Comme ça fait longtemps qu’on parle du déclin des ventes de disques, il est difficile de voir autre chose qu’une bonne blague derrière le titre du dernier album de DJ Champion, Best Seller. Même dans les meilleures conditions, peu d’artistes s’attendent encore à lancer des best-sellers, et l’artiste montréalais n’est certainement pas dupe. «Le titre était là dès le départ, avoue Maxime Morin, alias Champion. C’était une façon de me rappeler que je fais ça pour le plaisir et qu’il faut éviter à tout prix de se prendre trop au sérieux. J’aime l’ironie et l’humour au second degré; ce n’est pas pour rien que j’ai décidé de m’appeler Champion!»

Toujours accompagné de ses fidèles G-Strings, l’orchestre de guitares électriques qu’il dirige d’une main de maître, le DJ et réalisateur nous ramène en terrain familier avec ce nouveau disque, mais se permet aussi d’expérimenter en jouant avec la forme. L’album se présente presque comme un vinyle: sur la face A, les chansons sont plus accessibles, tandis que sur la face B, on retrouve quelques aventures sonores où pointe une bonne dose d’humour. «Il faut être ouvert à tout, explique Maxime. On ne sait jamais d’où viendra l’inspiration. La preuve: j’ai trouvé le riff de Luminous pendant que j’étais assis sur le trône!»

Blague à part, Best Seller risque de ravir les fans de la première heure, qui retrouveront par moments le même genre de frisson qu’à l’époque de No Heaven, et ceux en quête de nouveauté. Le parfait exemple du changement dans la continuité s’appelle Lou Laurence, une jeune chanteuse de blues qui se glisse dans l’univers de Champion comme un poisson dans l’eau. «C’est mon gérant qui est tombé sur une vidéo d’elle qui annonçait un concert au Divan Orange, explique Maxime. Je savais que je voulais une voix blues, et il y a tellement d’émotions dans la sienne que ç’a tout de suite cliqué.» Avec sa voix puissante et chaude, Lou Laurence s’inscrit dans la lignée des Betty Bonifassi et Marie-Christine Depestre (aussi présente sur l’album), qui sont venues ajouter de la profondeur au monde de Champion.

«Au fond, je suis un artiste blues, lance Maxime. Ce style de musique est à la base de tout ce que je fais. Quand j’avais 13 ans, mon père m’a acheté Band of Gypsies, de Jimi Hendrix, et le premier album de Black Sabbath. Tous les riffs qu’on entend sur ces deux albums, c’est du blues amplifié! C’est la musique qui m’a le plus inspiré.» Blues, peut-être, mais triste, pas du tout. Best Seller s’annonce même comme une bande sonore idéale à notre été!