Hormis trois pélicans, deux mouettes et un pêcheur à la ligne, ma smala est seule au beau milieu d’un interminable ruban de plages vierges, en ce doux mardi d’avril. Pas aux Maldives, au Mozambique ou aux Fidji, mais sur la côte est floridienne, juste au nord du Centre spatial Kennedy, dans une ample zone tampon qu’on a aménagée entre le monde des humains et celui des fusées. Le nom de ce havre de paix? Canaveral National Seashore.

En tout, près de 40 km de larges plages aux sables moelleux et à la douce déclivité bordent les 23 000 hectares de ce territoire semi-aride et hautement protégé, mais dont tous peuvent jouir pour trois fois rien. Pas d’aires de piquenique, pas de douches ou de kiosques à malbouffe, pas de vendeurs de trucmuches, seuls deux sauveteurs sont postés aux extrémités.

L’impression d’isolement est bien réelle, et l’envie de jouer les nudistes est totale. Le Canaveral National Seashore, réparti sur trois îles qui s’étalent le
long de la côte, sert de refuge à de nombreuses espèces d’oiseaux (plus de 300!), de mammifères et de reptiles, dont trois variétés de tortues de mer qui y pondent leurs oeufs de mai à août. Des lamantins batifolent également
dans le lagon intérieur, tandis que des baleines franches y marquent une pause en février, au cours de leur périple vers le nord.

 

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Bouchons de plage

Porte d’entrée de la réserve, la mignonne bourgade de New Smyrna Beach n’est pas sans charme, même si c’est, avec Daytona Beach, une des rares villes étatsuniennes à laisser les voitures circuler sur certaines portions de sa plage. Au pays du char roi, nombreux sont ceux qui s’en prévalent, particulièrement les weekends, ce qui donne lieu à de rocambolesques scènes où ils roulent pare-choc contre pare-choc en bord de mer. Certains, amoureux fous de leur automobile, plantent même leur parasol entre deux voitures, d’autres installent leur chaise longue ou leur serviette de plage dans la caisse de leur pickup! Résultat: entre la déferlante des véhicules et le déferlement des vagues, difficile de faire la sieste.

voiture-plage.jpgLa bonne nouvelle, c’est que comme la majorité des résidents et des touristes de New Smyrna Beach se précipitent sur les quelque 10 kilomètres
de plage où les voitures peuvent rouler, ils boudent tout le reste du liséré côtier. Suffit dès lors de filer cinq minutes vers le sud, au-delà de la 28e Avenue, pour avoir gratuitement accès à des plages tout aussi splendides… mais sans risquer une collision frontale avec un Hummer. Et, si on poursuit son chemin cinq minutes de plus, on arrive au tranquillissime Canaveral National Seashore.

 

 De l’Écosse à l’Amérique

New Smyrna Beach, une des plus anciennes villes étatsuniennes, a été fondée en 1768 par Andrew Turnbull,un médecin écossais dont l’épouse
était originaire de Smyrne, l’actuelle Izmir, en Turquie. À l’époque, le Dr Turnbull avait fait le pari que les populations méditerranéennes qui émigreraient dans le Nouveau Monde aimeraient retrouver le même type
de climat que chez elles. Pari gagné:parmi les premiers immigrants de cette colonie, on comptait nombre d’Italiens, de Grecs, d’habitants de Minorque – une île de l’archipel espagnol des Baléares…

 

 Aujourd’hui, il ne subsiste pas grand-chose de leur passage, hormis les patronymes de leurs descendants.New Smyrna Beach, qui évoque un peu les canaux de Fort Lauderdale (le faste en moins), le flegme distinctif des Keys et la nonchalance propre à Cape Cod, dans le Massachusetts, possède le charme suranné typique des petits bleds bordant la route US 1.

 

 

 

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Au centre-ville, le joli quartier historique se laisse arpenter tout en langueur. Sur Canal Street pullulent les galeries d’art, les terrasses, les antiquaires et les façades du début des années 1900. Plus près de la plage, Flagler Avenue fleure plutôt la bohème balnéaire, avec ses boutiques de fringues, de plongée ou de surf, un ou deux cafés, des restos et quelques galeries d’art.

Entre deux baignades, on peut aussi jouer au golf, partir en croisière d’observation de la faune, pagayer dans les lagons en kayak, visiter les ruines de l’ancien moulin à canne à sucre, flâner sur les dunes qui bordent
les plages du nord, ou prendre part à un cours de soufflage de verre à la Galleria di Vetro, qui propose même un service de gardiennage. Il arrive aussi qu’on ait droit à l’éblouissant spectacle du lancement d’une fusée ou d’une navette spatiale. Car s’il reste à New Smyrna Beach beaucoup d’espace non conquis, c’est tout juste à côté que se poursuit la conquête de l’espace.

 

 

CARNET DE BORD

L’hôtel Riverview 

 VO-Riverview.jpg? À 75 minutes de voiture de l’aéroport d’Orlando.

Quand? Surtout de la fin de l’automne jusqu’à la fin du printemps.

Comment? Par de nombreux vols directs et quotidiens de Montréal, notamment avec WestJet (www.westjet.com).

Dormir principalement en condo ou en appartement, dont ceux du fort agréable Win-San (www.win-san.com), bien que sa plage soit accessible aux voitures. Sinon, plusieurs hôtels, motels, gîtes et maisons à louer jalonnent le front de mer (www.nsbfla.com/wheretostay.cfm).

Déguster le thon en croûte, au café java, et sa crème au prosciutto, du Grille at Riverview (www.thegrilleatriverview.com); les excellents fruits de mer du J.B.’s Fish Camp, petit resto sans prétention sur la côte (www.jbsfishcamp.com).

Se faire bichonner au spa de l’hôtel Riverview (www.riverviewhotel.com).

Pratiquer le surf et le surf cerf-volant (kitesurf) grâce aux rouleaux bien enflés qui se jettent sur la plage.

Admirer la vue imprenable du haut du phare de Ponce Inlet, le plus élevé de la Floride.

Visiter le Centre spatial Kennedy (www.kennedyspacecenter.com) et Walt Disney World (www.disneyworld.ca).

S’informer au New Smyrna Beach (www.nsbfla.com ou 1 800 541-9621);
au Canaveral National Seashore (www.nps.gov/cana).

 

 L’auteur était l’invité du New Smyrna Beach Visitors Bureau. 

 

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