allez lire sur le sujet. Je dirai simplement que les tensions entre les deux États ont pris fin le 31 décembre 1999, à minuit, lorsque l’ancien président américain Jimmy Carter a lancé ces mots magiques aux Panaméens: «C’est à vous!», à propos de cette autoroute maritime. «Les gens pleuraient et dansaient dans la rue», me raconte ma guide, Victoria, les larmes aux yeux.

Aujourd’hui, les habitants ne sont pas peu fiers de leur canal – ils sont d’ailleurs en train de l’élargir -, et ils insistent énormément pour que vous le visitiez. En taxi, en bateau, en bus, peu importe, ils feront tout pour vous y traîner. Je vous avouerai que contempler des écluses et des porte-conteneurs poussés par des barges n’est pas très enlevant. Mais allez-y, ne serait-ce que par respect pour un peuple qui a réussi à s’affranchir… même si on aimerait que tous profitent du fruit de ce labeur.

4. Des gens affables

Je n’ai jamais rencontré des gens aussi fiers et, en même temps, aussi gentils que les Panaméens. Quand je me promenais seule, que ce soit à Penonomé, dans la province de Coclé, ou dans la ville de Panama, la capitale du pays, on me saluait souvent en disant «Hi!», «Welcome!» ou en me demandant, en anglais: «Vous venez d’où?» «Depuis 100 ans, nous accueillons les équipages du monde entier», me raconte encore une fois ma chère Victoria. «Nous avons appris la gentillesse et la diplomatie.»

Je me souviendrai toujours du sourire de cette dame, à Panama, qui n’a jamais voulu que je paye pour le temps que j’ai passé à naviguer sur Internet. J’avais l’air trop aimable, paraît-il. Je n’oublierai pas non plus la bonté de la proprio du Saint Phillipe Café (Calle 4ta), dans le quartier Casco Viejo, dans la capitale, qui m’a fait entrer une heure avant l’ouverture afin que je puisse acheter une bouteille d’eau. «Je ne vous laisserai pas mourir de soif!» m’a-t-elle lancé en m’ouvrant la porte. Ils sont exquis, les Panaméens!

5. On se sent bien partout

«Nous avons visité la République dominicaine, le Mexique, le Guatemala, et jamais nous ne nous sommes sentis aussi en sécurité dans le Sud qu’ici», me mentionnait un couple de Québécois rencontré au cours d’une croisière sur le canal.

Vrai qu’à part la ville de Colón, située au nord du pays et reconnue pour sa violence, et la frontière entre le Panama et la Colombie, qui serait le royaume des narcotrafiquants et des guérilleros, ce pays est un des plus sécuritaires d’Amérique centrale. Dans les villages de la province de Coclé, je me suis sentie à l’aise partout, que ce soit à Natá (où j’ai visité l’église Santiago de Nata de Los Caballeros, bâtie en 1522) ou à Penonomé (où j’ai pu admirer d’autres vestiges de l’époque coloniale et faire du shopping). Même constat sur l’Avenida Central, à Panama, où il y a foule dans les magasins et où j’ai failli acheter un soutien-gorge à 1,25$ (made in China, bien sûr).

6. Une capitale vibrante

Imaginez un mélange entre Hong Kong, Miami et La Havane, et vous aurez une image assez juste de Panama, la métropole florissante. Aujourd’hui, dans le quartier des affaires, les banques et les hôtels pullulent, et les tours poussent aussi vite que du bambou. Dans les restos chics et les boîtes de nuit, les femmes jouent les fashionistas aux bras de leurs soupirants qui portent le fameux panama, ce chapeau ivoire orné d’un ruban noir. Quel style!

«Cette ville est le nombril du monde», me disait mon copain Lorenzo, du Radisson Decapolis, où j’ai dormi deux nuits. «Les grandes compagnies sont toutes installées ici. Donald Trump y a même érigé un édifice de 70 étages!» Étrangement, le joujou de l’homme d’affaires ressemble comme deux gouttes d’eau au fameux hôtel Burj Al Arab, à Dubaï. Signe de surenchère? «La capitale se développe trop rapidement, s’est plaint un soir à moi un chauffeur de taxi. Le peuple n’a pas assez d’argent pour acheter les condos, et la moitié des tours sont inhabitées. Regardez la nuit, il n’y a pas une seule lumière d’allumée!» Les mauvaises langues affirment que les immeubles sont construits grâce aux profits des narcotrafiquants, mais que le blanchiment d’argent était bien pire à l’époque de l’ex-dictateur Noriega, extradé en 1990.

Sur l’Avenida Balboa, la promenade qui longe la mer, on a une vue imprenable sur la jungle de gratteciels. À Casco Viejo, le vieux quartier colonial inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco, les ouvriers s’affairent à revamper les immeubles pastel et les balcons en fer forgé. Bientôt, promet-on, la capitale sera aussi séduisante que Carthagène, la perle de la Colombie. Les bidonvilles? Il y a ceux de Curundú et de Viejo Veramillo, mais les touristes se gardent bien d’y mettre les pieds…

7. Le peuple de la forêt

Ce qui distingue le plus le Panama du Costa Rica, c’est que des autochtones y habitent encore. Certaines communautés, comme celle des Emberas, ne vivent qu’à quelques heures de route de la capitale. Mais attachez-vous bien, car les chemins sont cabossés, surtout ceux qui mènent au parc national Chagres, où je me suis rendue en compagnie de ma guide et d’un chauffeur. Là, deux Emberas nous ont invités à monter dans une pirogue (à moteur quand même, on n’arrête pas le progrès) pour nous amener à Parara Puru, un village situé au bord du fleuve. «Lorsque vous arriverez, vous aurez l’impression d’être dans un documentaire du National Geographic», m’avait prévenue Victoria. C’était peu dire! Il fallait voir ma tête quand les membres de la tribu m’ont accueillie dans leurs vêtements traditionnels et que les femmes m’ont servi du poisson et du plantain frit dans une feuille de bananier. Claudio, le chef du village, semblait être soucieux de l’avenir de ses frères et soeurs. Si, à première vue, ma présence dans leur village m’apparaissait menaçante, il m’a expliqué: «S’ouvrir au tourisme est une façon pour nous de conserver nos traditions. Plus le monde entier s’intéresse à nos coutumes, plus elles ont de chance de se perpétuer et plus nous sommes assurés de survivre.» On n’en voudra pas à Claudio d’être optimiste. J’ajouterais que l’homme est aussi un joyeux rigolo. Quand je lui ai demandé où il avait rencontré sa femme, avec laquelle il est marié depuis 20 ans, il m’a répondu: «Sur Internet.»

Je serais bien demeurée quelques jours à Parara Puru, puisqu’il est possible d’y passer quelques nuitées. Mais j’ai une peur maladive des serpents. Les huttes ont beau être sur pilotis… «Voyons, m’a lancé Victoria d’un air convaincu, je n’ai vu que deux ou trois boas dans toute ma vie!» D’accord, chère amie, la prochaine fois j’apporte mon sac de couchage et je reste à jamais au paradis.

CARNET DE BORD

Le Panama est situé en Amérique centrale, entre le Costa Rica et la Colombie.

Comment Nolitours offre des forfaits (avion hôtel) au Royal Decameron Beach and Resort, à Farallón, au Radisson Decapolis, dans la ville de Panama, ainsi qu’au Gamboa Rainforest Resort, près du canal. Il est aussi possible de visiter le pays en logeant dans de petits hôtels ou des auberges.

Quand De décembre à avril, durant la saison sèche, ou en novembre, lorsque tout le pays célèbre les nombreuses fêtes nationales.

Visiter El Nispero, à El Valle de Antón, un refuge qui accueille des animaux orphelins ou blessés, dont des tapirs ayant appartenu à l’ancien dictateur Noriega. S’arrêter au centre de conservation tout à côté, où des biologistes s’affairent à sauver la très photogénique grenouille dorée, menacée.

Manger des crevettes à l’ail au Tierra y Mar, sur la rue principale à El Valle de Antón, et des empanadas aux crevettes au très chic La Vitrola (Edificio Capital Plaza, boul. Roberto Motta), à Panama. J’en rêve encore…

Ramener un panama, le chapeau emblème du pays; du café et des objets d’artisanat indigène.

Boire une Balboa (la bière populaire) au Woody’s Beach Bar & Grill, propriété d’un couple de Canadians, à Coronado, près du Royal Decameron. Assez wild!

Déguster un lait frappé à la pêche au restaurant et bar Astoria (Av. B, derrière la Plaza 5 de Mayo), un resto typique du Casco Viejo, à Panama. On peut y engouffrer un spaghetti pour 3$.

Lire le guide Ulysse Panamá, fort bien fait.

S’informer au visitpanama.com et yourpanama.com.

 

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