Ça fait – déjà! – 10 ans que tu as sorti Aquanaute. Quand tu regardes ta carrière dans son ensemble, comment vois-tu ton évolution?

Autant des fois, je me sens comme la marraine, voire la «matante» des jeunes, autant je peux me sentir actuelle. Oui, ça fait longtemps que je suis dans ce milieu, mais j’ai encore l’impression que tout est nouveau. Tout le temps.

Ton son est très différent de ce qu’on trouve sur la scène québécoise…

C’est peut-être parce que je fais les choses moi-même. Sans vouloir me mettre sur un piédestal, je peux vous dire que j’ai moi-même été claviériste, puis que je me suis intéressée à la programmation et à l’enregistrement. C’est donc certain que ma musique n’est pas «de la chanson» au sens pur et dur du terme.

On a souvent dit de toi que tu étais une artiste avant-gardiste. Qu’est-ce que ça signifie pour toi?

Pour moi, l’avant-garde, ça ne se trouve pas dans le champ de la chanson populaire, malheureusement. Les avant-gardistes, ce sont des gens qui prennent tellement de risques qu’ils n’ont même plus une visée commerciale; leur art est exempt du désir de vendre des albums. Moi, c’est sûr que je n’ai pas envie de faire le son du jour ou de créer quelque chose de formaté, mais je ne sais pas si je suis d’avant-garde pour autant. Je laisse les critiques décider de ça! (Rires)

J’ai visionné dernièrement une entrevue que tu avais donnée en 2008 à Marie-France Bazzo, «dans le Tempo»…

Ah! Oui! Je me souviens de cette époque-là. J’étais fragile…

 
Tu te demandais ce que tu ferais plus tard, comment tu vivrais la suite de ta carrière, comment tu vieillirais… Te poses-tu encore ces questions aujourd’hui ou es-tu plus sereine?

Je suis sereine. Mais je sais aussi que c’est un métier où la jeunesse est importante. Il suffit de regarder le phénomène Lana Del Rey ou LMFAO pour comprendre que c’est l’image qui prévaut. Le reste? La musique, le contenu… Pfft. À la limite, c’est du détail. Cela dit, je ne vais pas m’empêcher d’écrire des chansons parce que je suis vieille! J’aurai toujours quelque chose à exprimer.

Une grosse effervescence a entouré la sortie de MA. Les gens avaient très hâte d’entendre ton dernier disque!

Oui, cet album possède un aspect mystérieux. Déjà, le titre intrigue! C’est un concept que j’ai découvert en lisant un article du Courrier international et qui m’a saisie. Ce mot désigne l’espèce de vide qui fait en sorte que deux choses existent. L’invisible spatio-temporel. J’ai décidé d’appeler mon disque ainsi parce que c’est un album que j’ai créé de façon contemplative, et aussi parce que MA, ça donne les initiales d’Ariane Moffatt à l’envers!

Pendant deux saisons, tu as signé la bande originale de Trauma. Un CD a d’ailleurs été tiré de ce projet. Comment as-tu trouvé l’expérience?

Humainement, c’était facile et le fun! C’était bien plus relax que de concevoir un album à soi et de devoir se demander tout le temps quel son et quel arrangement utiliser. C’était très méditatif comme exercice. J’ai beaucoup hésité avant de participer à ce projet. Je me suis longtemps posé la question: «Est-ce que j’ai vraiment envie de faire un disque de reprises?» Mais finalement, j’ai réalisé que j’avais le goût que ça fasse partie de ma discographie. C’était un beau moment musical. Fabienne Larouche a été généreuse. En somme, j’ai vécu une merveilleuse expérience!

Quelle relation entretiens-tu avec tes admirateurs?

Eh bien, j’ai les «Mo fans»! Ce sont des gens qui consacrent beaucoup d’énergie à suivre mon parcours et qui savent – avant moi, même! – ce qui se passe dans ma carrière. Je ne suis pas du genre à «twitter» toutes les deux minutes et à «poster» toutes les 30 secondes. Je fais davantage partie de la catégorie d’artistes qui font leur petite affaire; je respecte mes fans, mais je ne suis pas obsédée par tout ça. Disons que j’aime laisser ma musique parler plus que moi.

Au cours des prochains mois, Ariane Moffatt sera en spectacle au Québec, à Toronto et à Paris (arianemoffatt.com).

 

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