Moins systématiquement violent et sanglant que son thriller précédent, Mauvaise étoile, qui racontait l’histoire de deux frères orphelins, dont l’un s’enfonce dans la barbarie, la sauvagerie aveugle, sans porte de sortie. Avec Les neufs cercles, le romancier, partout célébré, rejoint en quelque sorte son premier polar traduit en français en 2008, Seul le silence, un ouvrage remarquable qui tournait autour de meurtres en série commis sur des petites filles dans un village perdu du sud des États-Unis. Il y avait là une extrême sensibilité et une grande beauté, malgré l’atrocité des crimes commis. La lumière jaillissait, au milieu de la noirceur. Comme c’est le cas avec Les neuf cercles.

L’histoire se situe encore une fois dans une petite ville du sud des États-Unis. L’action se passe dans les années 1970. Le corps d’une jeune fille est découvert au bord d’une rivière: il s’agit d’une adolescente du coin, disparue depuis 20 ans. Aucune difficulté à identifier son corps, qui a la particularité d’avoir été préservé par la boue, les algues. Et qui porte des marques de violence inouïes.

Cette découverte macabre et l’enquête qui s’ensuit auront des retombées indélébiles sur les gens du village, qui se connaissent tous et qui ont, pour plusieurs, quelque chose à cacher. Tout cela se déroule sur fond d’écart abyssal entre riches et pauvres, dans un contexte de ségrégation raciale très marqué.

Le policier chargé de l’enquête est un homme plutôt jeune, qui n’a jamais eu à élucider ce genre
de meurtre. C’est dans sa tête à lui qu’on est le plus souvent, alors qu’il fait face à ses propres démons:
il est hanté par les combats auxquels il a pris part comme soldat au Vietnam. Traversé par des souvenirs et des cauchemars atroces, par des questionnements récurrents sur la violence inhérente – ou non – au genre humain, il travaille d’arrache- pied à son enquête. Il en fait même une affaire personnelle, comme si tirer au clair l’assassinat de la jeune victime était une façon d’humaniser sa mort. Et de retrouver lui-même sa propre humanité. (Sonatine)
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À DÉCOUVRIR:
Trois questions à la journaliste Emmanuelle Walter
Lecture: Bad Girl, de Nancy Huston
Lecture: La Fête de l’insignifiance, de l’auteur Milan Kundera