J’avais plus d’une réticence. L’auteur, le sujet… J’étais méfiante, je l’avoue. Et pourtant. «Désormais, j’ai la conviction que les petits et grands deuils qui jalonnent le parcours de nos vies sont des passages obligés», indique Josélito Michaud dans la préface de Passages obligés( Libre Expression).

Parce qu’il a vécu plusieurs deuils depuis l’enfance, que la souffrance était toujours vive, l’ex-gérant d’Isabelle Boulay et vedette de la télé a eu envie de rencontrer des personnes qui avaient traversé le même genre d’épreuves que lui. Des personnalités connues.

Comment ont-elles fait pour s’en sortir? se demandait Josélito Michaud. Comment Daniel Boucher, Garou, Claude Léveillée, Jacques Michel, Jean Lapointe, Dominique Bertrand, Marie-France Bazzo, Françoise Faraldo (veuve de Gerry Boulet) et compagnie ont-ils réussi à surmonter leurs deuils respectifs?

Pas de mise en scène ni de flafla dans ce livre. Des paroles vraies, bouleversantes d’authenticité. À peine un brin de complaisance ici et là. Manque de perspective, absence de mise en contexte aussi, parfois. Mais d’abord et avant tout, le personnage médiatique a compris qu’il devait s’effacer devant ses 20 «invités» triés sur le volet. Il les a rencontrés un à un. Sauf pour le couple Bernard Landry-Chantal Renaud. Parce que, dans leur cas, le deuil est à l’origine du lien amoureux qu’ils cultivent. Quand Cupidon a frappé sans prévenir, celui qui allait plus tard devenir premier ministre du Québec avait déjà perdu sa femme, Lorraine Landry, morte du cancer. «La première fois où le mot “mort” a été prononcé, ce fut un mois et demi avant son départ, rappelle-t-il. Elle m’a dit: “Je veux mourir dans tes bras.” C’est la plus belle déclaration d’amour que j’ai entendue de ma vie.» De son côté, l’ex-interprète de Comme un garçon était en deuil de son fils unique, qui s’est suicidé par pendaison. «Ils ont trouvé mon fils à genoux, au pied d’un arbre. […] Je me suis jetée par terre et j’ai mordu la terre. Oui, j’ai mordu la terre, j’ai poussé un cri de folie.»

Chaque histoire est unique. Et humaine, tellement humaine. Jean-Marc Parent, orphelin de mère à 6 ans et de père à 14 ans, raconte: «J’ai toujours voulu faire partie d’une gang, comme tout le monde. Quand mes parents sont partis, au moins une chose était réglée: je faisais désormais partie de la gang des orphelins.» À propos du décès, le 2 août 1992, de Michel Berger, son «frère de coeur», Luc Plamondon confie: «J’ai vraiment pensé que je ne pourrais jamais créer une autre oeuvre importante. D’ailleurs, j’ai toujours regretté tout ce qu’on aurait pu faire tous les deux, puisqu’on avait fait le pacte de ne plus travailler qu’ensemble.»

À Gaston Lepage, qui a vu s’écraser sous ses yeux l’avion de ses amis Jean-Claude Lauzon et Marie-Soleil Tougas le 10 août 1997, Josélito demande: «Crois-tu à la vie après la mort?» Réponse: «Probablement. Mais est-ce que l’âme est vivante? Pas sûr. Peut-être que les humains ont une seule âme tous ensemble. Un seul esprit qu’ils se partagent entre les milliards de corps humains.» Peut-être, oui, peut-être…

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